Soxton a écrit:On en revient à ce que je disais dans le message numéro 133 : Jusqu'à l'automne 1940 Hitler espère que l'Angleterre acceptera un compromis avec le Reich.
Il l'espère même au-delà de cette date... Quasiment jusqu'à la fin de sa vie, pour tout dire.
Soxton a écrit:Je suis d'accord sur certains points. Je suis très sceptique sur d'autres points où vous faites une sur-interprétation des événements. On pourra en discuter.
Disons que mon interprétation des faits, s'agissant de la stratégie de Hitler à l'encontre - ou plutôt, devrais-je dire, à l'égard - de la Grande-Bretagne sur la période 1939-1941, me semble tout de même présenter le mérite de correspondre à la mentalité, à l'idéologie (voyez ses écrits politiques des années vingt) et aux méthodes de gouvernement de Hitler (reposant notamment, en bon dictateur qui se respecte, sur un jeu constant entre vérité et mensonge, entre menace et flatterie, entre aveux et dissimulation), ce qui finalement redonne
cohérence à l'ensemble.
Je ne crois effectivement pas que Hitler ait jamais cherché à abattre la Grande-Bretagne, dans la mesure où un tel fantasme ne correspond
en rien à son idéologie. Les seules "preuves" présentées à l'appui d'une telle thèse correspondent en fait à des déclarations tapageuses, à des travaux d'état-major commis sur ses instructions, voire à des campagnes militaires limitées (la Bataille d'Angleterre, l'
Afrikakorps), sans chercher à les contextualiser, ni à les inscrire dans une entreprise de manipulation à usage interne (à savoir son régime, le Parti, l'armée, l'élite économique et le peuple) et externe (les pays étrangers, à commencer par la Grande-Bretagne elle-même).
Exemple: à la suite de la victoire sur la France, et jusqu'au 22 juin 1941, Hitler doit à la fois dénicher un accord de paix avec l'Empire britannique (quitte à lui suggérer que son existence même est menacée sur tous les continents) tout en faisant croire à la Russie "judéo-bolchevique" qu'il guerroie à mort contre ledit Empire britannique. Expédier une partie de la
Luftwaffe dans le ciel anglais, semer des sous-marins dans l'immense Océan Atlantique, envoyer une poignée de blindés (et un excellent général) en Afrique du Nord, déferler sur les Balkans, faire miroiter aux dictatures méditerranéennes (dont Vichy, en octobre 40 et en mai 41) des traités d'alliance dirigés contre la ploutocratie londonienne (sans aller plus loin que des déclarations d'intention), j'en passe et des meilleures, doit s'apprécier dans ce contexte.
Soxton a écrit:Loin de moi l'idée que Hitler veut faire subir à la GB le même sort que l'Union soviétique.
Hitler n'est pas tendre avec la GB. C'est vous même qui montrez la détermination d'Adolf Hitler : "On doit asséner un coup dur à l'Angleterre, mais pas la détruire."
Cette volonté d'asséner un coup dur à l'Angleterre est inconciliable avec les interprétations de Dog Red.
• Contrairement à Dog Red, je considère que le "haltbefehl" à Dunkerque n'est pas un acte diplomatique. Si Hitler a ordonné ce haltbefehl, ce n'est pas pour faire plaisir aux Anglais.
Quelle est votre explication du
Haltbefehl? Vous avez la possibilité de répondre
sur le fil consacré.
Soxton a écrit:• Contrairement à Dog Red, je considère que Hitler aurait continué les combats contre les aérodromes de la Royal Air Force en 1940 s'il avait pensé que cela était le meilleur moyen de tourmenter la GB. Je considère que le Blitz est simplement une erreur d'appréciation commise par Hitler. Si le Reich avait eu un très grand nombre d'avions, il aurait pu faire le Blitz sans arrêter la destruction des aérodromes anglais. En disposant d'un faible nombre d'avions, ce fut une erreur de privilégier le "blitz" au détriment de la lutte contre la Royal Air Force.
• Contrairement à Dog Red, je considère que l'abandon des préparatifs d'invasion de la Grande-Bretagne n'est pas un acte de mansuétude envers les Anglais. Cet abandon résulte d'une prise en compte des risques considérables de cette opération. Le débarquement aurait probablement échoué. Ce fiasco aurait certainement renforcé Winston Churchill.
Ces affirmations gagneraient à être nuancées.
Le
Fighter Command est décimé dans le courant du mois d'août 1940, mais pas encore vaincu. A la fin du mois, l'aviation allemande perçoit cette situation, mais constate que la stratégie consistant à bombarder les aérodromes britanniques ne suffit pas à rayer la RAF de la carte.
Une partie du haut-commandement de la
Luftwaffe (tels que le chef des chasseurs de la
Luftflotte II de Kesselring, Kurt von Doering) assure alors à Hitler qu'il faut franchir la Manche, puisque la supériorité aérienne présente de la
Luftwaffe garantit le succès d'un débarquement. Une autre partie, emmenée par Göring et son état-major (soutenu par Kesselring), prétend qu'un débarquement n'est pas nécessaire, et qu'il faut attaquer Londres, ce qui achèvera de démoraliser le peuple britannique (plus radicalement qu'en bombardant des aérodromes) et obligera la RAF à y concentrer ses dernières réserves, qu'on anéantira dans une bataille décisive (plus radicalement qu'en bombardant les aérodromes). Rares semblent ceux (tels que Sperrle) à militer pour une poursuite de la campagne contre les aérodromes.
C'est ce dernier choix que fait Hitler... non sans adresser aux Britanniques un dernier ultimatum, le 4 septembre 1940. Erreur, peut-être (à condition de rappeler qu'elle ne correspond à aucun "coup de sang", et apparaît collective), mais le fait est là: plutôt que de porter un coup mortel à l'Angleterre (par un débarquement qu'il ne cesse de repousser), il préfère lui asséner un
"coup sévère".
Soxton a écrit:• Contrairement à Dog Red, je considère que si Hitler a freiné la guerre en Méditerranée, ce n'est pas pour faire plaisir aux Anglais.
Je suis, pour ma part, d'accord avec Dog Red, j'ai expliqué pourquoi, et n'y reviendrai pas.