Pigoreau a écrit:Bonjour,
Je m'interroge sur les déclarations d'un PG français qui dit s'être évadé du Stalag IIB de Hammerstein en Poméranie en 1941 pour rentrer en France. J'avoue que je suis sceptique quant à cet exploit consistant à parcourir environ 1200 km, à traverser la totalité de l'Allemagne plus une partie de la Pologne et les départements annexés de fait d'Alsace/Moselle. D'autant que l'homme n'avait a priori pas de vache.
Q'en pensez-vous ? A-t-on des exemples (avérés) de telles prouesses ?
Bonjour,
Il existe, cependant, quelques rares cas avérés d'évasions, tout aussi "improbables", ne serait-ce qu'en raison du pourcentage de risques très élevé d'être, à nouveau, capturé, à l'occasion, d'un simple opération de contrôle de police, surtout quand on prend en compte la longueur et la durée du périple en plein territoire allemand ou annexé.
En 1941, par exemple, je ne pense pas trop m'avancer en supposant que les "gardes-chiourmes", d'un Stalag paumé dans les tréfonds de la Poméranie, ne pouvaient s'imaginer qu'il y aurait de possibles évasions aussi hasardeuses, dont tu viens, toi-même, d'évoquer une des limites, celle de la distance à franchir. " Accessoirement", l'évadé devait, déjà, pouvoir sortir du camp, à l'occasion, par exemple, de "corvées" - c'était plus simple que depuis l'enceinte du camp! -, disposer d'une rechange en vêtements et chaussures civils (ou s'en être préparé une!), en y prévoyant, notamment, une trousse "d'hygiène", avec, au moins, un pain de savon et un rasoir (coupe-chou), car le port d'une barbe hirsute - quelque soit son "ancienneté" -, à une époque, où, alors, le visage imberbe ou, au mieux, le port d'une moustache soigneusement taillée, était la règle générale, constituait, de facto, un élément suspect, même (et surtout!) pour le Schupo de base.
Emprunter les trains de DB - sensés constituer la voie "d'extraction" la plus rapide, exigeait de posséder un minimum de RM, indispensables pour se payer les billets de transport, de faux-documents de bonne qualité, capables de leurrer les inspections routinières, dans les trains et gares, et parler plus que correctement l'allemand, de préférence sans accent français (!), ne serait-ce que pour satisfaire aux interrogations de base de la maréchaussée allemande.
Restait la voie routière, façon "La Vache et le Prisonnier", à laquelle, tu fais, aussi, référence, qui avait bien failli réussir à son auteur réel, Jean-Jacques Bailly, en 1943 (!), s'il n'avait pas, pour échapper aux condés français, "bêtement" sauté, en Gare de Lunéville, dans un train en partance pour l'Allemagne!
Sur la route, à pieds, "sans vache-excuse", la progression était très loin d'être exempte de dangers, avec, dans les villes, où il n'y avait quasiment aucune possibilité de se planquer et le risque de tomber nez-à-nez avec, en 1941, une patrouille de la police locale.
En zone rurale, les évadés avaient, aussi, de grandes chances d'être repérés, par la population locale, traditionnellement, très méfiante vis-à-vis des "tronches inconnues", sachant que les heures de repos ou de dissimulation en rase-campagne, dans les sous-bois ou, même, les granges isolées (très rares en Allemagne!) n'arrangeaient pas, non plus, l'état de leurs fringues, ni de leur apparence !
Il y a bien eu quelques cas d'évasions réussies depuis des camps allemands de prisonniers de guerre, très éloignés de la frontière de la France Occupée - où, au delà de laquelle, les emmerd...ments n'étaient pas finis pour autant, à dater de 1942! -, mais, un, ils sont très rares, deux, ils avaient exigé des qualités mentales et physiques exceptionnelles de leurs auteurs, qui avaient, aussi, souvent, bénéficié, en point trois, d'un gros coup de bol et, surtout, de circonstances particulières favorables et imprévisibles (même si espérées ou souhaitées par les évadés).