Post Numéro: 1 de Prosper Vandenbroucke 13 Aoû 2019, 12:39
Je sais que ce sujet a déjà été abordée de nombreuses fois, mais en ayant lu et relu l’ouvrage de Mathieu Longue ayant pour titre ‘’ Massacre en Ardennes’’ Je désirerais votre avis au sujet de ce que l’auteur a écrit à ce sujet :
Aujourd'hui, la préméditation des meurtres et autres violences subies par les victimes de crimes de guerre et infractions au DIH (Droits de l’Homme) commis par les troupes nazies ne fait plus aucun doute. La pratique des représailles faisait partie intégrante de la culture de guerre de la Wehrmacht comme de celle de la Waffen-SS. Le système nazi menait une guerre aux multiples facettes. Il développa une forme spécifique de violence à l'encontre des civils. Cette violence faisait partie d'une doctrine opérationnelle planifiée au plus haut niveau du commandement militaire. La psychose des francs-tireurs, récurrente dans l'armée allemande depuis la guerre de 1870 et attisée par le régime nazi, joua un rôle anxiogène, provoquant des réactions de brutalité envers les civils, comportement courant et admis dans la guerre à l'Est. Le thème - également le mythe - de l'omniprésence du franc-tireur, du civil armé qui tire dans le dos de la troupe transmis en droite ligne du conflit précédent légitima les exactions. La violence permise et même encouragée par les autorités de la Wehrmacht, servit de catharsis à la violence subie sur le front. Bien que ce comportement soit caractéristique du front de l'Est, les Allemands le transposèrent à l'Ouest. On ne peut malheureusement esquisser un «portrait-robot standard» du criminel de guerre. Durant la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes ont violé toutes les conventions internationales en vigueur à l'époque. La Wehrmacht servit le régime nazi, et ce, même lorsqu'elle fit son devoir avec honneur. Elle se comporta en général correctement durant la bataille des Ardennes, sauf lorsqu'elle utilisa des civils pris en otages pour accomplir, en première ligne, des travaux utiles à la défense de ses positions menacées. Elle se rendit également coupable d'assassinats, de pillages et de déprédations de biens publics ou privés. On peut aussi lui reprocher sa passivité et, de facto, sa complicité lorsqu'elle fut témoin des telle des exactions de la Sipo/SD.
Les Waffen-SS, quant à eux, perpétuèrent la tradition de brutalité qui était la leur depuis les débuts de la guerre. Les rares vétérans du front de l'Est n'ont fait que répéter des comportements barbares devenus pour eux «ordinaires ». En plus du code de conduite SS, les ordres donnés en 1941 - faisant de la brutalisation de la guerre un projet explicite - avaient entraîné une perte des repères moraux dans la troupe, soumise par ailleurs à une incessante propagande politique. Les soldats ne faisant plus la distinction entre discipline et sauvagerie, devenaient des criminels.
(Massacre en Ardennes par Mathieu Longue (Editions Racine 2006, ISBN 2-87386-459-1) (Extrait pages 272 et 273)