Dans l'immense désordre qui suivit l'effondrement de l'Allemagne, on vit des prisonniers russes abandonnés à leur sort se grouper par bandes et regagner leur pays à pied en se livrant, pour survivre, au pillage. À l'Ouest, les plus heureux rentrèrent rapidement par avion. D'autres, qui avaient voulu, sans attendre, brûler les étapes, se heurtèrent à l'obstacle du Rhin, que les Alliés gardaient sévèrement. Ceux qui furent libérés par l'avance russe se trouvèrent refoulés vers l'Est; il en revenait encore à la fin de l'année. Certains ne sont jamais revenus.
Sur l'évacuation du Stalag I A, en Prusse-Orientale, un ancien raconte : ‘’On nous emmena tous à Stargard, où nous arrivâmes en plein bombardement. Plus de gare, plus rien. Nous poursuivîmes notre route vers Neustettin. Avec nos camarades, nous avons déclaré aux Allemands que nous serions toujours volontaires pour marcher vers l'Ouest, mais pour rien d'autre. Un jour, mais ce ne fut que fin avril 1945, un avion allié lança des tracts sur le camp. Nous les avons ramassés en même temps que nos gardiens. Il était écrit en plusieurs langues que tout Allemand qui serait responsable de sévices envers les prisonniers serait jugé comme criminel de guerre. Les Allemands comprirent tout de suite et la surveillance devint plus indulgente.’’
C'est dans cette région que se trouvait Pol Fenat, futur rédacteur en chef de La Lanterne : ‘’Les Russes entrèrent dans notre camp le 28 avril 1945. Des unités de choc, Mongols et Tartares. Les chars russes enfoncèrent la barrière du camp. Nous avions creusé des tranchées, les ‘’assaillants’’ étaient menaçants. Mon premier cri a été ‘’de Gaulle’’ et leur premier geste a été de voler toutes les montres. Puis ils ont pillé nos colis de prisonniers, qui étaient arrivés la veille; ils les ouvraient à la mitraillette.’’
Récit de 1.-L. Libert : ‘’Ordre vient de quitter la Poméranie pour gagner la Pologne proche, où les chemins de fer se réorganisent. Trente kilomètres par jour, avec, le long de la route, les cadavres de civils et de soldats et, une fois, un cordon de têtes coupées regardant défiler l'étrange cortège. Villages abandonnés. Au passage, on récupère des Italiens; hier, ils étaient les alliés des Allemands; aujourd'hui, ils sont leurs prisonniers. Arrivée à Lodz.. Transport à Leipzig. Embarquement pour le retour dans un train qui ramène aussi des Luxembourgeois que les nazis ont déportés par familles entières. ‘’Le train, dit-on, partira si possible et arrivera quand il pourra.’’ Il se traîne par des voies secondaires jalonnées de signaux hors d'usage; parfois, on s'arrête en rase campagne, interminablement, pendant que le machiniste part aux renseignements.’’
Autre souvenir d'un rescapé : ‘’On traverse la Thuringe, intacte, avec des maisons pimpantes et les arbres chargés de fruits, et la Ruhr, où les rues ne sont plus que des chemins entre des tas de briques — mais ces rues sont pleines d'une foule fourmillante sortie on ne sait d'où_ la Hollande, la frontière, Visé, qui est, pendant ces semaines-là, une des gares d'Europe les plus fréquentées, traversée par des convois incessants. Un orchestre, sur un quai, joue la Marseillaise; on signale que dans ce train il y a des Belges; l'orchestre joue la Brabançonne’’
Le retour de Pol Fenat : ‘’Puisque le camp était ouvert, on vit rappliquer toutes sortes de gens; des civils belges échappés de leurs usines, des débris de la division Charlemagne. Et nous voilà tous repartis vers Neubrandenburg, ville qui sera rasée en deux heures. C'est là que nos vîmes brièvement le général Rokossovski. Il était assis dans une jeep américaine. Il ne fallait pas éternuer trop fort, ils auraient tiré tout de suite ! Par camions, nous avons passé l'Elbe, près de Lüneburg. Ouf, c'était la zone anglaise. Les premiers jours, on ne parla que de désinfection; on nous traitait au DDT, avec des sortes de grandes seringues. Après, ce fut la Ruhr, avec ses villes dont les maisons étaies réduites à un mètre de hauteur. Par le train, nous sommes arrivés à Turnhout. Les soldats recevaient 500 francs, les officiers 1 000. Le 28 mai, je débarquais à Bruxelles, gare du Nord.’’ Ici aussi, on jouait la Brabançonne et, en plus, sur le quai, il y avait cinq généraux!
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