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Le débarquement de Dieppe

Dans cet espace, sont rassemblés sous forme de fiches l'ensemble des biographies, résumés de bataille, thèmes importants concernant la seconde guerre mondiale.
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Le débarquement de Dieppe

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de HistoQuiz  Nouveau message 15 Fév 2004, 09:38

La préparation

Les responsables : Mackenzie King Premier Ministre Canadien, Winston Churchill Premier Ministre britannique, Sir Dudley Pound premier Lord Naval, le général Paget commandant en chef des forces métropolitaines, le lieutenant général Gérard Montgomery commandant de la région du sud-est de Grande Bretagne, Lord Louis Mountbatten directeur des Opérations Combinées, le capitaine de vaisseau John Hugues-HalLett chef d'état-major des Opérations Combinées, le lieutenant-colonel puis général Churchill Mann chef du bureau des opérations, l'air Marshall Sir Arthur Harris chef de l'aviation de bombardement, l'air vice-marshall Trafford Leigt-Mallory chef de la 2ème brigade aérienne, le général Mac Naughton commandant les Forces Canadiennes en Grande Bretagne, le lieutenant-général Harry Crepar commandant le Premier Corps d'armée Canadien.

La force d'attaque

Les Américains ne s'estiment pas encore prêts mais il faut quand même envisager d'en utiliser. Les Anglais, ils supportent jusqu'alors toutes les opérations, il ne faut pas les écarter, d'autant que la Royal Navy et la Royal Air Force sont indispensables. Les autres forces du Commenwealth, peut être, d'autant que les Canadiens sont volontaires pour toutes les actions à venir. Les autres, Français, Polonais, Tchèques, oui mais au sein d'autres unités, leurs effectifs étant trop faibles. Il va falloir choisir. L'avantage des Canadiens c'est qu'ils constituent des unités cohérentes regroupées en divisions organisées. Et dans toutes les unités canadiennes, les soldats sont des militaires de carrière, des réservistes et des volontaires engagés pour la durée de la guerre, donc des professionnels (Le Canada ne mobilisera des conscrits qu'en toute fin du conflit). Ils sont par ailleurs "frustrés" de n'avoir pas combattu en 1940," frustrés" que les autres troupes du Commenwealth combattent aux quatre coins du monde. La plupart des premiers Canadiens qui sont arrivés le 10 novembre 1939 n'ont pas encore combattu. Parmi ceux restés au Canada, 1975 partis de Vancouver avaient été envoyés en mission à Hong Kong, l'invasion japonaise avait entraîné la mort de 557 d'entre eux. Le barrage des communautés entre Canadiens francophones et anglophones est aboli. Les dirigeants Canadiens insistent pour qu'ils soient choisis. Va pour les Canadiens et puis ils sont les fils de ceux qui ont combattu en 1917 à Vimy. Ce sera la deuxième division canadienne. Y sont adjoints des Américains, des Anglais, des fuyards de l'Europe occupée.

Les exécutants

Le général John Hamilton Roberts commandant la 2ème Division Canadienne, commandera les forces terrestres, le vice-marshall Leigt-Mallory commandera les forces aériennes, le contre-amiral H.T. Baillie-Grohman commandera les forces navales (il sera remplacé par Hugues-HalLett), les généraux Sherwood Lett (réserviste, avocat à Vancouver) et William Wallace Southam (réserviste, éditeur à Toronto) commanderont les 4ème et 6ème Brigades Canadiennes. Nous retrouverons les commandants de bataillon et de commandos.

Les forces prévues : La deuxième division canadienne composée de deux brigades : les 4ème et 6ème avec : Les South Saskatchewan, la Royal Hamilton Light Infantry, les Fusiliers Mont Royal, l'Essex Scottish Régiment, le Royal régiment of Canada, les Queen's Own Camerons du Canada, les Chars de Calgary. Le premier bataillon de Rangers Américains. Les Commandos britanniques 3 et 4. Le commando A des Royal Marines. Des isolés chargés de missions spéciales. La Royal Navy, la Royal Air Force, les Forces Navales Françaises Libres.

Les objectifs sont clairement définis :
1) détruire les défenses ennemies au voisinage de Dieppe.
2) démolir les installations de l'aérodrome de Dieppe-Saint Aubin.
3) détruire les stations de radio, les centrales d'énergie, les installations du port et de la gare ainsi que les dépôts de pétrole.
4) emmener les chalands de débarquement pour les réutiliser.
5) s'emparer des documents secrets trouvés à Arques la Bataille (le PC allemand est en fait à Envermeu).
6) faire des prisonniers.

Décider est une bonne chose, maintenant il faut mettre tout ce monde à un entraînement aussi proche que possible de la réalité. Toutes les troupes prévues pour le débarquement sont regroupées sur l'île de Wight. La dernière opération de cette envergure remonte à 1917 aux Dardanelles et le succès en reste encore à démontrer.

