pierma a écrit:Attention, j'ai l'impression qu'on parle de deux sujets à la fois : les armes chimiques, et les armes bactériologiques, qui elles ont pour but de déclencher une épidémie.
... La 5e plaie d'Egypte n'était pas chimique, c'était une épidémie qui a décimé la population, selon la Bible.
C'est pas faux!
Il y a quelques années, j'avais un peu potassé le sujet des gaz de combat, dans le cadre d'un article traitant, entre autres, des véhicules spécialisés, mis en service, avant-guerre, par l'armée allemande ; j'y ai pompé quelques extraits...
L’article 171 du Traité de Versailles de 1919 interdisait rigoureusement à l’Allemagne la possession et la fabrication de «…
gaz asphyxiants toxiques ou similaires ainsi que tous liquides, matières ou procédés analogues… » (sic). Le même interdit était d’ailleurs appliqué à tous les Empires Centraux, adversaires du dernier conflit. Le 17 juin 1925, à l’initiative des Etats-Unis et de la France, est établi le Protocole de Genève concernant la prohibition d'emploi à la guerre de gaz asphyxiants. Il entre en vigueur le 8 février 1928, après avoir été ratifié par la totalité des états occidentaux mais son application repose plus sur l’engagement moral des signataires que sur un contrôle effectif. Officiellement, les gaz de combat sont dorénavant bannis des arsenaux, d’autant qu’en regard des coûts et moyens déployés, le bilan stratégique et humain de leur emploi est assez mitigé. Leur mise en œuvre est délicate, tributaire des conditions atmosphériques et, une fois l’effet de surprise passée, les belligérants se sont équipés et préparés en conséquence. Les pertes dues aux gaz de combat, entre 1915 et 1918, s’élèvent, au final, sur le Front Ouest, à 90 000 morts et 1 million de blessés à des degrés divers - en réalité, les plus gros dégâts provoqués par les gaz de combat avaient été constatés sur le Front Est, dans l'armée russe. Néanmoins, en 1936, l’Italie – qui faisait partie du camp des vainqueurs en 1918 -, signataire du Protocole de Genève de 1925, en fait usage en Ethiopie. L’importance du stock d’obus à gaz détenu par une puissance militaire majeure telle que la France, était un secret de Polichinelle. Le résultat est qu’officiellement, personne ne souhaitait s’en servir, en tout cas sur un éventuel théâtre de combat européen mais que militairement tous les états-majors se préparaient à leur emploi. D’autant plus qu’en 1938, les dirigeants tchécoslovaques, inquiets des visées expansionnistes allemandes, avaient menacé d’utiliser des gaz de combat en cas de violation de leurs frontières.
L’armement chimique est classé en deux catégories, à effet persistant ou à effet non persistant.
Arme à effet non persistant ou temporaire : L’arme chimique à effet non persistant est principalement utilisée lors des préparatifs d’un assaut afin de neutraliser les troupes ennemies. Le nuage créé par tir de projectiles à gaz – obus, torpilles – se dissipe, au bout d’un certain délai, dans l’atmosphère et sous l’effet du vent. Néanmoins, les retombées, sur le sol, d’un gaz comme l’ypérite ou Gaz Moutarde - un agent vésicant qui brule l’épiderme et les voies respiratoires, largement utilisé durant la Première Guerre Mondiale - conservent leurs pouvoir nocifs et le simple contact avec le sol « gazé » entraine la contamination.
Arme à effet persistant : La contamination consiste à traiter directement le sol par aspersion, créant ainsi une zone d’interdiction pour l’adversaire. Cette technique est employée pour renforcer une défense de secteur. Dans ce cas, il n’y a pas de dissipation atmosphérique notable et la traversée du terrain empoisonné exige sa décontamination préalable.
En septembre 1939, la Wehrmacht envahit la Pologne et, dans l’éventualité d’une réplique chimique polonaise, les Nebeltruppen déploient leur parc de véhicules spécialisés. Mais, en 28 jours de combat, les unités de Nebelwerfer ne sont sollicitées que pour le tir de munitions explosives ou fumigènes.
Durant la « Drôle de guerre », alors que troupes allemandes et françaises sont massées aux frontières, les exercices de défense contre la guerre des gaz se multiplient, tant sur le front qu’à « l’arrière ». L’inesthétique et encombrant masque à gaz est réglementaire pour la troupe et largement distribué aux populations frontalières non évacuées. Les deux adversaires ont une longue et douloureuse expérience de la guerre chimique et chacun, en dépit des Accords de Genève de 1925, s’attend à voir l’autre faire usage des gaz. Pourtant, la Campagne de l’Ouest, déclenchée le 10 mai 1940, ne verra pas le moindre tir d’obus à gaz par les belligérants.
Ce que pressentaient déjà certains généraux de l’OKW, bien avant le déclenchement du conflit, semblait se confirmer, l’emploi des gaz de combat faisait dorénavant partie du passé.