Post Numéro: 2 de Tom 16 Juil 2019, 16:25
Bonjour Prosper !
Suite à ton message.
Raoul Dagostini (1909 – 1944) est, d’abord, lieutenant dans les troupes coloniales au Maroc, où il aurait déjà commis des violences contre la population lors d’opérations de maintien de l’ordre (cf. Wikipédia)…
En tout cas, « ce grand garçon blond, belle gueule » (cité par Pierre Giolitto dans son Histoire de la Milice, Perrin, page 427), ce « beau garçon, beau parleur, brave, [qui] plaît aux femmes » (selon Jacques Delperrié de Bayac, Histoire de la Milice, Fayard, page 321), après avoir eu une belle conduite au feu en mai-juin 1940, s’engage ensuite effectivement dans la L.V.F. et « s’illustre » sur le front russe par le massacre de civils…
Renvoyé en France, il entre dans la Franc-Garde permanente de la Milice française, devient chef de cohorte et participe à la répression des maquis, notamment en Haute-Savoie, dans le Vercors et en Saône-et-Loire.
Cependant, contrairement à ce qui est dit sur Wikipédia, s’il commande une unité aux Glières, ce n’est pas lui qui dirige la Franc-Garde, mais Jean de Vaugelas. Toutefois, c’est bien Dagostini qui, il est vrai, sur ordre de De Vaugelas, lui-même poussé par Darnand en personne, fait savoir, le 20 mars 1944, au capitaine Anjot, chef du bataillon des Glières, qu’il souhaite discuter avec lui des conditions d’une reddition avant que les Allemands n’arrivent en force. Il lui promet de discriminer les simples réfractaires, « qui seront simplement astreints aux obligations du S.T.O. », et les terroristes, c’est-à-dire les communistes français et les républicains espagnols, « lesquels seront remis à la justice française » (c’est-à-dire certainement condamnés à mort). En fait, les chefs miliciens voudraient bien se faire gloire de régler par eux-mêmes l'affaire des Glières...
Néanmoins, Anjot déclare à l’émissaire que cette proposition est inacceptable, car, ne croyant plus à la sincérité des hommes de Vichy, il la juge inutile et dangereuse pour le moral des maquisards qui y verraient une hésitation de leur chef alors qu’ils ont besoin de résolution. Par conséquent, Anjot envoie la réponse suivante à Dagostini : « Il est profondément triste que des Français tels que vous l’avez été agissent comme vous le faites. Vous acceptez de détruire, au bénéfice de l’ennemi, les éléments les meilleurs du pays. Si vous attaquez, vous porterez la responsabilité de nos morts. Quant à moi, j’ai reçu une mission ; il ne m’appartient pas de parlementer. »
Malgré la grande brutalité de Dagostini dans la répression des maquisards aux Glières, où certains miliciens, comme le chef Di Constanzo et son chauffeur, battent à mort des prisonniers, il faut tout de même rappeler que les raffinements de cruauté dans la torture sont surtout le fait du S.R.M.A.N. (Service de répression des menées antinationales) constitué d'activistes des partis collaborationnistes assistés par quelques policiers professionnels, incorporé dans la Police de sûreté, puis dans les Renseignements généraux, et doté de pouvoirs exorbitants sous l'autorité du commissaire Charles Detmar, membre du P.P.F.
Cela dit, pour ses « exploits » dans sa lutte contre la Résistance, le 6 juillet 1944, Dagostini est cité, par le gouvernement de Vichy, à l’ordre de la Nation en compagnie de De Vaugelas et de De Bernonville :
« Raoul Dagostini, chef de cohorte de la Franc-Garde permanente de la Milice française, [est cité à l’ordre de la Nation] pour les motifs suivants : a pris volontairement le commandement d’une cohorte de la Milice Française au cours des opérations entreprises en Haute-Savoie, dans le Vercors et en Saône-et-Loire. Toujours en tête de son unité, il a conduit personnellement, jusqu’au corps à corps, les attaques menées contre les rebelles. La compétence et le courage dont il a fait preuve en toute circonstance lui ont valu l’admiration de ses chefs et le dévouement total de ses hommes. »
Pourtant, le mois suivant, il est relevé de son commandement par Darnand pour s’être livré au pillage !
A la Libération, il ne part pas pour l’Allemagne à l’instar de nombreux miliciens, mais demeure dans les environs de Lyon. Arrêté, il est fusillé le 11 septembre 1944 dans cette ville avec sa maîtresse, Maud Champetier de Ribes.