Premier accroc dans le plan, l'air Marshall Sir Arthur Harris refuse de risquer ses bombardiers sur Dieppe "dans des démonstrations inutiles". Voilà les troupes au sol privées de bombardement préventif.

Le premier exercice "Yukon" a lieu dans la nuit du 11 juin. A cinq heures, les troupes débarquent sur les plages de West Bay. C'est une confusion invraisemblable. Des transports abordent à des kilomètres des lieux prévus, d'autres s'égarent et débarquent les chars avec un retard considérable. S'il y avait eu un ennemi ce serait un carnage. Le raid initialement prévu le 21 juin est reporté à juillet. L'exercice Yukon II, le 23 juin, est effectué au même endroit avec plus de réalisme, balles réelles, fumigènes. C'est un succès relatif. Des navires se sont encore trompés, l'écran de fumée est insuffisant, l'horaire n'est pas respecté. Il est évident dès lors, que trop d'autorités s'occupent de cette opération, il manque un chef véritable. Le raid est cependant maintenu.

Le 3 juillet, 200 bateaux prennent la mer pour un exercice baptisé Klondike I, avec à leurs bords les troupes. Dans l'après midi, les colonels parlent à leurs hommes, ce n'est pas un exercice, l'objectif est Dieppe. A l'aube, à l'étonnement général, les falaises de Dieppe n'apparaissent pas, ce sont toujours les côtes de l'île de Wight. Les parachutistes et les planeurs ne sont pas partis. Les prévisions météorologiques leurs sont défavorables. Rutter est abandonné. Il n'y a plus rien de prévu comme opération d'envergure.

Le 12 juillet, un nouveau projet voit le jour sous le nom de Jubilee. C'est Rutter ressuscité mais sans emploi de parachutistes et de planeurs, ils seront remplacés par des commandos. Il n'y a toujours pas de bombardement préventif. Hugues-HalLett prend la tête des forces navales et devient l'exécutant d'un plan auquel il a collaboré.

Le jour J est fixé au 19 août 1942. Heure H : 4 heures 50 pour les commandos et les plages principales.

L'opération Jubilee démarre à 10 heures le 18 août 1942 avec l'embarquement des hommes sur les transports. Pour eux, ce n'est qu'un exercice de plus. Ce n'est qu'à bord qu'ils seront informés par leurs officiers que c'est réellement le raid. 10 000 hommes participent à l'action. A 16 heures, tout le monde est embarqué. Le dernier feu vert est donné par le service météo. Le prochain arrêt c'est Dieppe.

A l'instant où la flotte alliée prend le chemin de Dieppe, un groupe de navires allemands sort de Boulogne. Cinq navires escortés par trois chasseurs de sous-marins prennent le chemin de Dieppe sous le commandement de l'Oberleutnant (enseigne de vaisseau) Bögel. La rencontre est inévitable. En pleine nuit, les deux flottes se rencontrent.

Les ennuis commencent avec le groupe 5 composé de la canonnière S.G.B.5 (capitaine de frégate D.B. Wyburd) et les 23 LCP qui transportent le commando n°3. Le groupe de soutien prenant du retard sur l'horaire prévu, accélère. Les LCP ne peuvent tous suivre, 8 LCP restent en arrière. Les destroyers Slazak et Brocklesby qui devaient protéger le flanc gauche du groupe 5 sont eux en avance et c'est la canonnière et les LCP qui encaissent les premiers coups de canon de la flottille allemande. Les LCP se dispersent, le SGB 5 a tous ses canons détruits, ses hommes tués ou blessés, sa chaudière crevée. Le groupe 5 est désorganisé, il manque désormais 15 LCP, un LCP est isolé, il poursuit sa route seul et les 5 autres de leur côté continuent vers l'objectif.

La surprise est manquée, la 302ème Division d'infanterie allemande est en état d'alerte maximum. Mais ce qui est plus grave c'est que l'État Major de la force de débarquement l'ignore encore. Le reste de la flotte se présente face aux falaises de Dieppe. Dès lors 5 batailles vont se dérouler, indépendamment l'une de l'autre. Chacun va tenter d'y sauver sa peau.

Pendant ce temps, Winston Churchill et Montgomery, qui avaient tant désiré ce raid, prennent le soleil en Afrique du Nord près d'El Alamein (ils mourront dans leur lit). Rendons justice à Montgomery qui lors d'une conférence préparatoire au raid avait émis tant de réserves qu'on lui donna le commandement de la VIIIe Armée en Égypte. Mountbatten suit les opérations de loin, lui qui ne s'était jamais dérangé pour visiter à l'entraînement les hommes qui vont tenter de débarque, il aura cependant visité les troupes avant leur départ pour Dieppe (Il mourra, bien des années plus tard, dans un attentat de l'IRA).

