I . HISTORIQUEAvant le conflitLa Grande Bretagne, pays de marins, ne manquait, ni de stations de secours, ni de moyens de sauvetage.
La très ancienne RNLI -
Royal National Lifeboat Institution - était une organisation caritative, fondée en 1824, dont la mission consistait au sauvetage des vies en mer dans les eaux des îles britanniques par des bénévoles à bord d'embarcations dédiées.
Tout comme de nombreux organismes similaires dans d'autres pays, les équipages de ces navires étaient (et sont toujours) composés d'individus non professionnels qui devaient interrompre immédiatement leur activité en cours, professionnelle ou familiale, pour répondre, à toute heure du jour ou de la nuit et le plus rapidement possible aux urgences d'une situation de détresse d'un navire en mer.
Des dizaines de stations de secours RNLI, équipées d'embarcations de sauvetage, étaient réparties tout le long des côtes de la Grande Bretagne.
Ces robustes canots étaient excellents pour des sauvetages par tous les temps à proximité des côtes, mais beaucoup trop lents pour opérer au large.
Quelques embarcations utilisées par le RNLI : ces navires solides mais peu rapides, efficaces pour les interventions côtières par tous temps, étaient toutefois inadaptés pour intervenir en haute mer.S'ajoutait à cette organisation civile, la
Trinity House Lighthouse Service, l'administration des phares et balises britanniques ainsi que les
HM Coastguard –
Her Majesty's Coastguard - les gardes côtes, tous deux des organismes gouvernementaux.
Il n'existait, avant le conflit, aucun organisme militaire ou civil impliquant l'utilisation d'aéronefs dédié à la recherche et au sauvetage en mer.
Les avions de recherche et de sauvetage ne seront mis en service et entreront dans le dispositif que plus tard et ne seront vraiment opérationnels et pleinement efficaces que quelques années après.
Au début des hostilitésLe sauvetage en mer des membres d'équipage de la RAF, dés les premiers mois du conflit, s'appuya sur les structures en place ainsi que la force de défense côtière de la
Royal Navy, ce qui se révéla rapidement d'une extrême lenteur et d'une efficacité aléatoire.
Lorsqu'un appareil de la RAF était en perdition au dessus de la mer, le pilote devait lui même (ou un des ses équipiers), s'il le pouvait, signaler par radio sa situation de détresse au commandement de son unité.
Cet appel se faisait sur le canal opérationnel de l'unité à partir duquel, avec un peu de chance, il pouvait être localiser par relevé radiogoniométrique.
L'unité transmettait alors, par appel téléphonique sur une ligne du réseau civil (!), la position de l'appel de détresse à une base proche de la
Royal Navy qui répercutait l'appel vers les organismes de sauvetage concernés.
Cette dernière lançait aussi un appel à la navigation commerciale ou à une des ses unités s'il s'en trouvait une à proximité de la zone du naufrage, mais cette pratique fut abandonnée rapidement, ce qui n'améliora rien.
Il est facile de mesurer le temps précieux qui était perdu dans de telles circonstances où la plus grande urgence s'imposait.....
Ce ne fut qu'au mois de mars 1940 qu'une procédure légèrement améliorée entra en vigueur.
Un canal de détresse radio fut enfin exclusivement réservé aux appareils en perdition sur lequel le pilote devait signaler "MAY DAY" (qui à pour origine le mot français "m'aider") afin que son appel de détresse soit immédiatement reçu et pris en compte pour mettre en oeuvre les secours.
S'il le pouvait, il devait aussi bloquer son émetteur sur ce canal pour que le signal continue à être reçu pendant son saut en parachute ou l'amerrissage de telle sorte à permettre le repérage de l'avion par radiogoniométrie.
Suivait ensuite la procédure normale en comptant, entre autres, sur les moyens de la RNLI.
Durant la bataille d'AngleterreUn mois après l'opération Dynamo, commença la bataille d'Angleterre.
Ce fut au cours de cette grande bataille aérienne, que les déficiences des procédures de sauvetage des aviateurs britanniques se révélèrent au quotidien face à la supériorité écrasante et la redoutable efficacité du
Seenotdienst allemand....
