Pour de nombreuses armes modernes, comme les mitrailleuses, il convient, souvent, de se référer aux vieilles instructions ou manuels existants.
Par exemple, en 1912, l'armée française avait traduit un fascicule allemand, qu'elle avait intitulé "
Les Réglements sur les mitrailleuses allemandes (groupes et compagnies)".
Pour se remettre dans le contexte de l'époque, l'expérience acquise avec ces armes se résumait aux exercices de tir, aux grandes manoeuvres (avec balles à blanc!) et au seul conflit récent où les mitrailleuses avaient été utilisées au combat, la Guerre russo-japonaise de 1904-1905 (secteur de Port-Arthur).
L'ouvrage comporte, bien évidemment, de nombreuses consignes qui seront largement dépassées après la douloureuse expérience 1914-1918, mais il y figure, entre autres, deux tableaux intéressants, qui indiquent les pourcentages de chance pour atteindre des silhouettes couchées ou debout, en fonction de leurs intervalles et de leurs éloignements...et ces "abaques", à mon avis, avaient, toujours, cours, en 39-45.
NOTA :
[i]Pour exécuter le tir sur une profondeur de 300, 200, 100 m, la mitrailleuse est pointée avec une hausse supérieure de 150, 100, 50 mètres à la distance appréciée.
La profondeur à battre dépend :
De la nature de l'objectif;
De la distance.
De la précision avec laquelle on a pu évaluer la distance ou faire des observations[/i] (sic)
On constate qu'avec une ligne de fantassins debout (tableau 2), espacés de 50 cm ou 80 cm - situation assez proche des charges de l'infanterie française, en août 1914 - , à 800 ou 900 m, le pourcentage varie entre 8,9 et 6,3%, à partir de mesures effectuées sur des jeux de cibles fixes et l'estimation au "doigt mouillé" pour le respect réel des écartements et des profondeurs de ligne! A 1000 m, avec les mêmes intervalles, on en est à 3,3 ou 2,5%!
Face à une ligne de fantassins prudemment couchés, avec les mêmes écartements, à 800 m, on chute entre 2,7 et 2,1%, à 900 m, entre 2,5 et 1,9%, pour tomber entre 1,4 et 1%, à 1400 m! Ça en fait des munitions bouffées pour un résultat maigrichon! D'autant qu'avec des écartements de 2,5 à 3 m - disposition en tirailleur qui se généralisera durant la 1ère Guerre Mondiale pour tenter de limiter le carnage - les pourcentages chutent de 3/2,5% à 800 m jusqu'à 0,9 %, avec des silhouettes debout, pour être non mesurables, au-delà de 1200m, quand elles sont couchées!
Certes, là, il s'agissait de résultats probables obtenus avec une seule mitrailleuse (sur trépied!), d'où la nécessité de croiser les feux de la section (deux pièces) ou de la compagnie (6 pièces) de mitrailleuses ! Mais, sur des cibles bien planquées, les résultats sont assez vite médiocres.
A peu de choses près, comme la puissance létale de sa munition, les statistiques et les performances de la 12,7 mm n'étaient guère éloignées de celles de la MG 08, avec laquelle l'armée allemande était entrée en guerre, en 1914.