Le 14 septembre 1941 , 12 Pichiatelli - surnom donné aux Stukas italiens - de la 209ème Squadriglia avaient été chargés de couvrir une unité terrestre effectuant une mission de reconnaissance en direction de Sidi Barrani . 10 d'entre eux se retrouvèrent séparés de leur escorte de Bf 109 et à court de carburant , se posèrent au milieu du désert . 8 des équipages furent capturés par les Anglais , et la rumeur affirmait qu'un des appareils s'était posé intact près de la frontière , dans la zone du fort de Maddalena .
2 officiers de la RAF reçurent l'autorisation d'essayer de le trouver et si possible de le ramener en vol. Le premier jour , leurs survols ne donnèrent rien , excepté un Pichiatelli retourné sur le dos près de Thalata . Le jour suivant , ils poursuivirent leurs recherches à bord d'un camion fourni par le régiment de hussards qui les avaient hébergés pour la nuit . Ils trouvèrent le Ju 87 , bombes en place , posé sur une bande de sable ferme . Il était gardé par un jeune officier anglais , dans une chaise longue , très fier de sa propriété mais qui n'était pas mécontent d'être relevé ! .
Mais les deux officiers furent soudain envahis de doutes : l'avion était-il piégé ? comment enlever les bombes et comment le faire décoller ? Sachant bien sûr que les indications du cockpit étaient en allemand ... Les deux premiers problèmes furent résolus en inspectant au crible l'appareil et en actionnant - avec angoisse - la commande de largage des bombes .
Pour le dernier souci , seule l'expérience pouvait le dire ... ils versèrent dans les réservoirs 55 l d'essence d'aviation emmenés avec eux et 92 l d'essence ordinaire fournis par le régiment de hussards . Le moteur démarra et ils décollèrent , dans le soir couchant , cap au nord-est .
Au bout de 15 mn de vol , le moteur se coupa net . En vol plané , le pilote le posa sur le sol rocailleux avec seulement un pneu éclaté . En triturant un peu le moteur ils parvinrent à redécoller . Mais ce second vol fut encore plus bref : la jauge de pression hydraulique explosa , aveuglant le pilote qui parvînt néanmoins une fois de plus à poser l'appareil , mais cette fois l'autre pneu éclata aussi !
Après avoir dormi dans le cockpit enveloppés dans des parachutes italiens , les deux hommes prirent la décision de regagner Sidi Barrani à pied , qui d'après eux se situait à environ 60 km . Mais ils laissèrent un message écrit dans le sable à côté de leur prise : " Ce Ju 87 appartient à la RAF . NE PAS TOUCHER . Wing Commander Bowman et Squadron Leader Rozier , partis à pied vers le nord à l'aube du 19/09/1941 . "
15 km plus loin ils furent recueillis par un officier sud-africain qui leur fit partager son breakfast dans son campement . Là ils mirent au point un nouveau plan : ils allaient retourner à Thalata sur l'épave du Ju 87 qui avait capoté pour prendre la jauge du circuit hydraulique et une roue pour ensuite réparer l'autre sur place . Un officier des blindés mit un camion à leur disposition et les accompagna avec deux mécanos de la RAF et d'un jeune officier de marine barbu , commandant d'un destroyer qui profitait d'une perm pour faire du " tourisme " dans le désert .
Tout fonctionna à merveille . Ils démontèrent les pièces de l'épave et les mécanos les remontèrent sur l'autre , intact . L'officier de la Navy , qui voulait terminer en beauté ses
" vacances " , demanda de prendre la place du mitrailleur lors du vol , ce qui lui fut concédé . En vol , il n'y eut qu'un problème : ils survolèrent à basse altitude des positions d'artillerie anglaises , vraisemblablement ignorantes de cette odyssée : pour eux , tout avion en ailes en W et avec un train d'atterrissage fixe était obligatoirement un Stuka donc une cible ...même si l'officier de la Navy s'acharnait à hurler dans la radio qu'ils cessent le feu ...
L'appareil fut donc ramené sur un terrain de la RAF et évalué par la suite .
Source : La Luftwaffe en Afrique du Nord , traduction française Del Prado d'un ouvrage Osprey( n° 28 )
Je sais qu'Osprey c'est du sérieux mais est-ce vrai toute cette odyssée??