Tout passe, tout fout le camp. Certes...
Mais ainsi va le monde. Vous savez, avant 14-18, en France on célébrait et commémorait les évènements de Sedan, histoire de rappeler les citoyens à la Revanche. Après 14-18 le souvenir de la Grande est devenu omniprésent, comme le rappellent les monuments aux morts dans chaque commune de France, et les nécropoles du Nord et du Nord-Est. Sans oublier les mutilés, les veuves et les "vieilles filles", incapables de trouver un mari, les jeunes garçons ayant péri durant le conflit. Et dans quasiment chaque famille les souvenirs, parfois ad nauseam, des anciens combattants, mari, frère, père puis grand-père. Et ce jusque dans les années 80 environ. Puis vint la Seconde Guerre mondiale et son cortège d'horreurs, sauf que pendant ces années certains résistèrent, activement ou de façon passive... et d'autres, dont les autorités choisirent un autre camp. Le mauvais. Et avec ces choix les déchirements que l'on peut encore lire ici même.
Alors on commémora. L'appel de de Gaulle, le Débarquement, la Libération, la déportation... Et on écouta les vétérans et les témoins. Et jour après jour leur nombre est devenu de plus en plus réduit, et bientôt il n'y aura plus personne pour marcher et commémorer. (cf la chanson "Waltzing Matilda"). Et aujourd'hui que peut-on commémorer??? Bien des évènements: le premier Homme sur la Lune, la fin des guerres d'Algérie et d'Indochine, le 11 septembre, la chute du Mur de Berlin, et bientôt les attentats du 13 novembre. Ainsi va l'Histoire mes amis, un évènement chasse l'autre, et dans un siècle qui se souviendra de 14-18 ou du 11 septembre, car personne ne sait quels bouleversements vont frapper le Monde?
On peut commémorer tout un tas de faits, d'ailleurs si vous ouvrez une éphéméride historique vous remarquerez que rien que pour notre pays il y a un évènement à célébrer quasiment chaque jour. Et vous voulez qu'on les rappelle tous??? Et pour quoi faire??? Refuser de serrer la main à un Britannique ou à un Allemand? Entretenir le ressentiment voire la haine??? Pas top comme monde. C'est ainsi, une période chasse l'autre.
Pour ce qui est des jeunes, que je connais un peu eu égard à mon métier, pour eux le passé semble... lointain. Imaginez que mes Terminales sont tous nés après la chute du Mur et la fin du communisme. Quand je leur parle des démocraties populaires, c'est un peu comme si j'évoque les royaumes bantous ou les principautés des maharadjahs. Et mieux encore, les Secondes avaient un an lors du 11 septembre 2001. Alors imaginez 39-45 ou 14-18!!!
Pour ce qui concerne les deux conflits, tout dépend de la façon dont on aborde ceux-ci. Si vous leur causez du sacrifice des Poilus ou des combattants de juin 40 ou de 44, à part ce dernier cas parce qu'on aborde la liberté, vous aurez peu de succès. La guerre c'est tellement loin pour eux, qui ont vécu, eux, leurs parents et souvent leurs grands-parents, dans une Europe en paix. C'est d'ailleurs pour cela que je suis un Européen acharné... Par contre, si vous leur causez des conditions de vie et de combat, de leurs souffrances, de leurs familles, d'une Histoire plus proche d'eux, là, ça marche!!! Et si vous invitez des vétérans, ou des Résistants ou déportés, là aussi le silence se fait!!! Et les questions fusent ensuite!
Alors ne soyez pas trop pessimistes ni sévères vis à vis de notre jeunesse. Certes ils commémorent différemment, comme à Verdun, certes ils ne s'intéressent plus beaucoup à la chronologie mais plutôt aux notions, mais croyez moi ils sont prêts!!! Prêts à défendre leur patrie et ses valeurs. On s'en est rendu compte après les attentats de 2015, et après ceux de Bruxelles...
"Je ne vous apporte pas la liberté, je l'ai trouvée ici, parmi vous". Skënderbeg.