Le bilan

A la tombée de la nuit la flotte rejoint l'Angleterre, le bilan humain est désastreux. A terre sur les 6 000 hommes engagés, les pertes sont de 3 627 hommes (morts, blessés ou prisonniers), la marine a perdu 550 hommes, l'aviation a perdu 153 hommes dont 113 tués, les rangers 13 hommes. Le total des tués, toutes armes confondues serait de 1 255.

Les pertes humaines pour les Canadiens sont terribles : 3 367 hommes sont morts, blessés ou prisonniers (dont un millier de morts). Les Canadiens n'ont jamais subi et ne subiront jamais autant de pertes dans une division en une seule journée de toute la guerre en Europe. Ils sont cependant qu'une partie des 45 000 Canadiens tués au combat pendant la guerre. Les commandos ont perdu 247 hommes et les rangers 13. Les Canadiens ont laissé entre les mains de l'ennemi 1 306 prisonniers. Pendant les 11 mois de toute la campagne de France et la campagne d'Allemagne de 1944 et 1945, ce total de prisonniers ne sera jamais atteint.

Les habitants de Dieppe pleurent 40 morts et 40 blessés graves dans une ville en flammes. Les pompiers dieppois pris sous le feu des belligérants ne pouvant agir partout. Dès leur arrivée en Angleterre toutes les ambulances de la région attendent les blessés au nombre de 600 à 700 qui sont dirigés vers les hôpitaux. Les chirurgiens vont opérer pendant 48 heures sans discontinuer.

2 000 hommes sont faits prisonniers. Parmi eux : le général Southam, les lieutenants-colonels Merritt, Labatt, Jasperson et Catto. Après interrogatoire et une vaine tentative de diviser les Canadiens Anglais des Canadiens Français, tous prennent le chemin des camps de prisonniers, l'oflag VII B à Eichstatt et le stalag VIII B de Lansdorf. Une malencontreuse directive récupérée à Dieppe va entraîner des représailles sur ces prisonniers. Une directive prescrit en effet de lier les mains des prisonniers allemands qui seraient fait à Dieppe. Les allemands vont y prendre prétexte pour lier les mains des 300 officiers canadiens et britanniques capturés à Dieppe. Cette mesure va persister plusieurs mois, mais devant le nombre d'allemands capturés ensuite par les alliés, cette mesure sera rapportée. Les blessés prisonniers sont emmenés à l'hôtel Dieu de Dieppe et à l'hôtel Dieu de Rouen où les religieuses d'un dévouement à toutes épreuves vont s'occuper d'eux puis ils seront aussi envoyés en Allemagne.

La majorité d'entre eux sera libérée en avril 1945 par l'armée américaine ayant échappé de peu à un bombardement massif de leur camp. Des Dakota les ramèneront en Angleterre puis au Canada.

Les Allemands vont faire regrouper les morts (par des civils dieppois) au cimetière municipal de Dieppe. Plus tard, ils seront regroupés au Canadian War Cemetary des Vertus (commune d'Hautot sur Mer) où ils reposent toujours. Ils sont 787 qui reposent à Dieppe (au coté de 172 tués dans les combats de 1940 et 1944). 2 Français, 1 Australien, 3 Polonais, 4 Néo-Zélandais reposent à leur coté. D'autres reposent au cimetière de Brookwood en Angleterre, d'autres encore reposent dans les cimetières de villages du littoral de la Manche (des corps ayant été rejetés par la mer jusqu'en Hollande). Quelques uns ont été repris par leur famille. Beaucoup n'ont jamais été retrouvés. Les pertes en matériel sont très élevées. Tous les chars sont détruits. 98 avions ont été abattus mais 30 pilotes ont été recueillis. Le destroyer Berkeley a été coulé, 30 péniches de débarquement sont coulées, un matériel important a été abandonné sur les plages (anti-chars, armes légères, landing-crafts, ...).

Les allemands auraient perdu environ 600 tués et blessés, les chiffres réels n'ont jamais été publiés. Les alliés ont abattu 48 avions allemands. Une batterie lourde, un dépôt de munitions, une batterie de DCA ont été détruits. 37 soldats allemands ont été emmenés en Angleterre. 100 avions ont été détruits à Abbeville par le raid de bombardiers.

Pour récompenser l'attitude prétendument amicale des Dieppois envers les troupes allemandes, 1 800 prisonniers de guerre de Dieppe et de la région sont libérés de leurs stalags. Ceux de Varengeville et Berneval où le raid a eu des résultats positifs en sont exclus. Si les listes établies prévoient 1 800 libérations, il semble qu'en réalité ils ne seront que 1581 à arriver à Dieppe. C'est pourtant la seule conséquence heureuse de ce raid.

Du débarquement de Dieppe, Eisenhower dira : "Sans Dieppe, nous n'aurions pas eu la plupart du matériel spécial et des connaissances nécessaires pour l'invasion".

Auteur : Jean Delamare


 

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