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Mes souvenirs d'enfant

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
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Re: Mes souvenirs d'enfant

Nouveau message Post Numéro: 11  Nouveau message de Bloody frog  Nouveau message 02 Jan 2006, 11:16

Merci Carman, il est vrai que c'est enrichissant de connaitre le vecu des gens de l'époques

Carman a écrit:Malgré mon âge, cette vision m'a semblé humiliante.


Je vous comprend et pourtant il ne fallait pas puisque l'armée française s'est extrenement bien battu et a réalisé des prouesses militaires

@ bientôt pour de nouvelles aventure... (oui oui comme sur TF1)


 

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L'année 41

Nouveau message Post Numéro: 12  Nouveau message de Carman  Nouveau message 02 Jan 2006, 16:55

R.A.S. de particulier jusquà l'été 41.
Mon père avait obtempéré à l'injonction des allemands de remettre toutes les armes. Même
un vieux fusil à pierre datant de la guerre du Mexique...Heureusement, l'un de mes frères a quand même subtilisé un fusil de chasse que nous avons soigneusement enterré à l'insu de mon père. Je n'ai jamais retrouvé l'emplacement...
En 1945, nous avons récupéré seulement le fusil à pierre au fort de Vincennes, parmi une quantité incroyable d'armes rangées dans des rateliers immenses.
Mon lieutenant de frère, enfin remis de sa blessure, se fit affecter à Ghardaïa, en Algérie. Je n'ai jamais compris que les allemands l'aient laissé partir...?
Petite anecdote marrante en passant: Il avait fait la connaissance d'une gentille infirmière à l'hôpital de Liège. Trop gentille. Pour fêter sa guérison, elle l'avait invité dans un restaurant parisien réputé (donc cher). En 1945, il a cherché à savoir ce qu'elle était devenue. On lui a appris qu'elle avait été mise en cabane "pour intelligence avec l'ennemi". Elle n'est jamais devenue ma belle-soeur...
Aux vacances, ma mère voulut aller rendre visite à mes soeurs qui étaient installées en Haute-Savoie, donc en zone libre. Un laissez-passer était nécessaire.
A cette fin, ma mère se rendit avec moi à la Kommandantur de Saint-Germain-en-laye, où on lui fit des difficultés.
Après avoir poireauté un bon moment dans un bureau sans chaise, elle dut déclarer par écrit qu'elle n'était pas juive "au sens de la loi allemande".
Une fois obtenu le laissez-passer, il fallait se procurer les billets de train. Pour cela, il fallait faire la queue toute une nuit devant les guichets de la gare de Lyon.
Les contrôles au passage de la ligne de démarcation avaient lieu à Mâcon. Le train s'arrêtait 1 heure en gare.
Un gendarme allemand est monté dans le wagon, accompagné d'un soldat un long flingue à l'épaule.
L'air bonasse, il a vérifié les laissez-passer. Je l'ai trouvé ridicule avec la grande plaque marquée "feldgendarmen"
qui pendait autour de son cou. Puis sont montés deux hommes en civil. Une dame a dit dans un souffle: "C'est la jestapo". Tout le monde se tenait à carreaux. Quand l'un des deux policiers s'est présenté à la porte, l'un des occupants du compartiment lui a tendu ses papiers. "Non, Môssieu, a dit l'homme, donnez-moi votre portefeuille".
Les formalités étaient terminées, je commençai à trouver le temps long, quand les haut-parleurs du quai égrenèrent les noms de voyageurs invités à descendre du train. Bien entendu, personne n'a bougé. Je suppose que c'était une ruse grossière dans l'espoir qu'un individu recherché se trahisse (ou soit trahi ?)
Heureusement, 5 minutes après, le train a quand même démarré et s'est élancé joyeusement en zone libre dans l'aube naissante.
J'ai fait un deuxième voyage aux vacances 1942 dans des conditions similaires.
Le village qu' habitaient mes soeurs étant proche de la Suisse, je n'ai pas manqué d'aller faire quelques pas en territoire helvétique. Je peux attester que rien n'était plus facile. La frontière était matérialisée par un alignement de troncs de sapins . Apparemment, il n'y avait personne pour la surveiller... Par contre, en août 1945,j'ai accompagné un groupe de jeunes qui a tenté une petite incursion par un autre itinéraire, et nous avons été interceptés par un douanier suisse en armes. Pour l'amadouer, nous avons fait mine de le prendre en photo. Non, nous a-t-il dit, on ne photographie pas un soldat suisse ! Et il nous a obligé à faire demi-tour.
A suivre...


