Bonne chasse!
Mais, sinon, il convient, de nos jours, de ne pas trop se prendre le chou avec les "évènements" qui ont pu, éventuellement, marquer les familles, durant la WW2 .. mais c'est tout aussi vrai à l'occasion de n'importe quel conflit, depuis la nuit des temps.
Si j'essaye de résumer, à moins de 20 balais, ta grand-mère, vraisemblablement alsacienne d'origine, avait épousé un Autrichien. On peut en déduire qu'il s'agissait d'un homme servant dans la Wehrmacht, dont l'unité était stationnée, alors, en Alsace - qui était redevenue allemande à dater de juillet 1940 et "officiellement" jusqu'en "novembre 1944", mais çà avait été un peu plus compliqué que çà. Si je continue de suivre tes bouts de narration, ta grand-mère...
a séjourné en Autriche de 1944 à 1945 dans sa belle famille à Sankt Marein Im Mürztal (au nord de Graz).
Sans aucune remarque particulière, il me paraitrait plus vraisemblable qu'elle y avait trouvé refuge, car, même en Alsace, la situation n'était pas simple à l'approche des Alliés, à l'automne 1944, pour les jeunes femmes qui avaient épousé des Allemands ou des Autrichiens.
C'est un cas, parmi beaucoup d'autres, que je connais assez bien, car la mère de ma meilleure amie (elle, née en 1947), pure alsacienne, avait, elle-même épousé, en 1942, dans une petite bourgade du Bas-Rhin, un Unteroffizier de la Luftwaffe, natif du Nord de l'Allemagne (celle qui se retrouvera en DDR), stationné à Entzheim, eu une première fille avec lui, en 1943, avant qu'il ne finisse par aller croupir dans un PoW jusqu'en 1946 et ne parvienne, enfin, à rejoindre, en Alsace, son épouse et sa première fille. Même pour lui, çà n'avait pas été de la tarte, car s'il avait très vite fait son trou, comme cadre, dans une entreprise locale, les langues de vipères du village, 30 ans plus tard, ne manquaient pas la moindre occasion de rappeler qu'il s'agissait d'un "Boche"... surtout quand il avait commencé à afficher, normalement et sans aucun excès, sa propre réussite professionnelle!
Des situations semblables ou proches ont été nombreuses, alors, dans l'ensemble de l'Alsace (Bas-Rhin & Haut-Rhin) et elles étaient souvent devenues très compliquées pour les "malheureuses égarées", à la "Libération". On retrouve, aussi, en Alsace, mais à une échelle heureusement moindre, les mêmes "connards" que les "glorieux tondeurs de femmes" de la France "de l'Intérieur". Situation très compliquée que certaines épouses avaient préféré fuir en se réfugiant dans la belle-famille allemande ou autrichienne.
Je me permets de revenir au cas de ta grand-mère. Elle avait, au mieux, 20 ans révolus, quand elle était partie se réfugier, en 1944, en Autriche. Juste un truc pour bien situer le contexte, la région autrichienne de Graz, pour une alsacienne, çà correspondrait un peu au fin fond de la Botte Italienne pour une niçoise!
En plus, dans ce coin de l'Autriche, même de nos jours, on est traditionnellement très fermé à toute incursion "étrangère", voulue ou non! A 20 balais, elle avait du en baver grave, dans sa belle-famille, en y étant, peut-être, accueillie comme une "intruse": fais appel aux souvenirs de tes propres parents directs, mais, la règle, durant les décennies 1950-1970, étaient, au sein de la cellule familiale, de glisser sous le tapis les années difficiles. En Alsace, il avait existé, à dater des années 60, une situation particulière, les mâles ne cachant plus, en petit comité, leur enrôlement contraint dans la Wehrmacht, alors que, du côté des femmes, la discrétion, elle, était de rigueur. Mon beau-père, retraitant de Vienne, s'était rendu, début mai 1945, aux Américains, à Berchtesgaden, alors que son meilleur ami, lui, avait réussi à rejoindre les Brits et avait combattu à Bir-Hakeim, mon témoin de mariage (en 1973) avait combattu, à 17 balais, durant Wacht am Rhein, un oncle de mon épouse, maire de Saint-Pierre - petit patelin proche de Barr -, avait, lui, longuement croupi à Tambov, etc. ... Bref, la complexité historique alsacienne "normale" dans toute sa splendeur!
Dès lors, qu'elle soit, brièvement, tombée dans les bras d'un français prisonnier d'un Stalag, il n'y aurait rien de bien étonnant, vu son (très) jeune âge et la situation très compliquée qu'elle vivait probablement! Quand était-elle rentrée en Alsace et quand son mari autrichien avait-il, enfin, été libéré? C'est, à mon avis, de ce côté-là, qu'il conviendrait de fouiller, sans pour autant devoir se miner la tronche à propos de la filiation réelle de son rejeton, ton père! Sans entrer dans le domaine complexe de l'annexion alsacienne, la naissance de "bâtards", issus de "liaisons adultérines & coupables", sans reconnaissance paternelle, même cachée au sein de la famille, était nombreuse à une époque où l'avortement n'était pas envisageable!