François Delpla a écrit:Merci, Stéphane, au nom du débat, pour cette mise au point. J'en profite pour dire qu'à mon avis Nicolas n'est pas seul en cause, dans sa propre dérive.
Mais quelle dérive, François ? En quoi pointer les limites de votre "argumentation" constitue-t-il une dérive ?
Aucun modérateur n'aurait jamais dû le laisser s'exprimer sur un certain ton, et nous n'en serions pas là. J'en tire en tout cas, pour ma part, la leçon sur mon propre forum.
Excuse peu crédible. En matière de ton, vous avez vu bien pire. Vous avez reproduit sur votre site un certain nombre d'échanges où vous étiez injurié. Mon texte ne vous insulte pas, puisqu'il s'agit d'une démonstration. Or, vous ne le publiez pas sur votre forum... Trop gênant ?
Ben non, pour moi ce n'est pas très clair, à la date du 20/1/42. Et les échanges verbaux d'un procès de 1960-61 sont, par définition, d'un faible secours en la matière.
Exemple d'un échange verbal :
Accusé Eichmann. - Tout ce que je sais est que ces messieurs se réunirent et alors, en termes crus - ils n'employaient pas ce langage que je me devais d'utiliser dans nos comptes-rendus, mais des expressions sans ambiguïté aucune -abordèrent le sujet dans mâcher leurs mots. Le souvenir que j'ai gardé de tout cela serait confus si je ne m'étais pas rappelé de m'être dit à moi même à l'époque : regarde, regarde bien Stuckart que l'on a toujours pris pour un bureaucrate respectueux des lois, toujours pointilleux, et tatillon, quel ton maintenant il emploie. Le langage de ces messieurs n'était absolument pas conforme à celui des procès-verbaux. Je voudrais ajouter que c'est la seule chose de cette conférence dont le souvenir soit resté encore bien clair dans mon esprit.
Le président. - Qu'a-t-il dit sur le sujet ?
Accusé Eichmann. - En particulier, Monsieur le Président, j'aimerais...
Le procureur. - Non, pas en particulier - en général !
Accusé Eichmann. - La discussion traita de meurtres, d'élimination et d'annihilation.
Effectivement. C'est d'un faible secours.
Eichmann connaît certes, le jour de Wannsee, beaucoup de choses mais il a peut-être encore une idée assez vague sur le caractère systématique du massacre projeté, et surtout sur son rythme qui, je le rappelle, va s'accélérer en juin-juillet 42. Il peut très bien penser que la mort lente par le travail va être très majoritaire et ne pas être conscient encore de la proportion de ceux qui vont être d'emblée déclarés "invalides".
"peut-être",
"peut très bien penser"... Ce ne sont là que des spéculations.
Qui ne résistent pas à l'analyse. Car il est connu qu'Eichmann était aux premières loges. Il a assisté à une exécution de masse à Minsk au début de l’automne 1941. Un mois auparavant, il a requis l’exécution des Juifs de Serbie. Il a assisté au développement du futur camp d’extermination de Belzec. Bien avant Wannsee, Eichmann fait immanquablement partie des initiés.
Mais non ! Eichmann a beau assister à de telles exécutions, il n'aurait qu'une
"idée assez vague" de ce qui est projeté !
De surcroît, si le "rythme" génocidaire s'accélère à l'été 1942, il est déjà bien amorcé. Les SS exterminent les Juifs soviétiques depuis un an. Les déportations de Juifs allemands ont commencé à l'automne 1941, et ils seront exterminés dès la fin de l'hiver et au printemps. Les camions à gaz sont entrés en service en hiver. Les Juifs polonais font également l'objet de massacres généralisés dès le printemps. C'est d'ailleurs au printemps que sont construits les camps d'extermination de Belzec (1er gagage : mars), Sobibor (1er gazage : mai) et Treblinka (1er gazage : juillet). Il faudrait donc veiller à rester prudent dans vos affirmations.
Ce qui pollue la discussion (indépendamment de la volonté chez quelques-uns de tropiller <lapsus intéressant du clavier : je le laisse> une personne et tout son travail), c'est le soupçon de négationnisme ou de réhabilitation (Faurisson doit s'en frotter les mains s'il nous lit).
Effectivement, il se frotte les mains de voir un historien faire preuve d'une certaine complaisance à l'égard de Garaudy, et nier que le génocide ait été spécifiquement abordé à Wannsee.
Pour ma part je n'entreprends nullement de dédouaner Eichmann. Je vois en lui, contrairement à ses juges de Jérusalem, un artisan conscient, enthousiaste et imaginatif du massacre, et le véritable successeur de Heydrich en juin 1942. Mais il me semble que, même à lui, Hitler, Himmler et Heydrich n'ont pas tout déballé en une fois.
Vous ne dédouanez pas Eichmann. Je ne vous ai jamais accusé de ça - alors arrêtez de me prêter des propos qui ne sont pas les miens.
Simplement, j'écris que vous vous trompez sur son rôle à Wannsee, et sur l'étendue de ses connaissances. Je l'ai déjà écrit. Plusieurs fois. Mais vous n'en tenez aucun compte. Ce qui prouve votre malhonnêteté.