Quelques clichés d'époque...
L'agglomération d'Hiroshima photographiée avant le largage de Tall Boy. La densité de population y était très importante; les bâtiments administratifs et militaires étaient souvent construits en pierres, en béton armé, etc, par contre, la plupart des habitations familiales, étaient, elles, traditionnellement réalisées en bois - la fréquence des secousses sismiques qui frappent historiquement le Japon étaient très loin d'être étrangères à cette méthode de construction! -. les longues lignes "blanches", visibles sur le cliché, correspondent à des "coupures de feu" réalisées par la défense passive japonaise et destinées à limiter la propagation des incendies "inter-quartiers" dans le cadre de bombardements incendiaires "classiques"...
La configuration générale de l'explosion des bombes nucléaires larguées sur Hiroshima et Nagasaki... D'une certaine manière, la détonation des bombes A en altitude, de l'ordre de 400/500 m, avait, certes, plus ou moins, "limité" les effets, au sol, de la radio-activité, mais je ne jurerais pas que, à l'époque, l'équipe "Manhattan" maitrisait sérieusement les conséquences de ces explosions nucléaires.
Le nuage atomique, après son explosion au-dessus d'Hiroshima, celle larguée sur Nagasaki étant de "meilleur qualité"...
Vue aérienne d'Hiroshima prise par l'aviation américaine après le largage de "Tall Boy"... Les dégâts humains et matériels infligés à Nagasaki avaient été "moindres", en raison de la configuration géographique particulière de la ville, cernée de collines, qui avaient interféré sur la propagation du "vent atomique" et de la vague de chaleur intense générée par la détonation de la bombe; de mémoire ( à vérifier!), la bombe larguée sur Hiroshima avait tué, lors de sa déflagration, 120 000 "habitants", celle sur Nagasaki, 60 000... bilans qui ne tiennent pas compte des décès ultérieurs, dus à l'importance des brûlures et à l'irradiation.
Survol de Hiroshima, après l'explosion, relevant les dégâts subis jusqu'à 650 m (0,4 miles) - les premiers batiments encore "debouts", et au-delà, au sud du point de l'explosion ( X)...
Il convient de garder en tête que, même, si l'équipe "Manhattan" avait procédé, préalablement, sauf erreur, à deux tirs d'essais dans un coin paumé du désert du Nevada, dans des conditions maximales de sécurité, il n'existait pas, pour autant, un quelconque retour d'expérience opérationnel sur les effets à court et moyen terme!
Ce n'est pas pour rien que les tirs d'essais ultérieurs, effectués en 1946, après "l'expertise" des conséquences des largages Hiroshima et Nagasaki, avaient été effectués dans un atoll paumé, Bikini, aux tréfonds du Pacifique Sud! Début septembre 1945, les missions américaines expédiées sur place, Hiroshima et Nagasaki, se "baladaient" sur les sites "point Zéro", comme d'aimables "touristes", tandis que les Japonais avaient, eux-mêmes, déjà réoccupé les bâtiments survivants, tel que le siège de Compagnie d'Electricité d'Iroshima, construit à 650 m du "point zéro", qui avait résisté à l'explosion, mais dont les locaux avaient été ravagés par l'incendie...
Pour bien comprendre la situation existante et les connaissances acquises sur les effets directs et indirects d'une explosion nucléaire, il existe, par exemple, ce cliché pris tout début septembre 1945 à 300 m (1000 pieds) du "Point Zéro"
La science militaire avait, certes, inventé une arme dévastatrice, mais elle n'en connaissait pas encore sérieusement ses conséquences à court et long terme. Je ne suis pas du tout certain, non plus, que l'explosion en altitude avait, alors, été calculée pour tenter de diminuer les effets de la radio-activité au sol; je peux, certes, me tromper, mais la solution de "détonation à basse altitude" avait été retenue, parce qu'elle était la plus apte à occasionner le maximum de dégâts humains et autres . L'artillerie utilisait depuis un très long bail - début du XX
èmesiècle - le "tir à ricochet" avec fusée à retardement et les obus à fusée chronométrique, tous, sensés détoner au-dessus de la cible, afin de générer le maximum de dégâts humains parmi le personnel exposé! On va appeler un chat, un chat, mais un obus détonant, au sol, à l'impact, à une zone létale moins importante que son équivalent explosant au-dessus du sol!
La seule différence résidait, lors de tirs "classiques" (artillerie et bombardements aériens), dans la qualité de l'abri, plus ou moins fortifié. La puissance létale jusque-là inconnue de la bombe nucléaire, mais néanmoins vérifiée expérimentalement, lors de ses essais "désertiques", avait certainement "démontré" que , même, le personnel abrité dans la moindre casemate, dans un rayon de plus d'un kilomètre du point d'impact, ne pouvait y résister.
J'aurais tendance à penser que les USA avaient été contraints d'envisager, en tant que solution extrême, le nécessaire emploi de la bombe A, pour tenter de mettre fin, rapidement, au conflit avec les Japonais, sachant l'invasion de l'archipel nippone, risquait fort de devoir lui coûter très chère, ne serait-ce qu'en pertes humaines - la prise de l'ile d'Okinawa, seule, lui avait, déjà, coûté "bonbon! Cà avait, même, été du "grand n'importe quoi" des plus inquiétants, après le suicide collectif d'une partie de la population japonaise de l'Ile et l’opiniâtreté avérée et constatée des troupes japonaises.
Là, çà avait très sérieusement coincé avec le contexte général du théatre des combats européens, où les unités allemandes, en regard de leur situation, déposaient les armes. Rien de tel, côté japonais, où, plus les troupes étaient acculées, plus elles cherchaient à générer des pertes chez son adversaire, quitte en arriver jusqu'au suicide ultime, en tentant de de lui infliger le maximum de dégâts! Dans cette histoire, le sacrifice aérien des "Kamikaze" n'avait été que l'aspect le plus spectaculaire de la résistance militaire et populaire nippone. Telle que s'était parti, un débarquement traditionnel, façon "Normandie", sur les côtes japonaises avait de très grandes chances de virer au "bain de sang" monumental!
Là, d'une certaine manière, on avait atteint les "limites" de la compréhension occidentale (et américaine!) en regard des traditions historiques nippones. Même le "pinpin" de base japonais, formé à la "va-vite", était capable de se sacrifier dans une action suicide pour tenter de faire le maximum de dégâts chez l'adversaire! Cà ne correspondait en rien à la tradition militaire occidentale et, au passage, surtout, au souci permanent de l'US Army de ne pas dépasser les pertes humaines (600 000 hommes) enregistrées durant la Guerre de Sécession!
Les pertes humaines de l'Us Army, toutes "branches" confondues, enregistrées en 1942-1945, en AFN, puis sur le théatre européen, jusqu'en mai 1945, avaient été largement raisonnables, mais çà risquait fort de devoir virer vinaigre dans l'hypothèse d'un débarquement militaire en règle sur les côtes japonaises, car les prospectives de pertes les plus "optimistes" tablaient, alors, sur 1 million (tués, blessés, etc) de pertes! Dans le cadre de l'organisation démocratique américaine, avec sa structure à différentes Chambres (Sénat, etc.), c'était totalement inenvisageable!
Dès lors, il ne restait plus à l'US Army que l'emploi ultime de la "Bombe A" pour tenter de "tuer", le plus vite possible, le conflit ouvert dans le Pacifique!