Igor a écrit:raven a écrit:je me demande toujours comment les japonais ont pu penser une seule seconde que les USA, allaient négocier avec eux....!?
quand on te pique au vif ta première réaction est de mordre...., qui plus ai avec un peuple aussi nationaliste, et patriote que les USA.
Complexe de supériorité.
Pour les pays totalitaires et autoritaires, les démocraties sont des régimes faibles et corrompus. Les populations et leurs dirigeants sont donc censés ne pas réagir face à l'usage de la force.
J'aimerais ici citer certaines archives qui illustrent la vision du gouvernement japonais sur la question de l'issue possible d'une guerre avec les E-U à l'automne 1941.
Le 6 septembre, au cours d'une conférence impériale, présidée par Hiro Hito et à laquelle assistait le cabinet Konoye et les chefs millitaires, fut déposé un document confectionné par le bureau de Sugiyama (Chef d'état-major de l'armée). Ce document stipulait clairement que les E-U
ne pouvaient être battus et que l'issue d''une guerre avec les E-U était
imprévisible. Toutefois, la possibilité de victoires millitaires importantes sur le front sud "
produirait un important revirement dans l'opinion publique américaine. Ainsi, une issue positive à la guerre ne serait pas nécessairement sans espoir. Nous devons conséquemment occuper une position stratégique au sud afin d'établir notre supériorité stratégique. Nous devons parallèlement exploiter les riches ressources de la zone sud et utiliser la puissance économique de l'Asie du sud-est pour établir une position économique auto-suffisante et durable. Plus encore, nous devons travailler avec l'Allemagne et l'Italie pour briser l'union de la G-B et des E-U. En liant l'Europe et l'Asie, nous pourrons amener la situation à notre avantage. De cette façon, nous pouvons espérer au moins sortir de la guerre, même avec les E-U."
Ayant été mis au fait de cette position, Hiro Hito donna son approbation à la conduite de la «Politique nationale de l'Empire». Conscient des incertitudes inhérentes à une guerre avec les E-U, Hiro Hito devint à ce moment obsédé par la possibilité d'une réouverture du conflit avec l'URSS.
Le 13 octobre, alors que le délai fixé par l'empereur pour la signature d'un traité avec les E-U était expiré, ce dernier déclara à Kido :
"Il y a dans la situation actuelle peu d'espoir pour des négociations entre le Japon et les E-U. Si cette fois, les choses s'eveniment, je pense que je devrai émettre une déclaration de guerre."
Le 14, le cabinet Konoye sièga pour la dernière fois et Tojo livra cette déclaration :
" Au cours des 6 derniers mois, le ministre des Affaires étrangères a fait de redoutables efforts pour normaliser les relations avec les E-U. Bien que je l'admire pour cela, nous sommes encore dans l'impasse...Notre décision était de déclarer la guerre si au début d'octobre nous ne pouvions obtenir la reconnaissance de nos demandes par la négotiation. ..Le coeur du problème est le retrait de Chine et d'Indochine que l'on veut nous imposer...Si nous plions aux demandes américaines, cela réduira à néant les fruits de l'incident chinois (sic). Le Manchukuo sera en danger et notre contrôle de la Corée menacé."
Deux jours plus tard, le cabinet Konoye démissionnait. Konoye, convaincu en janvier 41 que l'Allemagne allait gagner, était maintenant sûr de sa défaite. Il était également certain que les généraux japonais ne pouvaient garantir la victoire. Amer, il confia à son secrétaire, Kenji Tomita :"
Quand j'ai affirmé à l'empereur qu'initier la guerre était une erreur, il a approuvé. Mais le jour suivant, il m'affirma :"Vous étiez soucieux hier; mais vous n'avez pas à vous inquiéter autant." Ainsi, graduellement , il pencha vers la guerre. En résumé, j'ai senti que l'empereur me disait :"Mon premier ministre ne comprend pas les choses millitaires; j'en sais beaucoup plus." L'empereur avait adopté le point de vue du haut commandement millitaire. Conséquemment, comme premier ministre qui manque d'autorité à l'égard du haut-commandement, je n'avais aucune possiblité d'en faire plus, car l'empereur, dernier recours, était du même avis."
Désirant protéger la famille impériale de tout implication directe dans la conduite du gouvernement, Hiro Hito ignora la recommandation des millitaires qui envisageaient le prince Higashikuni comme nouveau premier ministre et nomma Hideki Tojo.
Les 8 et 15 novembre, Tojo et les chefs d'état-major Nagano et Sugiyama, présentèrent à l'empereur un plan d'attaque détaillé de Pearl Harbor. Ce plan était tributaire de la mise en place d'un système de défense "impénétrable" autout de la zone économique du pacifique sud. En raison de divergences entre l'armée et la marine, ce "système" n'était toutefois pas défini. Le plan comportait une mention intéressante :
"Cette opération surprise, comparable à la bataille de Okehazama est extrêmement audacieuse. Son succès dépend évidemment de la chance. Toutefois, dans l'éventualité où la flotte de l'ennemi y est ancrée ce jour là, il est possible de couler deux ou trois cuirassés et porte-avions.
A la demande expresse de Hiro Hito, Tojo avait également fait préparer un "plan d'armistice", destiné à prévoir d'avance une façon de résoudre le conflit. Ce document stipulait "
...d'attendre le bon moment dans la guerre européenne, particulièrement l'effondrement de l'Angleterre, la fin de la guerre Allemagne-URSS et le succès de notre opération en Inde... de trouver une façon d'éviter de conclure une paix immédiate avec la G-B au moment de sa reddition et plutôt la forcer à entraîner une paix également avec les E-U...de renforcir les contacts diplomatiques avec divers pays de l'Amérique du sud, la Suède, le Portugal et le Vatican. (A noter que Hiro Hito surnommait Pie XII, "le pape de Hitler" !!!).
Dernière édition par romualdtaillon le 28 Déc 2005, 16:13, édité 1 fois.