Un petit article sur les Estoniens de la 20. Waffen-Grenadier-Division der SS.
La
20. Waffen-Grenadier-Division der SS est une division formée pour l'essentiel de recrues estoniennes, qui a combattu sur le front de l'Est durant la Seconde guerre mondiale.
L'invasion soviétique et la « libération » allemande
Quand les forces allemandes du
Heeresgruppe Nord traversent les Etats baltes au début de l'opération Barbarossa, à l'été 1941, elles sont souvent accueillies en libératrices.
Les trois nations de
Lituanie, de
Lettonie et d'
Estonie sont sous domination soviétique depuis à peine une année à cette date. C'est en juin 1940 que l'URSS annexe en effet ces territoires, installant des gouvernements communistes fantoches. L'essentiel de la population ne reconnaît pas cette annexion, mais en raison de la menace grandissante posée par l'Allemagne nazie, l'opposition se cantonne au niveau diplomatique. Les Soviétiques cherchent à étouffer dans l'oeuf toute manifestation d'un quelconque nationalisme, et la répression est menée de manière drastique. Près de 60 000 Estoniens (5 % de la population) sont éxécutés durant cette période, restée dans les mémoires comme la «
Terreur Rouge ». En juin 1941, juste avant le déclenchement de l'opération Barbarossa, plus de 10 000 Estoniens (surtout des membres de l'élite intellectuelle) sont déportés en Sibérie.
Après l'invasion, les Soviétiques enrôlent 50 000 Estoniens pour l'effort de guerre. Tandis que certains intégrent le
8ème Corps de Fusiliers, d'autres sont mis au travail dans des usines d'armement et des camps. Durant cette période, beaucoup de ces hommes désertent pour se réfugier dans les nombreuses forêts du secteur ou gagnent la Finlande, certains s'engageant même dans les forces armées de ce pays. Alors que les Sovétiques sont repoussés par l'avance allemande dans les pays baltes, le NKVD procéde d'urgence à l'élimination ou à la déportation de tous les nationalistes encore entre ses mains.
Lorsque les Allemands occupent l'Estonie à l'automne 1941, beaucoup d'habitants croient que la démocratie qui avait été aboli par les Soviétiques va être restauré. Peut-être naïvement, beaucoup d'Estoniens, désireux de libérer leur pays, s'engagent dans la Wehrmacht. En dépit de ces espérances, Hitler n'a aucunement l'intention de rétablir un Etat démocratique en Estonie ; bien au contraire, celle-ci, avec la Lettonie, la Lituanie et la
Biélorussie, appartient à
l'Ostland. Les
Einsatzgruppen arrivent bientôt pour se livrer à leur sinistre besogne, massacrant les Juifs, les communistes avérés ou suspectés, et tous les gens qui peuvent poser problème aux nazis. Durant l'occupation allemande, environ 8 000 Estoniens disparaissent ainsi.
La formation du Régiment Narwa
Malgrè cela, beaucoup d'Estoniens restent fermement derrière les Allemands. Pour le premier anniversaire de la prise par ces derniers de
Tallinn, la capitale, une légion estonienne est formée sous l'appellation
Estnische-SS Legion, comptant trois bataillons. L'unité est donc du ressort de la
Waffen-SS de
Heinrich Himmler, sa formation et son entraînement se déroulent à
Debrecia en Pologne. Au début de 1943, on prend la décision de transformer le premier bataillon, fort de 800 hommes, en une unité de
Panzergrenadiere. Ce dernier est donc baptisé
estnisches SS-Freiweilligen-Panzergrenadier-Bataillon Narwa. A la fin de février de la même année, le
Finnisches-Freiwilligen-Bataillon der SS, qui servait aux côtés de la
5. SS-Panzergrenadier-Division Wiking, est dissous. Le bataillon estonien est expédié en Ukraine pour remplacer les Finnois.
Affiche de recrutement pour la légion estonienne.
Le bataillon Narwa au combat -formation de la brigade estonienne
Le bataillon arrive sur le front début avril, et récupére les armes et les véhicules des Finnois. L'unité a peu de temps pour s'installer dans son secteur, et elle est rapidement jetée au feu. Durant quelques mois, les Estoniens sont engagés dans les combats contre les partisans. A la mi-juillet, le bataillon est introduit en première ligne à
Andrejewka, au sud de
Kharkov. Du 17 au 19, il subit de violentes et constantes attaques. Bien que largement surclassés en nombre, les 800 hommes de l'unité prouvent leur valeur. Pendant ces combats, les rapports affirment que le bataillon
Narwa infligea 7 000 pertes aux Soviétiques, sans compter 100 chars mis hors de combat !. Près de 40 Croix de Fer sont attribuées aux Estoniens à l'issue de ce baptême du feu, mais seuls 157 d'entre eux sont encore valides. Les six mois suivants, le bataillon Narwa reste attaché à la
Wiking. En janvier 1944, l'unité est piégée dans la poche de
Tcherkassy (Cherkassy) et prend part aux combats désespérés pour briser l'encerclement. Après sa percée, le bataillon est renvoyé à Debrecia pour être intégré à la division SS estonienne.