 

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Nouveau message Post Numéro: 13  Nouveau message de Bloody frog  Nouveau message 02 Jan 2006, 18:26

Excellent :D
j'imagine bien le soldat avec son accent suisse Non non on ne photographie pas un soldat suisse :D


 

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Nouveau message Post Numéro: 14  Nouveau message de Blairojunior  Nouveau message 02 Jan 2006, 21:06

Merci Carman , N'aviez vous pas une apréhension lors des vérifications des papiers , peur d'une erreur, d'un malentendu.
Une question que je me pose , saviez vous se qui arrivait aux juifs durant cette guerre ? quelles genres de rumeur circulaient ?

merci d'avance et merci encore , ça fait des frissons de lire cela on s'y croirait !
Dernière édition par Blairojunior le 05 Jan 2006, 21:13, édité 1 fois.


 

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Réponse à Blairojunior

Nouveau message Post Numéro: 15  Nouveau message de Carman  Nouveau message 03 Jan 2006, 15:04

<< N'aviez vous pas une appréhension lors des vérifications des papiers , peur d'une erreur, d'un malentendu.
... saviez vous ce qui arrivait aux juifs durant cette guerre ? quels genres de rumeurs circulaient ?>>

Je vous rappelle que j'étais un gamin. Un gamin s'amuse de tout; il faut vraiment qu'il voie ses parents paniqués pour avoir peur. Or, ma mère semblait sûre d'elle.
Il se trouve que nous étions voisins d'un foyer de jeunes filles juives.Avant la guerre, il était très animé; (il disposait en particulier d'un court de tennis; mes cousins ne manquaient jamais l'occasion de renvoyer les balles qui passaient par-dessus le mur...). A partir de l'été 40, j'ai constaté qu'il était déserté. Quand j'en demandais la raison, on me répondait simplement que les allemands faisaient des misères aux juifs et qu'elles avaient préféré s'éloigner. Pour aller où ? Je pense que personne ne cherchait trop à le savoir...
J'y repense maintenant: J'ai écrit que les militaires allemands avaient cherché à se loger chez nous et que ma mère les avait évincés. Ils ne se sont pas installés non plus dans les locaux, pourtant vides en partie, du foyer d'à côté. Peut-être tout simplement par ignorance. Ou alors pour ne pas choquer les français, le gouvernement n'ayant pas encore entériné la persécution contre les juifs ?
Il faut dire les choses comme elles sont: Dans beaucoup de milieux, on n'aimait pas les juifs.Cependant, si on avait appris qu'ils faisaient l'objet d'une extermination systématique, on n'aurait pas accepté. Jusque là,je pense que l'état d'esprit pouvait se résumer par: Leurs ennuis avec les boches, c'est leur problème...
A ce propos, les français, à l'époque, employaient peu le mot "nazi".C'est plus tard qu'on a fait semblant de croire que nous avons été en lutte contre le régime nazi plus que contre le peuple allemand.


 

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Le grand cirque

Nouveau message Post Numéro: 16  Nouveau message de Carman  Nouveau message 03 Jan 2006, 21:18

