coyote a écrit:Bonjour
Deux bouquins que vous connaissez plus que bien:
Je viens de finir la lecture du 'pavé' "Arnhem la dernière victoire allemande" de Antony Beevor . Très documenté (trop ?) à tel point que je me suis perdu dans les détails des unités. Les oppositions entre généraux alliés
sont omniprésentes . Les erreurs graves commises au cours de Market Garden y sont décrites à maintes reprises .
Avant cela j'avais lu du même auteur Ardennes 1944 que j'ai trouvé par contre, plus captivant et d'une lecture disons plus 'aérée', plus plaisante.
Chacun ses goûts me direz vous !
Entre nous, c'est sûr, aussi, que la lecture du bouquin "
Ardennes 1944" est plus "
aérée" que celle de "
Arnhem, la dernière victoire allemande", car côté allemand, pour
Wacht am Rhein, les archives militaires officielles ne se bousculent pas! Dans une prestation très secondaire, rédigée, par mes soins, pour Ligne de Front, en 2014, j'avais entrepris de décrire les préparatifs allemands en vue de l'offensive "
Wacht am Rhein"... Dur, dur, car ils s'étaient, tous, déroulés, sous le sceau "Confidentiel Défense", qui avait totalement cloisonné la transmission hiérarchique des infos, en sus de la méthode expéditive qui promettait le peloton d'exécution à toute personne qui aurait eu le malheur de l'évoquer - cette menace "radicale" n'avait, en réalité, jamais été mise en application, selon Jodl, lui-même, lors de ses interrogatoires d'après-guerre -. A peu de choses près, les Kommandeurs avaient découvert le contenu exact de leurs ordres de mission, dans les quelques heures qui avaient précédé le déclenchement de l'offensive - çà avait été, par exemple, le cas de Peiper, qui s'était, ainsi, retrouvé avec une unité de Tiger II, sous ses ordres, qui lui avait créé plus d'enquiquinements que d'avantages -. A tout çà, il convient, aussi, de rajouter le monumental "boxon" qui avait régné dans les acheminements ferroviaires, lors des préparatifs et au-delà!
Là, je me cite
...
"
A partir du 1er décembre, l’état-major du Befehlshaber West se transforme en annexe de la Reichsbahn, même si un service y est normalement chargé des transports. Entre le 2 et le 18 décembre, soit deux jours après le déclenchement de l’offensive, il lui faut, encore, traiter 3815 mouvements ferroviaires, avec des pointes journalières de plus de 300 entre le 10 et le 14, dont plus de 90% sont destinés au Heeresgruppe B.
D’après une note de service de l’OKH, en date du 09.10.1944, soixante-dix trains sont nécessaires pour acheminer une Pz.Division ; le transport des 4600 chevaux, dotation moyenne d’une Infanterie-Division, exige, à lui seul, 575 wagons, une Volks-Grenadier-Division requiert 33 trains, un Volks-Artillerie-Korps, 12, une Volks-Werfer-Brigade, 14, la petite mais très particulière Panzer-Brigade 150, d’Otto Skorzeny, 9, etc.
En raison de la menace aérienne alliée, les convois circulent de nuit ou profitent du plafond bas, en journée, le brouillard étant fréquent durant la période novembre-décembre. Dès le 3 décembre, les premiers embouteillages – Transportspitze, pics de transport – sont signalés dans les grandes gares de triage et les postes d’aiguillage ; Nuremberg, Münster, Essen, Frankfurt sur Oder, Berlin, Cologne, Düsseldorf…jour après jour, la liste des engorgements ferroviaires s’égrène. Le 10 décembre, l’aviation alliée ayant détruit ou rendu provisoirement inutilisables, toute une série de ponts sur le Rhin et l’Ahr, bloquant totalement la circulation, un plan de détournement des convois est établi et de nouveaux points de déchargements sont définis, éloignés de 50 à 130 km des zones de débarquement précédentes, qui, de toute manière, sont, elles aussi, engorgées par les convois en attente de déchargement. Ces détours éloignent d’autant les unités de la position de départ qui leur a été assignée et entame sérieusement les réserves de carburant des éléments motorisés. Les retards dans l’acheminement et la mise en place des troupes, conjugués aux caprices de la météo – de mauvaises conditions de visibilité sont requises pour contrer l’aviation alliée – contraignent à reporter trois fois, le déclenchement de l’offensive, fixée au 14 décembre, le 7, au 15, le 11 puis, enfin, au 16, le 12. Le 15 décembre, l’état-major du Heeresgruppe B établit un récapitulatif de la situation et des mouvements de marches des unités."
En comparaison, la défense et la contre-attaque allemandes, lors de "Market Garden", elles, sont "limpides", circonstanciées, géographiquement limitées... et, pour une fois (depuis la débâcle de Normandie), plutôt bien renseignées, dans le domaine des archives militaires, sauf que, du côté allemand, il ne s'agissait que d'opérations locales, donc, rien à voir avec une offensive de "grande dimension", aux objectifs ambitieux.. C'est "Market Garden", l'opération ambitieuse, qui, elle, avait loupé, mais, en aucun cas, la réplique allemande.
Anthony Beevor, né en décembre 1946 - quasiment un mois après votre serviteur!
- pond, régulièrement, des ouvrages historiques depuis... 1975, avant même ses 30 ans ! Dont, au moins, 12 ouvrages "remarquables" ou de référence depuis 1982, soit, à la louche, un peu plus de 2-2,5 ans de boulot pour chacun d'entre eux , plus les délais techniques "d'impression" et de commercialisation. C'est un rythme très intensif - j'aurais tendance à dire, "à l'américaine"! - qui sous-entend, sans aucune connotation péjorative, des résultats plus ou moins réussis, en fonction des sujets et, l'air de rien, des attirances personnelles de l'auteur en regard du sujet, car, à un moment, dans ce métier, l'aspect "alimentaire" prend - parfois ?.. souvent ? Rayer la mention inutile
- le dessus sur les centre d’intérêts historiques de l'intéressé.