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En souvenir d'Yvonnick

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
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En souvenir d'Yvonnick

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de LENEVETTE Roger  Nouveau message 11 Juil 2006, 23:31

C'était le 8 juillet dans un petit coin de Bretagne :

Dans " Histoire de la Milice 1918 – 1945 " de Delperrié de Bayac page 451 et 452 :

En Bretagne, sous l'influence du chef Di Constanzo, brute épaisse qui déclare, parlant des "Terrorristes" : " Nous n'en tuerons jamais assez ", la milice se met carrément à l'école du banditisme : Le pillage et l'assassinat sont la règle.
En Ille et vilaine, les miliciens de Di Constanzo participent à des opérations à Rennes, à Fougères, à Talensac, à Saint-Hilaire-des-Landes, à Broualan, à la Lopinière, à Saint-Rémy-du-Plain où huit personnes sont fusillées, à la Roche-aux-Merles en Vieux Vy sur Couesnon, à Mordelles, à Mézières, à Saint-Aubin-d'Aubigné.

" Le 8 juillet 1944, à la Roche aux Merles, des miliciens arrivés en voiture, arrêtent et torturent pendant des heures sous les yeux de plusieurs témoins, un jeune homme, Yvonnick Laurent.
Mis torse nu et couché à terre, Yvonnick Laurent est flagellé aux moyens d'une corde à nœuds que les miliciens trempent dans un seau d'eau. Le malheureux pousse des cris déchirants, mais refuse de répondre aux questions que ses tortionnaires lui posent. Les miliciens le font monter dans leur voiture et repartent. Le lendemain soir, le cadavre de Yvonnick Laurent, tué d'une rafale de mitraillette, est découvert sous des fagots dans une ancienne carrière, à quelques kilomètres de là ".


Dans le livre de Giolito "Les Nationalistes Bretons sous l'Occupation" page 196 :

Prise dans une spirale de plus en plus répressive, la Formation Perrot multiplie ses sorties. Ses membres sont directement impliqués aux côtés de l'Armée Allemande et de la Milice, ainsi à Broualan en Ille et Vilaine, et à Locminé. Un membre du Groupe d'Action décrit l'expédition de Broualan.:
" Dans l'après midi du 6 juillet 1944, nous avons tous été consignés au cantonnement. Vers 23 heures, nous l'avons quitté pour nous rendre à la caserne de la Milice à Saint-Méen. Nous avons attendu 20 minutes et nous sommes partis en direction de Broualan. L'expédition était des plus conséquentes, car outre l'autocar bondé de miliciens, une camionnette de la Formation Perrot chargée d'une trentaine d'hommes revêtus de l'uniforme SS. L'expédition contre le maquis de Broualan est dirigée par le chef de la milice Di Constanzo qui va torturer l'adjudant Lambert, et un résistant, Capitain, qui sera abattu d'une balle dans la nuque. On relèvera 8 fusillés à Saint-Rémy-du-Plain le 7 juillet 1944, et à Broualan même 3 tués dans le village et une blessée qui ne survivra pas et 2 fermes incendiées ".
Particulièrement cruelles, les opérations de l'armée allemande contre les maquis de Locminé vont commencer en juin et continuer jusqu'à la fin du mois de juillet.


Dans le texte de 170 pages "La Nuit à Rennes sous l'Occupation" on peut lire page 39 :

" La Milice de Darnand est institutionnalisée en janvier 1943 dans une Zone Sud Occupée. La Franc-Garde n'est créée qu'en janvier 1943 et n'étend ses activités en zone Nord qu'à partir de janvier 1944. Le journal "Ouest Eclair" ne signale son arrivée qu'en avril 1944 à Rennes. Joseph Darnand nommé Secrétaire Général au "Maintien de l'Ordre" le 10 janvier 1944 a autorité sur l'ensemble de Forces de Polices, Corps et Services qui assurent la Sécurité Publique et la Sécurité Intérieure de l'Etat.
L'Organisation de la Police Française de Rennes se restructure et la répression politique se renforce sous la direction de Jean Tosello-Bancal. Le dernier rapport de R.G. qui concerne juin 1944 signale que le Service est supplanté par le "D. O.C." (Service de Renseignements de la Milice).
Le "Maintien de l'Ordre" passe sous la responsabilité du milicien "Di Constanzo" qui multiplie les Mutations dans la Gendarmerie et les GMR, ainsi que les Révocations et les "Arrestations prévues" dans la Police Urbaine occasionnées par de nombreux Abandons de Postes.
La brutalité de la Milice accentue la mauvaise image qu'a la Police Française vis à vis d'une population soutenant alors majoritairement la Résistance et le Général De Gaulle. Les miliciens qui n'ont pas une formation de policier ou de gendarme, s'approprient la Nuit, la rendant encore plus dangereuse pour la population durent le couvre-feu. "