Au cours des amerrissages, les moteurs lourds faisaient couler très rapidement l’avion et, fréquemment, les pilotes n'avaient que quelques secondes pour s'extraire rapidement de la cabine. Dans de telles circonstances, il est facile de comprendre qu'ils n'avaient qu'une chance infime pour indiquer leur position afin d’aider leur recherche et leur sauvetage.
De plus, les pilotes de chasseurs monoplaces ne disposaient que d'un simple gilet de sauvetage et étaient, à cette époque là, encore dépourvues d'embarcation gonflable de secours et de matériel de survie, équipements qui ne dotaient alors que les bombardiers. Ils n'en seront équipés que plus tard.
L’amerrissage d’un chasseur britannique dans la Manche ou la mer du Nord condamnait généralement son pilote. Même en période d’été, l’hypothermie s’installe rapidement.
Les lourdes pertes en hommes forgées durant cet épisode virent l'utilisation en juillet 1940 d'une douzaine d'avions de patrouille Westland Lysander pour rechercher et localiser les éventuels naufragés.
Les premiers Lysander furent mis à disposition pour la recherche des naufragés en été 1940. Ils furent plus tard organisés en escadrons. Celui-ci appartenait au Sqn 277.
Ces avions faisaient ce qu'ils pouvaient, mais étaient limités par leur vulnérabilité et leur incapacité à transporter une charge importante.On lança treize vedettes rapides de classe 100. Conçues pour l'intervention rapide au large, d'une longueur de 64', elles furent utilisées pour rechercher et secourir en mer les aviateurs abattus.
Cependant, dix d'entre-elles seulement couvraient la mer du Nord et la Manche.
Des vedettes rapides classe 100, le premier type de navire de sauvetage en mer.Malgré ce progrès qui fut une grande amélioration par rapport à ce qui avait existé auparavant, la capacité de la Grande Bretagne à rechercher, trouver et secourir les aviateurs en mer restait largement sous-développée.
Les navires de pêche civils, les navires marchands, la RAF, la Royal Navy et le service régulier des embarcations de sauvetage du RNLI eurent tous à participer activement durant cet épisode pour récupérer des membres d’équipage abattus.
Pas seulement les aviateurs de la RAF ! Ici un pilote de la Luftwaffe a été récupéré en mer par une embarcation de la RNLI. Cependant, les chances de survivre dans l’eau froide et d’être trouvé et secouru étaient très minces.
En août 1940, fut créé la direction du sauvetage en mer au ministère de l’Air britannique pour coordonner le sauvetage en mer du Nord et dans la Manche.
Le contrôle exécutif de toutes les opérations de sauvetage fut à partir de ce moment là confié au
Coastal Command de la RAF, chargé de la protection des côtes du Royaume-Uni et dont la responsabilité lui incomba directement.
Bilan de la bataille d'AngleterreDurant cet épisode, du 10 juillet au 31 octobre 1940, 537 pilotes de chasse furent perdus au combat dont 215 furent tués ou portés disparus au-dessus de la mer, soit environ 40%. Tous bien entendu ne se parachutèrent pas ou n'amerrirent pas, un bon nombre d'entre eux furent tués à bord de leur chasseur ou s'écrasèrent en mer avec lui.
Il s’agissait d’une énorme perte de vies humaines, mais sur un plan froidement comptable, la RAF, qui était en sérieuse difficulté, ne pouvait tout simplement pas continuer à combattre si un tel taux de pertes chez les équipages venait à se poursuivre.
Des services de secours efficaces s'avéraient donc nécessaires d'extrême urgence.
L’expérience de la bataille d’Angleterre démontra sans équivoque et de façon particulièrement tragique l'insuffisance des moyens britanniques du sauvetage en mer qui devait être à la fois amélioré et élargi.
Cependant, ce qui était tout aussi important était une amélioration de la communication et de la coordination entre tous les services concernés.
C'est à partir de ce moment là que des mesures furent décidées, des moyens planifiés et les opérations de sauvetage deviendront de plus en plus efficaces, ce que nous verrons bientôt...
Des essais et des équipements expérimentaux puis opérationnels verront le jour jusqu'à la fin des hostilités : ils seront évoqués en détail dans les prochains chapitres.
A suivre.......
NB : les sources seront citées en fin de sujet