En ce qui concerne la CDH, elle n'est, généralement, saisie, par l'un des partis, qu'en ultime recours et, dans bien des cas, il n'en sort que des décisions mi-chèvre-mi-chou. Il existe, ainsi, un dossier célèbre, qui n'est, toujours, pas "apuré", celui des plaintes formulées par la diaspora arménienne à l'encontre de l'Empire ottoman et des exactions menées à son égard durant la Première Guerre Mondiale. Pour de multiples raisons, il sera, très probablement, jamais solutionné, car, déjà, fort logiquement, l'actuelle république turque refuse d'endosser la responsabilité des fautes reprochées aux anciens dirigeants ottomans, tous, évincés par Ataturk et les "Jeunes Turcs", fondateurs de ladite république!
Il n'empêche qu'il ne ne se passe pas un jour, sans qu'une manifestation arménienne - plus ou moins importante, selon la "date anniversaire" -, constituée, le plus souvent, d'une dizaine - très rarement, une centaine - de manifestants, avec banderoles et hauts-parleurs, dont les amplis sont réglés à leur puissance maximale, ne manifeste sur le parvis grillagé et soigneusement gardé, de l'imposant bâtiment. De toute manière, vu où sont situés les bureaux des juges et la salle de délibération, les seuls personnes, quotidiennement, perturbées par ses bruyantes manifestations, se résument aux vigiles - désormais, fournis par des boites d'intérim! - qui contrôlent les laisser-passer, vérifient les autorisations temporaires d'entrer et, de temps en temps, une patrouille de police missionnée pour rétablir l'ordre devant les grilles, en cas d'excès d'ardeur de très rares manifestants. Je connais bien les lieux, car ma sœur travaillant, avec plusieurs juges, aux DH, depuis 35 ans, j'ai eu maintes occasion de circuler, aussi bien, dans les anciennes installations, disposées à l'arrière de l'ancien Conseil de l'Europe, que dans les "nouvelles", érigées de l'autre côté du pont, au-dessus de l'Ill canalisée. De toute façon, à très peu de choses près, tout le monde parle anglais, là-dedans, alors que le français est, depuis sa création, l'une des deux langues officielles!
Sans aucunement contester la valeur du CDH et de ses décisions, il y avait eu un paquet de juges, notamment, en provenance des Pays de l'Est - généralement, ils sont, tous, issus de la magistrature "assise " et ont eu, dans leur pays d'origine, des carrières exemplaires et de qualité - qui avaient découvert les bienfaits de la civilisation "capitaliste", les rémunérations attribuées aux juges sont "sidérales" - dire que, en France, certains chipotent sur l'indemnité mensuelle versée à notre députation!
- , en sus des très nombreux avantages, dont ils bénéficient, durant leurs mandats - indemnités de logement, de véhicules, exonération d'impôts sur le revenu, comme tout le personnel permanent du Conseil et des CDH, frais de déplacement entièrement couverts, etc. -, sans parler du statut de notable que confère cette charge exceptionnelle, reconnue mondialement.
Le travail est très loin d'être une sinécure, la durée des commissions et réunions plénières est très souvent interminable, la décision de chaque juge, même dans le cadre de 47 décideurs, est à chaque fois, engagée, mais pour certains, dans les décennies 1990-2000, cette nomination, même soumise à l'avis de ses pairs, constituait une véritable aubaine, car, souvent, ils étaient, jusque-là, dans leurs pays, cantonnés dans des tâches plus ou moins "obscures", même si l'exigence, par le CDH, de réelles compétences juridiques avait très vite calmé le jeu des promotions "exotiques"
C'est une des raisons qui avait amené , indirectement, à modifier leur temps de nomination, précédemment deux mandats successifs de 6 ans, sous réserve de réélection par le "Comité" de direction de l'Organisme, désormais, réduit à un unique mandat, non reconductible de 9 ans. J'aime mieux vous dire que, du temps des mandats de 6 ans, avec renomination à la clé - c'était, fort heureusement, des situations très exceptionnelles, car les qualités du juge, démontrées durant son premier mandat, primaient pour leur "réélection" - çà pouvait en baver, à l'approche de l'échéance du premier mandat, chez les juristes et secrétaires, soupçonnés, à la moindre erreur (même insignifiante!) involontaire, de vouloir renvoyer dans son pays, le postulant à un second mandat. Il n'y avait, guère, par exemple, que le juge monégasque et ses collègues européens "occidentaux" qui, eux, ne se posaient pas de question (financière ?) sur leur devenir, le mandat de juge du CDH venant, généralement, cloturer une fin de carrière exemplaire, chaque membre de la CE ne pouvant proposer qu'un seul candidat - il y a intérêt à se planter sur le choix de son représentant! -, à la libération du poste qui lui est attribué! Le mandat unique de 9 ans, en calmant le jeu, avait été une excellente décision.