Semaine chargée pour Hitler en cette fin d’octobre 1940. Sur le chemin qui le mène à Hendaye, où il doit rencontrer Franco, le 23, il s’arrête d’abord à Montoire le 22 pour y rencontrer le vice-président du conseil, Pierre Laval. La discussion porte essentiellement sur la collaboration que Laval souhaite d’abord politique et qu’Hitler souhaite élargir à l’économie.
Le 23 donc, AH rencontre Franco pour tenter de faire entrer l’Espagne en guerre afin de pouvoir traverser l’Espagne, envahir Gibraltar et donc tenir la méditerranée. Il envisage la aussi la création d’une base maritime dans les Canaries pour ses sous-marins.
Franco dépendant des Etats-Unis et de l’Angleterre pour le ravitaillement de son pays réduit à l’état de famine suite à la guerre civile ne souhaite pas froisser ces derniers. Au lieu d’opposer un refus net à Hitler, il demande des compensations territoriales inacceptables ainsi que la fourniture de ravitaillement par le Reich. Hitler refuse et les choses en restent là.
Le lendemain donc, le 24 c’est la fameuse poignée de mains de Montoire entre Pétain et Hitler. Hitler, dans la perspective de la prochaine victoire sur l’Angleterre demande à Pétain si la France pourrait apporter un concours militaire à l’Allemagne. Tout comme Franco la veille, Pétain se dérobe et promet de « prendre en considération le principe d’une collaboration avec l’Allemagne ». En échange, il demande à Hitler, de hâter le retour des prisonniers de guerre, d’assouplir le passage entre la zone libre et la zone occupée et enfin de revoir à la baisse les frais d’occupation payés par l’état français. Hitler promet d’y réfléchir, mais il ne fera rien.
Donc même s’il ne sort rien de concret de cette rencontre d’une heure et demie, la symbolique par contre est forte. La propagande allemande diffusera largement les images de la poignée de mains. Le trouble commence à s’instiller parmi les tenants d’une défaite de l’Allemagne. La phrase dans le discours de Pétain du 30 octobre annonçant qu’il « entre dans la voie de la collaboration » finira de convaincre ceux d’entre eux qui hésitaient encore.