dominord a écrit:Et dans la foulée, évolution de la définition de "chevaleresque" à travers les siècles....
Là-aussi, il y aurait long à narrer! ...
La chevalerie française, à la bataille de Poitiers, impatiente de ferrailler, écrasant ses propres piétons sous les sabots de ses chevaux et, dans la foulée, compromettant totalement le sort de la bataille.
L'égorgement systématique des blessés ennemis -çà peut, à la rigueur, s'expliquer, vu les compétences médicales de l'époque - mais, aussi, bien souvent, des prisonniers, sauf quand ils étaient visiblement "friqués", afin de les rançonner! Les allemands avaient même conçu une "fourche" à long manche, pour les capturer par le cou, quand ils étaient à cheval - cf. l'un des deux excellents tomes,
Le Costume, l'Armure et les Armes au temps de la Chevalerie de L. & F. Funcken... qui sont des "musts"! -.
L'esprit chevaleresque n'était qu'une "invention française", largement propagée par le "roman courtois" et les ménestrels, pour faire pâmer de plaisir les donzelles, ignorantes de la réalité des combats; c'était une tradition "médiatique" avant la lettre!
Il convient de ne pas se faire d'illusions, le bel "éphèbe" chevaleresque parfumé et galant n'était qu'un aimable mirage, l'image réaliste du vrai guerrier étant, par nécessité "professionnelle", beaucoup plus proche de celle du soudard. Du Guesclin, chez nous, était, certes, moche comme un pou, mais bénéficie, bizarrement, de cette image chevaleresque, alors que, durant ses incursions espagnoles, il n'avait pas hésité à faire cramer des juifs, regroupés intentionnellement dans des bâtiments, auxquels ses troupiers mettaient le feu (cf. , à ce sujet, les excellents romans historiques de Pierre Naudin, très sérieusement documentés).
La mémoire historique française du Sénéchal du Guesclin est avant tout fondée sur sa fidélité au pouvoir royal, alors que, durant la Guerre de Cent Ans, la mode était au "retournement de veste", en fonction de la température ambiante et du sens du vent... d'autant qu'il était breton et que, à l'époque, la Bretagne et le pouvoir royal, çà faisait, souvent deux! La France jacobine & révolutionnaire, y compris la IIIème République, est loin d'être étrangère à sa légende; çà avait été, aussi, le cas pour Jehanne d'Arc, mais toute la facette, manifestement, "cul-bénie" de cette dernière avait, alors, dans l'ambiance anticléricale républicaine, été, discrêtement, glissée sous le tapis!