Post Numéro: 148 de kfranc01 26 Nov 2021, 20:46
Je l'ai lu, et voici mon avis. Bon, en premier lieu, ce livre est très agréable à lire. C’est clairement une réécriture de l’histoire de la Marine nationale, celle « de Vichy ». Une histoire débarrassé du prisme Gaulliste, et qui lui, a présenté l'épopée FNFL comme étant l'histoire de la Marine nationale… mais aussi du prisme Churchillien; estimant que ce dernier a arrangé l'histoire à l'avantage de la Couronne…
Il est sous-titré « La vérité », son propos et son argumentaire est proclamé dès la couverture : « Honneur », « Patrie », « Valeur », « Discipline ».
C'est un livre qui remet donc en question l'histoire de la marine tel qu'elle fut écrite jusqu’à lors; et tente une appréciation objective, et je l'ai trouvé drôlement documenté et convaincante. L'auteur affirme ceci: « Celui qui sait la vérité et qui ne gueule pas la vérité se fait le complice des escrocs et des faussaires ».
Si l'exercice ne venait pas d'un authentique combattant (de chars) ayant participé à la libération de Toulon, l'auteur aurait pu être taxé de 'révisionniste' ; ce qu'il n'est manifestement pas.
La première partie du bouquin, c'est l'histoire de la Marine pendant la drôle de guerre, et ensuite pendant mai-juin 1940 - il en ressort que la Marine à bien combattu, et avec succès (Norvège, Dunkerque, Golfe de Gênes).
La deuxième partie, ou le reste en découle, il analyse Mers el-Kébir avec un œil nouveau permis par l'ouverture des archives, pour "démolir" la vision Churchillienne, démontrant que ce dernier a parsemé ses mémoires de demi-vérités. Il soutient que la destruction de la flotte française fut « préméditée » dès l’armistice, à défaut de pouvoir en disposer pour la seule Grande-Bretagne, récusant toutes les autres options, notamment l’option américaine qui pourtant était très prometteuse.
La troisième partie du livre, c'est « les années d’endurance », épisode peu connu des Français qui a beaucoup marqué mon grand oncle, les Français combattent les uns contre les autres: Dakar, Libreville, le Liban, Madagascar et les pertes du fait des forces anglo-gaullistes. A noter la conclusion acerbe de l'auteur sur le débarquement britannique à Diego-Suarez, entrepris à l’insu du général de Gaulle, « sans aucune raison valable » - Churchill l’expliquera ainsi dans ses mémoires: après la perte de deux cuirassés en Malaisie par les Japonais, les britanniques avaient besoin d'une victoire, ce fut la destruction de deux avisos et de trois sous-marins français !
La dernière partie traite du débarquement en AFN et du sabordage de Toulon qui s'en suivi. Ce qui m'a le plus marqué, et qui m'a été confirmé par des témoins directs dont mon grand oncle, c'est l'absurdité des combats visant à s'opposer auX débarquements en AFN, ce "baroud d'honneur", tous souhaitant la victoire des adversaires ! C’est ce qui explique pourquoi dès le lendemain des combats, malgré les morts, ce qui reste de la flotte de Vichy en AFN deviendra un allié de premier rang.
Il fustige le sabordage de la flotte, réalisé avec un vrai talent et efficacement, dans un espèce de panache de bravoure. L'ordre de saborder, sans qu’ils aient combattu, une cinquantaine des plus beaux bâtiments de combat de notre Marine est "monstrueux". Pour lui, pas de doute, celui qui aurait pu éviter le désastre et faire passer la flotte en AFN, le coupable, c'est l’amiral de Laborde. Commandant de nos forces de haute mer, autoritaire, coléreux et despotique, mais aussi parce qu’il était réputé vaillant et en imposait à tous, est entraîné par son orgueil et sa haine de Darlan auquel il désobéi puisqu'ayant reçu l'ordre de joindre l'AFN.
Concernant Darlan, il réfute la thèse selon laquelle il aurait viré de bord lorsqu'il a constaté que la victoire changeait de camp. Il prend parti pour la thèse d’une habile et constante « finasserie » de sa part à l’égard d’Hitler et fait le pari qu'une étude approfondies des archives non encore exploitées seul permettra d'arbitrer. Il montre que Darlan était en contact étroit avec les Américains, y compris lorsqu'il écarté du pouvoir; et serait prévu du débarquement en AFN, auquel il ne croit pas - rejetant l'idée avec dédain. Rendant ainsi possible l'installation de l'incroyable situation dans lequel se retrouvera la flotte.
Je regrette que l'on n'y parles guère de la guerre Franço-Thaïs d'une part, et que les problèmes liés à la fusion des forces d'AFN avec les FNFL y sont survolés - pourtant il y a là de la matière.
Le meilleur apéro n'est pas nécessairement le plus cher, c'est celui que l'on partage !