gibraltar114 a écrit:unité = régiment, brigade, division, ça fait des hommes il me semble et un bon chef les instruit.
Un chef, quelques soient ses compétences, n'instruit rien du tout... il commande!
L'instruction (de base) est fournie, au soldat incorporé, durant ladite période d'instruction; dans la Heer, en gros, jusqu'à l'automne 1944, cette période était de 12 semaines, suivie, souvent, par un cours de spécialité (lui-aussi, de base), plus, en parallèle et en complément pour certains, les écoles de formation des sous-officiers et officiers. A son arrivée en unité, la recrue, qui sortait de ces différents cours, était sensée être instruite, sauf qu'elle n'avait pas l'expérience, qu'elle devait compléter, alors, au contact essentiel et quotidien de ses Anciens et sa hiérarchie - çà avait été l'un des problèmes rencontrés par la Heer, dès 1943, en raison des pertes, qui avaient très sérieusement élagué les rangs des "Anciens et "Vétérans- .
Cà explique, aussi, pourquoi, par exemple dans l'US Army, même si les jeunes officiers subalternes d'active ou (surtout) de réserve étaient sensés assumer le commandement de leur unité, c'étaient, de fait, les sous-officiers supérieurs expérimentés, qui "géraient" l'unité, sur le terrain. Les sous-officiers étaient, eux-aussi, essentiels dans l'armée allemande, d'où les problèmes, évoqués par Roco, au post N°29.
A l'inverse, les grades de sous-officiers étaient purement honorifiques dans l'Armée Rouge, durant la WW2, et n'avaient aucune implication hiérarchique sérieuse, leurs fonctions et rôles étant confiés aux officiers subalternes ; par exemple, dans un char JS-2, mis en service début 1944, il y avait, systématiquement, deux officiers subalternes (sous-lieutenant et lieutenant) - un, comme chef de char, dans la tourelle, le second, dans la caisse!... alors que, au même moment, dans la
Heeres-Sturmartillerie, un adjudant, faisant office d'officier, pouvait avoir le commandement d'une batterie de
StuGe!
De nos jours, la méthode n'a guère changé, y compris dans l'Armée ou la Marine Française - c'était le cas de mon temps
- On apprenait les bases, y compris "techniques", en école et on se perfectionnait pour le reste, en unités, au contact (surtout!) des "copains".
Je vais citer un exemple concret, celui de ton serviteur. Après, à la louche, 10 mois de formation, Hourtin + Rochefort, je m'étais retrouvé embarqué dans une équipe d'entretien V3 - le stade ultime (250, 500, 750, heures) de l'intervention technique dans l'Aéronavale... après l'appareil retournait, d'office chez le(s) constructeurs! -... Y compris les deux patrons de l'équipe, deux officiers-mariniers -de vrais arbres de Noël, mais selon les anciennes pratiques de l'armée française, alors avare de décorations! - de plus 20 ou de 15 ans de service (WW2, Indochine, Algérie), tous mes "collègues" de travail étaient des mécano-aéro et j'étais le seul Elaer (électricien d'équipement)!
Donc, hormis faire, éventuellement, preuve de patience à mon égard, personne n'était foutu de me filer le moindre coup de main "électrique"! Heureusement, il y avait les énormes dossiers techniques "constructeurs", au secrétariat du service... sauf qu'ils étaient, pour l'essentiel, rédigés en anglais, vu notre dotation - TBM, HSS! - . Personne ne m'avait, jamais, posé de question sur mon niveau réel d'anglais - coup de bol, il était plutôt bon, ce qui était rare, à l'époque! - ni, en fait, sur mes supposées compétences techniques manuelles, car, un, je suis, définitivement, affligé de deux mains gauches, d'une maladresse crasse et, quand j'avais débarqué dans l'équipe, même si j'avais bénéficié de 6 ans de latin
, j'étais totalement infoutu de faire la différence entre une clé de 8 et un tournevis plat -une très sérieuse lacune de la formation "technique" (très théorique!) rochefortaise -, sans parler de la pince à fretter -
Euh, çà sert à quoi, ce truc? - et de la caisse à outils en inches
. Sur ce coup, mes camarades mécanos m'avaient, très gentiment, bien aidés ... Sauf que, débarqué en mai (65), je m'étais retrouvé, tout seul, en septembre suivant, à devoir installer de "A à Z" un chauffage de tube Pitot, sur une Alouette II I... Houlala, j'étais très mal! Avec un énorme coup de bol,- je n'ai aucune honte à le préciser!- j'y étais parvenu "très correctement", tout me brulant très sérieusement la mimine, façon steak, en prétendant vouloir vérifier le fonctionnement et la montée en température - il n'y avait pas la moindre mention de ce risque "secondaire", évoquée dans la notice de modification & montage des plus succinctes! -. Il avait du s'écouler à peine 10 secondes, entre le moment ou j'avais basculé l'interrupteur sur "On", dans la cabine, et foutu la main sur cette saloperie de tube Pitot, modifié par mes soins!
Dans toutes les armées dignes de ce nom, en temps de paix ou, pire, en temps de conflit, il n'y a pas la queue d'une instruction au sein des unités opérationnelles! Selon le contexte, si la "recrue" est trop lente ou infoutue de s'adapter rapidement, elle dégage ou se fait dézinguer! Amen!