Pendant ce temps, le reste de la
Estnische-SS Legion est toujours en formation à Debrecia, et à cette époque elle a été élargie à la taille d'une brigade. Elle est redesignée
Estniche SS-Freiwilligen Brigade en mai 1943. En octobre, toutes les brigades de la Waffen-SS reçoivent un numéro, et la brigade devient donc la
3. Estniche SS-Freiwilligen Brigade. La formation et l'entraînement se poursuivent jusqu'à la fin de l'année 1943.
La bataille de Narva
En janvier 1944, la
20. Estniche SS-Freiwilligen-Division commençe sa formation. La majorité des troupes est issue de la
3. Estniche SS-Freiwilligen Brigade, mais on y intégra aussi les
Ost Battalions Nr. 658 («
les fils du renard », du nom du commandant de l'unité,
Alfons Rebane -en estonien renard) et
659, (qui forment à eux deux le SS-Freiwilligen-Grenadier-Regiment 47), l'Ost Bataillon 660 (constituant le III./SS-Freiwilligen-Grenadier-Regiment 46 le
287. Polizei-Füsilier Bataillon et les volontaires estoniens de l'armée finlandaise intégrés au
Jäger Regiment 200 qui ont été rappelés.
Ordre de bataille
Waffen-Grenadier Regiment der SS 45 “Estland” (estnische nr. 1)
I Batallion
1. Kompanie
2. Kompanie
3. Kompanie
4. (schwere)Kompanie
II Batallion
Battalion commanders:
5. Kompanie
6. Kompanie
7. Kompanie
8. (schwere)Kompanie
13. (IG)Kompanie
14. (TT)Kompanie
Waffen-Grenadier Regiment der SS 46 (estnische nr. 2)
I Batallion
1. Kompanie
2. Kompanie
3. Kompanie
4. (schwere)Kompanie
II Batallion
Battalion commanders:
5. Kompanie
6. Kompanie
7. Kompanie
8. (schwere)Kompanie
13. (IG)Kompanie
14. (TT)Kompanie
Waffen-Grenadier Regiment der SS 47(estnische nr. 3)
Waffen-Artillerie Regiment der SS 20
I Artillerie Abteilung
Stabbatterie
1. Batterie
2. Batterie
3. Batterie
II Artillerie Abteilung
Stabbatterie
4. Batterie
5. Batterie
6. Batterie
III Artillerie Abteilung
Stabbatterie
7. Batterie
8 .Batterie
9. Batterie
IV (schwere) Artillerie Abteilung
Stabbatterie
10.(schwere) Batterie
11.(schwere) Batterie
12.(schwere) Batterie
SS-Waffen Füsilier Batallion 20
SS-Waffen Pionere Batallion 20
Stab
1. Pionere-Kompanie
2. Pionere-Kompanie
3. Pionere-Kompanie
SS-Feldersatz Batallion 20
1. Kompanie
2. Kompanie
3. Kompanie
SS-Waffen Nachrichten Abteilung 20
SS-Ausbildungs- und Ersatz Regiment 20
http://www.axishistory.com/index.php?id=1931
Insigne de la 20. Waffen-Grenadier-Division der SS.
Le 8 février 1944, la division est attachée au
III. SS-(Germanische) Panzerkorps commandé par le
SS-Gruppenführer Félix Steiner, qui défend depuis quelques temps la tête de pont à
Narva sérieusement menacée par les Soviétiques. Elle remplace les survivants des
9. et 10. Luftwaffe-Feld-Divisionen, qui sont alors en train de lutter contre une tête de pont soviétique à
Siivertsi. Arrivés sur place le 20 février, les Estoniens sont immédiatement engagés pour éradiquer la menace que pose cette tête de pont ennemie. Après neuf jours de combats acharnés, la division repousse les Russes de l'autre côté de la rivière et restaure la ligne de front. Elle reste stationnée dans le secteur de Siivertsi, affrontant une sévère opposition. En mai, la division est retirée des lignes et reformée en tant que
20. Waffen-Grenadier-Division der SS (estnische Nr.1) et le bataillon
Narwa revenu entremps est absorbé et constitue désormais le bataillon de reconnaissance (
Aufklärungs-Abteilung).
Des éléments de l'Aufklärungs-Abteilung, anciennement bataillon Narwa, près de la ville éponyme. On note le Pak 38 de 50 mm à droite, devant lequel passe ce qui semble être une Sdkfz 222 ou 223.
