Audie Murphy a écrit:L'affaire est nébuleuse mais demeure quant à moi au simple domaine de la spéculation et toutes les explications sont à envisager. Mais comment conclure de façon définitive sans plus d'éclaircissements ?
François Delpla a écrit:Audie Murphy a écrit:L'affaire est nébuleuse mais demeure quant à moi au simple domaine de la spéculation et toutes les explications sont à envisager. Mais comment conclure de façon définitive sans plus d'éclaircissements ?
Attention ! En reconnaissant que l'affaire est nébuleuse, vous penchez dangereusement de mon côté !
François Delpla a écrit:bien gentil tout ça, mais il reste à savoir comment il s'est procuré du poison, après une fouille qui l'en avait dépouillé.
D'autre part, si tout est limpide du côté des geôliers, pourquoi la dissimulation persistante des archives, le silence gouvernemental depuis un an tout juste aujourd'hui, la maltraitance du public en lui jetant en pâture le mot "faux" sans la moindre plainte ni la moindre sanction contre les faussaires ou leurs complices ?
Si on traite le problème avec une exigence scientifique et en répudiant le besoin de croire à la version du camp le plus sympathique, il en reste, des questions !
Daniel Laurent a écrit:Voila donc un Himmler investi d'une mission par son defunt Fuhrer qui se presente devant les Britanniques. Il y croit, comme toujours, il est le fidele Heinrich, comme toujours. Il sait que le fidele Hermann est lui aussi en vie et lui aussi investi de la meme mission.
Pourquoi diable se suicider ? Aucune raison, si l'on essaye un peu de se remettre a sa place (Ce qui n'est pas simple).
Goering, lui, ne s'est suicide que pour echapper au gibet, lorsqu'il etait clair que tout etait perdu. Il a, jusqu'au bout, defendu son defunt Fuhrer.
Himmler etait du meme moule. Il n'avait strictement aucune raison de se suicider a ce moment la.
Mais cela laisse une inconnue : Pourquoi avoir abbatu Himmler ? Et la, a mon humble avis d'amateur semi-eclaire d'une lanterne thailandaise, la question de Rudolf Hess arrive au grand galop.
François Delpla a écrit:C'est le 28 mai 2005 qu'est paru le livre de Martin Allen. C'est donc depuis un an que Blair observe, face à une polémique sur un point important de l'action de son prédécesseur le plus célèbre, un silence de plus en plus gênant et, on peut le dire aujourd'hui à coup sûr, gêné. Il est vrai que les historiens, à part votre serviteur, ne semblent guère lui en tenir rigueur, de même que certains passionnés d'histoire ou prétendus tels qui hantent les forums.
Comme toujours, on ne sait à qui en vouloir le plus, entre ceux qui n'ont jamais rien dit et se sont empressés de croire l'affaire entendue dès que le mot "faux" a été imprimé dans un journal conservateur au début de juillet,
et les rares qui, comme Andrew Roberts ( http://www.delpla.org/article.php3?id_article=177), ont brièvement exigé une enquête, une plainte et une ouverture d'archives, puis se sont tus devant les lenteurs de la première et l'absence des deux autres. Entre les conformistes totaux et les curieux au souffle court, nous sommes bien montés !
Quant à votre serviteur, accusé de toutes les turpitudes parce qu'il essaye de faire son boulot sans égard à quelque autre considération, il se voit notamment reprocher deux choses contradictoires : de refuser de se remettre en question, et d'avoir corrigé son appréciation première.
Comme le dossier de mon site, accessible par le lien ci-dessus, est un peu long et que je ne cesse de prôner la concision, je vais faire ici un résumé :
-au reçu du livre, début juin, je dis deux choses : que les révélations d'Allen sont convaincantes, et que la version traditionnelle tombe en poussière; je le ferais encore si j'avais à le faire :
tous nous faisons confiance aux archivistes, sinon ça tuerait le métier.
-lorsqu'il est question de faux glissés dans les archives,
début juillet, pour moi ça ne rétablit pas la crédibilité du récit traditionnel;
ses obscurités et ses contradictions demeurent, et je m'en veux toujours autant de ne pas les avoir aperçues plus tôt. Dire le contraire, c'est précisément ce que j'appelle une contamination du débat scientifique par l'esprit religieux : le bien, le mal, le vrai, le faux, ne peuvent être que d'un camp et, si on les y découvre, prouvent la sainteté ou la damnation de celui d'en face.
Donc, à partir de ce moment, je suspends mon jugement et exige toute la lumière possible.
-je n'en continue pas moins d'essayer de la faire moi-même, avec les lumignons du bord; ainsi je constate que sur les trois documents invoqués par Allen pour prouver l'assassinat, le second, le plus explicite (disant une heure ou deux après que Himmler a été "silenced") a passé victorieusement l'épreuve de l'expertise et n'est mis en doute que par référence aux deux autres.
Surtout, je vais moi-même, dès que possible, aux archives de Londres, où je constate le très faible pourcentage des documents à ce jour communiquables et l'absence parmi eux de tout compte rendu des dernières heures de Himmler par les forces anglaises d'occupation en Allemagne à leurs autorités hiérarchiques. Cependant je tombe sur un dossier très éloquent, sur la façon dont le ministère a briefé Selvester, principal geôlier de Himmler, lorsque son témoignage fut sollicité par des biographes du Reichsführer SS dans les années 60.
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=197
AVEU très humble : cette visite aux archives m'a fait beaucoup cogiter.
D'autre part, j'ai complété ma documentation par tous les moyens possibles et fini par lire un livre d'un bonhomme beaucoup moins bien considéré que Martin Allen, Hugh Thomas. Un auteur, pour le coup, parfaitement religieux, voire théâtreux : il ne jure que par les substitutions de personnes !
Le cadavre de Himmler n'est pas le sien, etc. Cependant, ce que je ne soupçonnais pas, d'où ma lecture tardive, il a enquêté très sérieusement, interrogé la totalité des survivants accessibles etc. Il en ressort que (contrairement à ce que tous disaient ou semblaient admettre dans le débat faisant suite au livre d'Allen), le lieu du décès n'était nullement une villa discrète réservée aux basses oeuvres des services secrets, mais un quartier général, soit, en ces premiers temps d'une occupation, un moulin très fréquenté, bref, le dernier endroit où commettre un meurtre qu'on voudrait maquiller en suicide.
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