Et le 5 juillet 2006 en remerciement à tous les forums qui oeuvrent pour le "Devoir de Mémoire :

Chelles le 05 juillet 2006

Cher Roger
Permettez-moi d’utiliser, comme vous m’y autorisez votre prénom, je le ferai toutefois avec beaucoup de déférence car, certes je suis votre cadet, mais je suis « un petit jeune » de 50 ans qui a encore beaucoup à apprendre de ses aînés.
Afin de faciliter ma rédaction, désormais j’ appellerai Yvonnick Laurent : Nono. Je n’ai jamais entendu les miens l’appeler autrement. Ce n’est donc pas lui manquer de respect mais bien au contraire lui marquer toute l’affection que j’aurais pu lui prodiguer si je l’avais connu.
Sa photo était toujours présente chez ma grand mère maternelle, mon grand père était hélas mort alors que je n’avais pas deux ans.
Ma mère le suivit en 1964, je n’avais pas huit ans, deux des personnes qui auraient pu me parler de lui n’étaient plus.
Restaient ma grand mère qui n’évoquait jamais le sujet, par peur de réveiller sa souffrance je pense, et mon oncle, le frère cadet de Nono qui avait à peine une dizaine d’années lorsque son frère à été assassiné.
Seule, ma mère aurait pu parler de son frère, hélas elle l’a rejoint bien trop tôt pour me parler de lui.
Mon père connaissait une partie de son histoire, ayant commencé ses études à Rennes, il a dû les arrêter au début de 1943, afin de se soustraire au STO ; c’est d’ailleurs le 18 sept 1943 qu’il a été inscrit au mouvement vengeance de Concarneau, sa ville de résidence, sous le pseudonyme de Monte Cristo avec le matricule F4 13.02.047.
Vous qui avez combattu dans la poche de Lorient, peut être l’avez vous croisé sans le savoir puisqu’il a participé ,entre autre, au siège de Lorient secteur de la Laïta jusqu’au 26 octobre 1944 avec le bataillon FFI de Concarneau 1ere compagnie. Je conserve avec beaucoup de respect ses états de services dactylographiés ainsi que le demi billet de cinq francs qui attestait de son engagement.
Mais lui non plus ne fut pas très disert sur cette époque, ne voyant pas la nécessité de parler d’une période de sa vie qui ne pouvait être comprise que par ses pairs, et peut être aussi ne pas faire ressurgir un passé douloureux. Beaucoup des deux je pense.
Un nom interpelle ma mémoire d’enfant, c’est celui de Logeais.
Lorsque nous vivions à Rennes ; nous en sommes partis en 1966 ; mes parents rendaient fréquemment ( je vous laisse estimer la fréquence pour la mémoire de l’enfant de 7 ans que j’étais à cette époque), à une madame Logeais qui travaillait dans une boutique, qui de mémoires s’appelai « aux arts ménagers » et devait se situer sur les quais à Rennes.
Autant il n’est pas trop difficile de dévider l’écheveau de la mémoire, autant il est délicat d’y trouver une signification.
De Nono, je n’ai que quelques photos, j’ai d’ailleurs été interpellé par deux d’entre elles prises à cinq ans d’intervalle. En 1939 je vois un adolescent de plus de 16 ans avec l’espièglerie qui semblait être naturelle chez lui, en avril 1944, en compagnie de son frère et de sa sœur, il a 21 ans et c’est le visage d’un homme mûr et résolu qui a été fixé par l’objectif de mon grand père. Je pense que ce doit être la dernière photo qui a été prise en famille avant son assassinat.
Ma génération, et celle de mes enfants ne doivent jamais oublier, que ce que nous sommes, ce que nous avons, nous le devons à des gens comme Nono, comme mon Père, et comme vous qui, à un moment donné de leur existence, ont choisi sans calcul, de prendre les armes, de risquer leur vie, de la donner pour leur pays.
Si l’héritage légué peut apparaître pour certains imparfait, il ne faut pas oublier que certains ont tout sacrifié pour nous offrir cet héritage, et avons l’obligation morale, de continuer ce qui a été entrepris, de tout mettre en œuvre pour que pareilles tragédies ne se reproduisent pas.
Nono avait hérité de qualités artistiques de son père, et jouait de la clarinette, cet instrument est toujours dans le patrimoine familial, je l’ai donnée il y a quelques temps à mon frère aîné
Lorsque j’appellerai mon oncle, frère de Nono, qui vit à Rennes, j’essaierai d’obtenir le maximum de renseignements.
Lors de la cérémonie commémorative de la mémoire d’ Yvonnick, j’ai été surpris de voir combien il appartenait à la mémoire collective de cette bourgade de huit cents âmes. J’ai été très touché par la prévenance des Habitants de Vieux-Vy à mon égard, un lien s’est tissé entre eux et moi, plus particulièrement avec madame Legros Vice présidente de l’association « patrimoine » et de M et Mme Hardy qui ont animé la cérémonie commémorative ce jour là. Avec l’accord de mon oncle, dans l’avenir je pense donner à cette association tous les documents concernant Nono afin qu’une base de données soit créée ainsi son souvenir ne disparaîtra pas des mémoires de Vieux-Vy.
Une pensée émue ira vers Madame Hardy, dont le père fut le compagnon de résistance de Nono en dépit de son jeune âge, il avait 3 ans de moins.
Mon passage éclair à Vieux-Vy ; j’ai fait l’aller retour depuis la région parisienne dans la journée ; me laisse un sentiment d’inachevé, c’est pourquoi je pense y retourner à l’automne.
Cette visite, j’avais envisagé de la faire au 60ème anniversaire de la mort de Nono mais le décès encore proche de mon père m’avait contraint de différer mon voyage.
En espérant pouvoir vous rencontrer lors de ma venue.
Je vous remercie de tous les renseignements que vous avez eu l’obligeance de me donner concernant mon oncle, je ne manquerai pas de communiquer tout ce que je serai en mesure de trouver le concernant .
Merci de votre travail de mémoire vis à vis de ceux qui ne sont plus . Pour la société il est, hélas, parfois confortable d’oublier, et pour certains l’amnésie est salutaire.
En simple amitié et avec mon plus profond respect.