La guerre se manifestait à moi principalement par la voie des airs.
Je ramassais régulièrement dans le jardin "le courrier de l'air'", autrement dit des tracts lâchés de nuit par la RAF. (Je les ai conservés, s'ils intéressent quelqu'un, je peux lui faire parvenir des photos)
Et aussi des rubans de papier aluminisé qui ne laissaient pas de m'intriguer. J'ai su plus tard qu'ils étaient destinés à aveugler les radars.
Je ne me rappelle plus exactement quand le spectacle a commencé; les alertes sont devenues banales, quasiment tous les jours, et nous n'y prêtions plus attention. Tout commençait par le mugissement de la sirène, en 6 modulations, et la plupart du temps il ne se passait rien.
Mais parfois, le son grave de la sirène qui s'éteignait était repris par un grondement sourd et lointain . C'était les bombardiers; les enfants ont l'ouïe fine et je prévenais les adultes. On ne tardait pas à percevoir à l'horizon, du côté ouest, des groupes de points . Ils s' approchaient, s'approchaient, en même temps que le bruit des moteurs s'amplifiait. Puis, tout d'un coup, le fracas de la DCA allemande se déchainait. Nous avions fini par reconnaître les voix de différentes batteries. Autour des formations d'avions, des flocons noirs s'ouvraient. Les éclats d'obus se mettaient à tomber, à la grande joie des gamins que nous étions et qui en faisaient collection.
Une fois les avions passés, des guirlandes de petits nuages noirs ornaient encore quelques temps le ciel. Il m'est arrivé d'en observer dont la taille augmentait et qui prenaient la forme d'un tore, comme les ronds que peut faire un fumeur.
Versailles n'était pas la cible des avions. A ma connaissance, la ville n'a été bombardée qu'une seule fois, et c'était la gare appelée "des chantiers" qui était visée. Ce matin là d'avril 44, je fus tiré du lit par un vacarme soudain et inhabituel. A tel point que je me dis tout haut: cette fois "ils" exagèrent. Puis la sirène s'est vite mise en route, comme pour se faire pardonner son retard. En m'approchant de la fenêtre, je vis un avion à moyenne altitude larguer une fusée rouge vif qui descendit lentement à la verticale à environ 2 km droit devant moi. Je compris et je m'inquiétai. En effet, une, puis d'autres explosions envoyèrent valser en l'air des matériaux. Je remarquai un certain écart entre le point de chute de la fusée et celui des bombes. Les bombardiers, peu nombreux, volaient beaucoup plus bas que ceux qui passaient d'habitude "sans s'arrêter". Ils prenaient des risques et pourtant la dca m'a paru ce jour là peu active.
C'était jour d'école et j'y allai à l'heure. J'y retrouvai des camarades. Pas tous. Le directeur eut un comportement que je comprends mal encore aujourd'hui. Il nous dit: "Allez donc voir ce qui s'est passé." En effet, à quelques centaines de mètres, la rue était barrée par un tas de décombres sur lequel s'affairaient des sauveteurs improvisés. Avec mes copains, nous avons fait un détour pour nous approcher de ce qui restait d'une maison, à savoir des gravats dans beaucoup de poussière...Un matelas d'enfant reposait sur les fils téléphoniques...
Nous sommes retournés à l'école. Je me souviens d'un camarade peu bavard. Il était là, et pourtant, la maison dont je viens de parler était pratiquement mitoyenne de la sienne. Peut-être était-il en état de choc ?
Cette maison se trouvait à 1800mètres de la cible visée, et d'autres bombes sont tombées plus loin encore...
Les versaillais se sont interrogés sur l'intérêt militaire de ce bombardement qui a eu lieu à une heure de relative affluence. Le bruit a couru qu'il avait été organisé sur la foi d'un renseignement transmis à Londres par la résistance, et qui était en réalité fantaisiste.
A suivre...


 

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Re: Juillet 1940

Nouveau message Post Numéro: 17  Nouveau message de Igor  Nouveau message 04 Jan 2006, 18:37

Carman a écrit:Quant au lait, dont l'épicière me versait à partir de sa cuve une mesure d'1quart de litre, il suffisait d'en déposer une cuillerée sur une toile cirée pour constater qu'il contenait une bonne part d'eau.


Ça me fait penser au téléfilm Au bon beurre, d'après le roman de Jean Dutourd. La famille d'épiciers se livrait à ce même genre de pratique.


 

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Drames dans le ciel

Nouveau message Post Numéro: 18  Nouveau message de Carman  Nouveau message 05 Jan 2006, 12:50