A cette date, les Allemands ont lancé un vaste programme de conscription en Estonie pour toutes les branches de l'armée allemande, en violation complète des conventions internationales. Jusqu'au printemps 1944, ce sont ainsi près de 32 000 hommes qui sont recrutés de force, la
20. Waffen-Grenadier-Division der SS (estniche Nr.1) comportant ainsi 15 000 hommes.
Lorsque Steiner ordonne la retraite sur la ligne
Tannenberg, le 25 juillet, la division est déployée sur le
Kinderheim-höhe, la première ligne de défense de cette nouvelle position. Tout le mois suivant se passe en dures batailles défensives sur les
Kinderheim et Grenadier-höhen (des hauteurs). A la mi-août, les
45. Estland et 46 Regiments sont regroupés dans un
Kampfgruppe Vent et envoyés au sud pour défendre la ligne sur la rivière
Emajogi, où ont lieu de féroces combats.
Quand Hitler autorise enfin une évacuation complète de l'Estonie à la mi-septembre, tous les hommes souhaitant rester pour défendre leur patrie sont de facto démobilisés. Beaucoup choisissent cette option et combattent côte à côte les Soviétiques avec leurs compatriotes, avant de se réfugier dans les massifs boisés pour devenir «
les Frères de la forêt ». Sévèrement affaiblie par ce facteur, la division est retirée et expédiée à
Neuhammer pour y être recomplétée.
Les dernières batailles : offensives sur la Vistule et sur l'Oder
Finalement, la division revigorée compte environ 11 000 Estoniens et
2 500 Allemands. Elle remonte en ligne fin février, au beau milieu de l'offensive soviétique qui mène l'Armée Rouge de la
Vistule à l'Oder. Les forces allemandes sont contraintes de se replier derrière l'Oder et la
Neisse ; c'est à l'abri de ce dernier cours d'eau que trouve refuge la division estonienne, malmenée par de violents assauts russes. Celle-ci est ensuite encerclée avec le
XI. Armeekorps dans la zone
Oberglogau-Falkenberg-Friedberg. Le 17 mars, la division lance une attaque en force pour s'échapper, mais malgrè sa position en pointe, celle-ci échoue. Le 19 mars, une autre tentative est cette fois couronnée de succès, mais la division abandonne ses armes lourdes et tout son équipement sur place.
En avril 1945, les survivants dispersés de l'unité sont déplacés vers le sud, dans une zone près de
Goldberg. Après la dernière offensive soviétique (
16 avril), la division tente de gagner l'ouest pour se rendre aux Alliés occidentaux. Après avoir marché à travers les montagnes du
Reichenberg et de
l'Annaberg, elle est encerclée par les Soviétiques et capitule le 8 mai 1945. Les quelques Estoniens ayant réussi par chance à tomber entre les mains des Britanniques ou des Américains sont remis aux Soviétiques. Au mieux, ils pouvaient espérer un très long séjour au
Goulag...
Pourtant, quelques vétérans de la Légion estonienne servent de gardes, sous commandement américain, pendant les différentes phases du procès de Nuremberg.
La controverse
Le
procès de Nuremberg a fait de la Waffen-SS une organisation criminelle, mais en excluant explicitement les conscrits.
Le 13 mai 1950, un communiqué de
l'US High Commission in Germany (HICOG), signé par
John Mc Cloy pour le secrétaire d'Etat, clarifie la position américaine sur les «
légions baltiques » : elles ne sont pas considérées comme «
mouvements », ni comme «
volontaires », ou «
SS », considérations confirmées en septembre par
l'US Displaced Persons Commission.
En 2002, un condamnation générale pousse à la destruction d'un monument élevé en l'honneur de la division près de la ville estonienne de
Pärnu. L'inscription «
en l'honneur de tous les soldats estoniens qui moururent durant la Seconde guerre mondiale pour la libération de leur patrie et d'une Europe libre entre 1940 et 1945 » était la cause de la controverse, étant soupçonnée d'entretenir l'antisémitisme (sic).
Le centre
Simon Wiesenthal fournit au gouvernement estonien des informations sur des criminels de guerre locaux avérés, tous membres en premier lieu de la
20. Waffen-Grenadier-Division der SS. Après enquête, le gouvernement estonien conclut que ces revendications sont fausses et rejette la demande du centre de poursuivre les vétérans.
Le 22 mai 2004, le
Jerusalem Post révéle les intentions de quelques individus estoniens qui souhaitent bâtir un autre monument en mémoire de la
20. Waffen-Grenadier-Division der SS. Un tollé international s'ensuit, dû au statut criminel des non-conscrits de la Waffen-SS reconnu par le procès de Nuremberg. Le rabbin de Russie
Berl Lazar condamne cette action, affirmant que cela ne ferait que nourrir l'antisémitisme.
Le problème des Estoniens ayant servi dans la Waffen-SS est toujours sujet à débats.
Traduction de :
http://en.wikipedia.org/wiki/20th_Waffe ... t_Estonian)
Dernière édition par Kelilean le 25 Fév 2006, 20:44, édité 2 fois.