Gildas

Pour Info, Gildas est le neveu d'Yvonnick Laurent. Il a 51 ans maintenant et a appris dans les années 1958 à 1960 par une conversation familiale. ce qui était arrivé à son oncle
Par le Forum "Mémoires de Guerre en Ille et Vilaine" il a cherché à en savoir plus sur l'assassinat de son oncle, et cette lettre est un hommage au souvenir de son oncle, ancien FTP de Vieux Vy sur Couesnon.
Aprés avoir lu "Le Prix de La Liberté" sur ce forum, il m'était difficile de ne pas penser à Yvonnick et de ne pas y mettre cette lettre qui est un hommage au travail des Forums sur la Seconde Guerre Mondiale
En toute amitié

Roger


 

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Re: En souvenir d'Yvonnick

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 12 Juil 2006, 13:44

Bonjour,
Le site dont Roger nous parles:
Memoire de guerre d'Ille et Vilaine
Yvonnick Laurent :
Image
Le monument a sa memoire :
Image
LENEVETTE Roger a écrit:y mettre cette lettre qui est un hommage au travail des Forums sur la Seconde Guerre Mondiale

Bonjour Roger, et merci de ce poste.
Merci de ton hommage au travail de ce forum, mais sans des temoignages comme ceux que tu nous apporte, nous n'irions pas aussi loin...


 

Voir le Blog de Daniel Laurent : cliquez ici


Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 12 Juil 2006, 16:05

Re,
2 photos de Yvonnick Laurent que Roger vient de me faire parvenir.
Je ne fais la que le facteur, mais cela me fait grand plaisir.
Yvonnick et son petit frere Herve en 1939.
Herve Laurent, 70 ans environs de nos jours, habite a Rennes.
Image
Yvonnick et sa famille en avril 1944, peut avant sa mort
Image
Ces photos sont celles dont Gildas, son neveu, nous parle plus haut.

Pour eviter tout malentendu, Yvonnick Laurent n'est pas de ma famille, il y a beaucoup de Laurent en France.
Mais j'en aurais ete fier.


 

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