Premier extrait de mon roman. Wolfgang, le narrateur, est encore enfant. Il a, en fait, neuf ans. Et je décris ici la rencontre qui va changer sa vie...
Tout a changé lorsque Franz est arrivé.
Déjà, il dépassait tous les autres d’une tête. Il redoublait une classe, il avait donc un an de plus. Et surtout, c’était un solide gaillard. Blond, rieur, souvent décoiffé, débraillé. Il avait une façon singulière de marcher, comme si ses articulations avaient été construites selon un plan particulier, à lui spécifique ; un peu dégingandée, nonchalante. On avait l’impression que ce n’était pas sa mère qui choisissait ses habits, mais lui, comme un adulte. Des liquettes d’homme, usées, rapiécées, qui lui conféraient une étrange maturité. Il manifestait, à propos de mille et un petits détails, une indépendance, une capacité de décision, un détachement qui me le rendaient remarquable. S’il arrivait en classe et n’avait pas appris sa leçon, ni fait ses devoirs, il en subissait stoïquement les con...
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