Post Numéro: 17 de Boulenger 28 Juil 2006, 00:33
C'est interessant mais attention aux sources! Je crains fort que ce journal soit polémique et dénué d'objectivité. J'ai trouvé néanmoins l'article instructif.
Pour en revenir au Maréchal Pétain, j'aimerai rappeller certains points.
-Tout d'abord les circonstances de sont arriver au pouvoir.
Le 12 juin , le général Weygand constatant l'impossibilité de regrouper l'armée et d'arrêter l'ennemi, conseille l'armistice au plus tôt afin d'éviter de plus grands dommages. Paris est occupé le 14 juin 1940. l'Angleterre, menacée d'invasion, refuse de nous envoyer des renforts. L'Amérique, par la voix de son Président , nous assure de " son extrême sympathie ". La France est seule devant son malheur, chaque jour qui passe rapproche l'ennemi des bords de la Méditerranée. La marée allemande menace de recouvrir tout le pays et d'envahir l'Afrique.
Le maréchal Pétain refuse de quitter le sol métropolitain : " Il est impossible, sans déserter, d'abandonner la France, le devoir du Gouvernement est, quoi qu'il arrive, de rester dans le pays, sous peine de ne plus être reconnu comme tel. Priver la France de ses défenseurs naturels dans une période de désarroi général, c'est la livrer à l'ennemi, c'est tuer l'âme de la France. Je resterai parmi le peuple français, pour partager ses peines et ses misères ".
Le 16 juin, Paul Reynaud donne sa démission et propose de confier le Gouvernement à " une haute personnalité recueillant le respect unanime de la Nation ". Il désigne le maréchal Pétain. Jeanneney et Herriot, présidents du Sénat et de la Chambre des députés, confirment ce choix. Léon Blum lui-même autorisera 2 socialistes ( Rivière et Février ), qui prendront respectivement le portefeuille des Colonies et celui du Travail, à entrer dans ce Gouvernement dont il connaît les intentions déclarées. Le maréchal Pétain succède à Paul Reynaud et forme son ministère. Le gouvernement Pétain recueille l'adhésion quasi-unanime du parlement et de la nation. Sa légalité et sa légitimité ne sont contestées par personne. Les puissances étrangères, du Vatican à l'URSS, lui délèguent des ambassadeurs.
Pétain est arrivé légalement au pouvoir. Il a 84ans! Quel homme assez fou peut avoir l'idée de se lancer dans une dictature à cet age? Il a passé sa vie au service de la France, un Héros National, et tout gaché en collaborant avec un régime certe vainqueur mais, aux valeurs antagonistes?
Face à l'exigence des Allemands, l'action du maréchal Pétain tend prioritairement à préserver l'essentiel : l'indépendance de l'Etat Français, la défense de l'empire, la protection de la flotte, le retour des prisonniers et l'allègement du coût écrasant des frais d'occupation. Le 16 juillet, dans cette optique, Pétain accepte de rencontrer Hitler à Montoire le 24 octobre 1940. La poignée de main protocolaire entre les deux chefs d'Etat sera exploitée, après la guerre, par les adversaires du régime du Maréchal qui en feront le symbole de la collaboration.
Cette entrevue cependant était, 4 mois après la défaite, la première étape du redressement de la nation qu'il convient de replacer dans le contexte international de l'époque : les Anglais et les gaullistes ont attaqué Dakar les 23 et 24 septembre 1940 et ont été repoussés, car le Maréchal est résolu à défendre l'Empire Français contre toute agression, d'où qu'elle vienne, selon les conventions de l'armistice. Hitler, rassuré sur ce point, pense pouvoir dégager des forces sur le front ouest pour les retourner vers l'est. D'autre part Franco, sur l'intervention du Maréchal, refuse à Hitler son appui pour attaquer Gibraltar et franchir le détroit pour s'emparer de nos possessions africaines. Hitler abandonne le projet. L'Empire Français est donc sauvé.
Montoire, dira le ministre allemand von Renthe-Finck, " constitue la plus grande défaite de la politique allemande vis-à-vis de la France. Nous n'y avons rien obtenu (...) si il n'y avait pas eu Montoire, il n'y aurait probablement pas eu de débarquement allié en Afrique de Nord."
Le docteur Paul Schmidt, interprète du Führer, conclut la relation de l'entrevue, dans ses Mémoires, par ces mots chargés de sens : " Je suis enclin à considérer le vainqueur de Verdun comme celui qui l'a emporté diplomatiquement dans le duel de Montoire".
Comme le chef de l'Etat le fera remarquer dans son discours à la nation, le 30 octobre, où il reconnaît que " cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes ",… " une collaboration a été envisagée entre nos deux pays… j'en ai accepté le principe. Les modalités en seront discutées ultérieurement ". En utilisant la forme passive (" une collaboration a été envisagée… "), le Maréchal prend ses distances. Ce n'est qu'une possibilité, il ne se renie pas, il attend de voir. Dans l'esprit du Maréchal, la collaboration était une série d'avenants aux clauses de l'armistice, " donnant-donnant ", de petits avantages en échange de petites concessions. Lors de l'entrevue de Montoire, Hitler qui s'était vu refusé par Franco l'accès à Gibraltar, espérait obtenir de Pétain des bases en Afrique du Nord. mais Pétain fit en sorte que la discussion s'enlisa sur le sujet. Le chef de l'Etat garde néanmoins des contacts avec les Anglais ( missions Rougier et Chevalier) , les Etats-Unis ( par l'intermédiaire de leur ambassadeur l'amiral Leahy) et l'Espagne de Franco.
Devant les exigences allemandes, anglaises ou américaines, le Gouvernement français, dans la mesure du possible, fit toujours valoir ses Droits sans concession. En témoignent l'arrestation, le jugement, la condamnation à mort et l'exécution de 42 espions à la solde des puissances de l'Axe, la riposte victorieuse de la marine française sur la flotte anglaise à Dakar, la détermination de l'amiral Robert face aux prétentions des Américains qui voulaient s'emparer de l'or de la banque de France entreposé à la Martinique.
Si de Gaulle préparait la riposte exterieur Pétain redressait la France et lui fit garder sa dignité.