L'activité aérienne s'est intensifiée jusqu'à la libération.
Un après-midi de juillet 44, par temps clair,des bombardiers se sont approchés à une altitude particulièrement élevée.On les voyait comme de petites croix brillantes, par groupes de 14. (boxs), qui se succèdaient à 5 minutes d'intervalle. Parfois, des trous dans leur formation serrée donnaient à penser que des appareils étaient manquants..
Rapidement, la DCA a "allumé" littéralement un avion, qui a laissé échapper une trainée jaune et noire gigantesque, tout en poursuivant une trajectoire à peu près normale. Au bout d'un moment qui nous a semblé long, une petite corolle blanche est apparue à l'arrière de l'appareil. Nous commencions à nous réjouir pour l'aviateur qui sauvait ainsi sa vie, quand la corolle a disparu dans une grande flamme brève. Puis, une deuxième corolle s'est ouverte. J'ai crié: Faut pas ouvrir si vite ton parachute ! Las, la même scène s'est reproduite...C'est tout. L'avion, toujours en feu, a poursuivi sa trajectoire; je me demandais comment il pouvait encore tenir l'air et ce que devenait le reste de son équipage; enfin, il s'est délesté de ses bombes. Encore un petit moment, puis il s'est désintégré en morceaux. Le ciel était vide.Je n'ai vu aucun autre parachute.
Une deuxième formation s'est présentée; la DCA a dressé devant elle un rideau de flocons blancs. Il était évident qu'un avion au moins allait être touché. .Je frémis devant le courage qu'il fallait aux pilotes pour ne pas dévier de leur trajectoire. Et, effectivement, quelques instants après, un avion a encore été atteint. A ce moment là, je me suis demandé si la guerre n'allait pas être perdue, si les alliés n'allaient pas renoncer...
Je suppose que les bombardiers volaient groupés pour échapper aux chasseurs; mais, ce faisant, ils facilitaient le travail de la DCA. Et je n'ai pas vu de chasseurs...(mais peut-être étaient-ils trop haut pour que je les aperçoive ?)
Une autre fois, un "Libérator" (reconnaissable à sa double dérive) a été coupé en deux. Il est tombé en tournoyant comme une feuille morte; j'entends encore le sinistre ronflement de ses moteurs lancés à plein régime. Il est tombé dans les bois de Vélizy. Un camarade de mon frère qui habitait non loin de là s'est rendu sur les lieux avant les allemands et a récupéré les papiers d'un membre de l'équipage. Il a contacté la famille après la libération, et je crois qu'il a été invité aux USA.
Un autre jour du même mois, alors que je me trouvais dehors avec mon père qui bricolait, des chasseurs ont fait une incursion au-dessus de la ville. Aussitôt, la dca s'est déchainée très fort. Des éclats d'obus ont commencé à tomber. Mon père m'a demandé de me mettre à l'abri. Lui-même a continué son travail. Pourtant, on entendait le bruit des éclats qui traversaient le feuillage du marronnier sous lequel il se croyait sans doute abrité..
Je n'avais pas fait quelques pas que j'ai entendu le chuintement d'un éclat passer à moins d'un mètre de mon épaule et qui s'est fiché en terre.
Ma mère, qui distribuait dans la cour du grain à ses poules, s'est dirigée sans se presser vers la porte de la maison, suivie des poules qui n'avaient pas eu leur compte, elles-mêmes suivies du coq. J'ai vu alors celui-ci sursauter tandis que le bruit d'un éclat d'obus résonnait sur le pavé: Je crois bien qu'il avait traversé la queue du volatile !
A suivre...


 

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La libération

Nouveau message Post Numéro: 19  Nouveau message de Carman  Nouveau message 09 Jan 2006, 09:52

