Post Numéro: 69 de François Delpla 30 Déc 2012, 08:04
On pouvait certes arrêter Hitler à tout moment et Churchill donne très tôt la formule : le menacer d'une coalition européenne, patronnée par la SDN.
Nier cela, dire que ce n'était pas possible à une époque où la non-ingérence était sacrée etc., c'est nier les efforts théoriques et pratiques pour prévenir les guerres entrepris au lendemain de 1918. Il faudrait savoir si on les raille pour leur impuissance ou si on pratique à leur égard le négationnisme, ce n'est pas du tout la même chose.
Quand Hitler arrive au pouvoir, la SDN est saisie d'une agression, celle du Japon en Mandchourie. Elle va se discréditer une première et grave fois à l'automne, en concluant que ce n'est pas bien mais qu'elle ne peut ni ne va rien faire. Raison de plus pour agir dès février contre Hitler ! Mein Kampf contredit ligne à ligne le pacte de la SDN, dont l'Allemagne est membre : rien n'est plus simple, ni plus conforme à ses statuts, que de convoquer son MAE, Kontantin von Neurath, à Genève pour qu'il s'explique sur la contradiction. En lieu et place, on se berce de l'illusion que précisément ce Neurath, ayant siégé dans les gouvernements précédents et n'étant pas nazi, est le vrai patron de la politique extérieure et que les excités amateurs du parti nazi, tout juste bons à pourchasser les communistes, n'ont accès à aucune manette en politique extérieure ou militaire.
On laisse donc se créer un enchantement et une sorte de somnambulisme. Alors oui, bien sûr, le somnambule peut se réveiller à tout moment. Encore en faudrait-il une cause, et là encore Hitler... veille !