Le Polikarpov I-153 est la version ultime d'une famille de biplans commencée en 1930 par l'ingénieur NikolaÏ Nikolayevitch Polikarpov et son bureau d'étude :
- L'I-5 en 1930 à moteur M-22 (Bristol Jupiter redessiné dans le système métrique)
- l'I-15 en 1933 à moteur M-25 (Wright R-1820 redessiné dito)
- l'I-15bis en 1937 à moteur M-25V puis M-62 (améliorés par Chvetsov)
- l'I-153 en 1939 à moteur M-62 ...
La méthode construction resta constante : fuselage en tubes d'acier Cr-Mo soudés et ailes en bois, l'ensemble entoilé, seul l'avant était recouvert de panneaux en dural. La nouveauté qu'apportait l'I-153 était son train rétractable vers l'arrière, avec rotation des roues d'un quart de tour ...
Bien qu'entraînant un surcroit de poids, ce dispositif augmentait la vitesse maxi d'une trentaine de km/h, qui restait malgré tout inférieure à la plupart des chasseurs monoplans contemporains. L'autre handicap était que cette disposition de train entrainait la coupure de la cloison pare-feu, et donc qu'en cas d'incendie, les flammes léchaient très rapidement les pieds du pilote ...
Malheureusement aussi, comme la plupart des avions soviétiques du début du conflit, l'équipement de transmission était le plus souvent imité à une radio émettrice/réceptrice pour les chefs d'escadrille, un simple récepteur pour les leaders de patrouille et ... la possibilité de faire des signes par le cockpit ouvert pour communiquer avec les ailiers !!!
L'appareil gardait néanmoins les qualités des précédents biplans : Il virait d'un tour complet en 13,5 secondes (soit presque la moitié d'un Bf-109E et les 2/3 d'un Bf-109F-2 spécialement allégé), accélérait bien gràce à son faible poids de 1.420kg pour 1.000CV, et grimpait à 5.000m en moins de 5 minutes 40" (soit 20" de moins qu'un Bf-109E et 30" de plus qu'in Bfr-109F-2). Sa trainée le handicapait en piqué ...
Il était armé de 4 mitrailleuses ChKAS de 7,62mm à haute cadence de tir (1.600 cps/min), que la synchronisation ralentissait à 1.200 cps/min environ (soit la cadence de tir d'un MG-17 de He-111), toutes groupées autour du moteur, ce qui facilitait la concentration et la précision des tirs. Il pouvait également emporter 2 x 100kg de bombes, ou bien 6 à 8 roquettes Katiouchas. La protection du pilote était également assurée par la surface du moteur à l'avant, et un siège doté d'un bon blindage pour l'arrière. Sa structure entoilée résistait également mieux qu'une structure monocoque à l'explosion des obus.
Avant Barbarossa, l'appareil fut engagé dans 2 conflits :
- Vendu à la Chine et lors de l'attaque de Kalkhin-Khol, l'avion surclassa les monoplans japonais à train fixe grace à la puissance de son moteur et son armement : les soviétique gardaient leur train sorti pour être confondus avec des I-15 plus lents, laissaient les chasseurs japonais s'approcher, et rentraient leur train pour les engager et les abattre !
- lors de l'attaque de la Finlande, les I-153 furent handicapés par leur sous-équipement radio et leurs doctrines d'emploi obsolètes ... Néanmoins, ils gagnèrent le respect des finlandais, qui achetèrent à l'Allemagne une petite série d'I-153 capturés en bon état et équipés d'une radio germanique !
Le réseau de guet étant souvent défectueux, s'ils étaient prévenus trop tard leur vitesse était insuffisante pour rattraper les bombardiers. Mais s'ils étaient prévenus avant, ils avaient pour eux de grimper vite et de pouvoir se placer sur une trajectoire d'interception ...
Lors d'un engagement entre chasseurs, ils étaient redoutables en combat tournoyant, mais les allemands pouvaient se désengager selon leur volonté grace à leur supériorité en vitesse horizontale et en piqué ...
Néanmoins, cette capacité en combat tournoyant leur permettait d'assurer leur propre protection lors des missions d'attaque au sol, contrairement aux Il-2 Cthourmoviks qu'il était nécessaire de protéger par des chasseurs. A tel point qu'un reprise de leur production fut envisagée durant l'hiver 1941/42 devant l'hécatombe des Il-2 !!!
Le Musée de l'Air et l'Espace du Bourget (93) a la chance de posséder un unique exemplaire d'I-153, capturé presque intact à Schaulaï dans les pays baltes, gardé par les allemands dans l'espoir d'une vente à la Finlande, puis expédié au Beutepark N°5 de Nanterre-La Folie comme exemplaire de démonstration statique, et recapturé lors de la Libération.
J'en mettrais en ligne des photos de ce dernier survivant des plus de 3.400 exemplaires construits après déjeuner