Nous trouvions que les alliés tardaient à enfoncer le front..
Enfin, nous avons vu des allemands épuisés traverser la ville dans des équipages de fortune. Parfois dans des charrettes, souvent dans des voitures civiles camouflées par des branchages. J'en ai même vu une dont les occupants en uniforme, pour faire bonne mesure, avaient tendu en plus un drapeau blanc sur le toit.
Les bombardements continuaient dans la région; notamment à Trappes où nous sommes allés en vélo voir la gare de triage bombardée 3 semaines auparavant. Sur la route, bien avant d'arriver, les champs étaient littéralement labourés de trous de bombes. Sur place, que des ruines sur lesquelles planait un silence de mort.Un cheminot qui semblait dépassé nous a dit en nous montrant un passage sous les voies effondrées: "On croit que le chef de gare est là dessous..." Mais personne pour déblayer...
Le risque dêtre surpris par un bombardement était tel que les récoltes se faisaient à la sauvette. Ainsi, on allait dans les champs arracher les rames de petits pois, on les mettait dans la remorque du vélo, et on rentrait bien vite à la maison pour cueillir tranquillement les gousses.
Le bruit courut qu'un américain seul sur une moto avait fait un raid depuis Laval jusqu'à Nogent-le-Rotrou. Difficile à croire, mais ça nous faisait plaisir.
Le 12 aôut, mon frère apprit que le camp de Satory avait été abandonné par les allemands. Aussitôt, il m'y emmena en vélo avec lui, dans le secret espoir de récupérer des armes. Mais beaucoup d'autres pillards nous avaient précédés, et nous n'avons trouvé que...d'immenses rouleaux de papier photosensible pour tirer des plans, et des skis avec les chaussures adaptées.
Tout à coup, un mauvais plaisant cria: "voilà les ss !". C'était plausible et nous avons filé la peur au ventre.
Le 23, nous appriment que les alliés étaient à Rambouillet. Nous n'avons donc pas été surpris quand nous avons entendu le lendemain des bruits de fusillades. Je m'attendais même à davantage de grabuge.
Vers 17 heures, un petit avion d'observation nous a survolés à une altitude d'environ 300 mètres en se dirigeant vers l'est. Il portait sous ses ailes les rayures noires caractéristiques de l'armée de l'air américaine. Des tirs d'armes légères se déclenchèrent sur lui. J'ai été étonné, parce que je croyais les allemands déjà partis. Je voudrais bien savoir quelle était la mission de cet avion ?
A-t-il été atteint ? Toujours est-il, d'après un camarade qui avait une meilleure visibilité, qu'il a effectué un virage, et je crois qu'il s'est posé sur l'avenue de Paris, (qui est très large); car le lendemain, la carcasse incendiée d'un petit avion s'y trouvait. On sait que les résistants de la préfecture de police à Paris ont reçu à la même heure un message jeté par un petit avion. S'agit-il de celui que j'ai vu ? J'ai entendu dire que son équipage était constitué de 2 canadiens, qui ont été tués..
La nuit venue, nous avons entendu et observé des tirs d'artillerie. On voyait des grappes de 4 ou 5 points lumineux monter dans le ciel et s'éteindre. J'ai su plus tard que c'étaient les canons de la 2ième DB qui tiraient depuis le pont de Sèvres sur une batterie allemande implantée à Buzenval. Mais, sur le moment, je m'inquiètai, parce que je pensais que c'était l'artillerie allemande qui tirait sur les troupes alliées....
A 22 heures, nous avons entendu à la radio la nouvelle que Paris était libérée. Ça nous a laissés sceptiques, parce que nous n'avions pas l'impression que Versailles l'était...
Je me suis couché, pas trop rassuré. Au matin, j'ai vu passer sous nos fenêtres un civil, un brassard FFI au bras gauche, un pistolet dans la main droite, un peu frimeur...Il marchait en sens inverse de celui dans lequel j'avais vu passer 4 ans plus tôt des soldats allemands, et je vis là le moment symbolique de notre libération.
Alors, nous avons mis aux fenêtres les drapeaux américains et anglais que nous avions soigneusement préparés; les voisins en ont fait autant, et nous sommes partis en ville, ma soeur et moi.
A la préfecture, des camions qui n'étaient pas allemands étaient rangés, mais point de soldats. J'étais un peu déçu, je croyais voir un déploiement de moyens militaires. La façade de l'hôtel de ville était marquée de quelques impacts.
Le spectacle était dans la rue principale, mais quel spectacle ! Des femmes à moitié dévêtues, la chevelure défaite, étaient promenées à travers la ville et malmenées. Je demandai à ma soeur: "Mais qu'ont-elles fait pour être traitées ainsi ?" Elle me répondit laconiquement: "Elles sont allées avec des allemands". Je ne compris que quelques années plus tard...
Le soir, nous sommes retournés en ville, où j'ai aperçu un attroupement et entendu des discours. Nous avons appris que l'aviation allemande avait bombardé Paris.
Une journée comme celle-là, tous ceux qui l'ont vécue vous diront qu'elle a été unique de fraternisation populaire.
A suivre...


 

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Nouveau message Post Numéro: 20  Nouveau message de le nordiste  Nouveau message 09 Jan 2006, 11:54

bonjour a vous carman je regarde avec admiration votre sujet de ce que vous avez vecu pendant votre enfance sous l'occupation c'est un temoignage tres instructif pour les jeunes et je vous en remercie moi qui fait partie d'un club de reconstitution et d'une association des veterans de la 1er db polonaise ce qui ma permis de rencontrer c'est personnes qui ont combattus a falaise je ne vous dit pas ce que j'ai resentis d'etre pres de c'est personne dont certain on donner leur vie pour notre liberte je me permet de vous dire continue votre recit je reconnait que cela peut vous etre dur de vous rememorer certain souvenir mais que pour les jeunes sache ce que vous avez vecu pendant votre jeunesse et qu'ils disent plus jamais ca voila j'attends avec impatience la suite de votre recit merci encore le nordiste


 

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