Il est bien difficile de se faire une idée précise du premier bombardement de Londres par la Luft. dans la nuit du 24 au 25 août 1940
De ce que j'ai lu, la thèse de "l'avion isolé" viendrait du journal de COLVILLE, le secrétaire particulier de CHURCHILL :
"Lundi 26 août. Londres a été bombardée dans la nuit de samedi par un unique avion allemand."
Dans "L'incendie", Jörg FRIEDRICH (auteur allemand) évoque 12 bombardiers sans citer de sources
et accrédite la thèse classique de l'erreur de navigation (FRIEDRICH aborde le bombardement stratégique sous l'angle du crime de guerre plutôt que de la stratégie. Son propos n'est pas de trancher entre erreur de navigation ou volonté délibérée de la part d'HITLER).
Le
Times du même jour rapporte " de très petits dégâts".
COLVILLE, toujours lui, quantifie le raid de représailles sur Berlin, le 25, à 89 bombardiers sans en préciser le type. CHURCHILL insiste qu'il ne veut pas d'une "piqure d'épingle".
Le bombardement de Berlin par la RAF ne semble pas provoquer plus d'émoi en tout cas chez GOEBBELS qui écrit :
"Avions ennemis au-dessus de Berlin. Quelques heures d'alerte aériennes. Nous observons la grande canonnade de la DCA.
Un spectacle majestueux."
Et il commente : "Berlin est donc aussi au coeur des événements de la guerre et c'est bien ainsi."
Les dignitaires du parti sont outrés (ou feintent de l'être ?), les Berlinois sont émus (malgré le peu de dégâts) mais les Allemands restent flegmatiques (cf. FRIEDRICH).
Jeudi 29 août, à la demande de CHURCHILL, second bombardement de Berlin qui frappe cette fois le quartier de Berlin-Kreuzberg et tue 10 personnes.
Et un troisième la nuit du 31 août, quelques bombes tombent du côté de Siemensstadt.
GOEBBELS note avec désapprobation que "personne n'est descendu dans les caves malgré l'ordre du Führer."
On notera le caractère somme toute sans conséquence de ces premiers bombardements entre les capitales rivales, sans commune mesure avec ceux de Varsovie et Rotterdam, et à fortiori sans commune mesure avec les enfers qui s'apprêtent à se déchaîner à court et moyen termes.