Bonjour,
En lisant la réponse d'Alfred, çà me rappelle qu'une ville comme Lorient avait commencé à être désertée par ses habitants, dès fin 1942, en raison des dégâts consécutifs aux raids de bombardement alliés menés sur la base sous-marine de Keroman, qui n'était pourtant pas franchement installée en centre-ville
. En 1943, ma grand-mère et ma mère, par exemple, avaient été cherchées refuge à Riec-sur-Belon, dans le Finistère; le choix du "point de chute" était, aussi, directement lié au transfert, sur une de ses succursales bretonnes moins exposées, de l'activité de la conserverie de poisson lorientaise, où ma future mère bossait comme secrétaire. Au passage, après la première Guerre Mondiale, les grosses conserveries bretonnes avaient suivi la migration des sardines - qui était survenue à la fin du XIXème siècle -, en implantant des usines sur la côte marocaine (Fedala, Agadir, etc.), mais, en 1943,-1944, il n'était pas question de trouver un moyen de transport pour rejoindre le Maroc, à moins d'être "super-friqué" (et encore! ).
Pour en revenir au sujet, les gamins, qui suivaient, évidemment, leur famille, échouaient dans des écoles communales - au mieux, dans les (rares) collèges existants en zone rurale-. Et, l'air de rien, un gamin de "la ville" - allez, soyons fou, 20 000 habitants, Lorient étant, dans les années 30, un arsenal de la Marine, doublé d'une ville de garnison - qui, à l'époque, "débarquait" dans un patelin de 4000 âmes, avait l'impression de jouer à Monsieur de La Pérouse découvrant la population polynésienne ( mais sans le soleil, ni les vahinées)!
... sachant que les locaux se jetaient rarement dans les bras des nouveaux arrivants.
Juste pour donner une petite idée de la chose, en 1954, pendant quelques semaines, à la rentrée scolaire, j'avais fréquenté l'école communale de Larmor (-Plage) - la, désormais, cité balnéaire, à moins de 6 km de Lorient -. J'étais le seul chaussé de chaussures, mes autres petits camarades, eux, étaient en sabots de bois - de toute façon, en classe, nous étions, tous, en charentaises!
-, le seul à porter un tablier bleu, alors que tous les autres arboraient le vieux tablier gris en toile, immortalisé par les photos de classes d'avant 1914! ... D'ailleurs, je dois encore avoir la photo de ma communale dans mes "archives". La plupart des gamins locaux embarquaient dans leurs poches une petite gourde de cidre, de vin rouge ou, pour les plus téméraires, de l'eau-de-vie de cidre, coupée avec de l'eau! A cette époque, je débarquais, en direct, de mon Maroc 'quasi-natal", où nous avions un niveau de vie incomparable - Frigidaire américain, salle de bain (avec baignoire!), électricité et eau courante "à tous les étages", bagnole, etc. -. Dans les camps de baraques en bois, évoqués par Alfred, qui existaient dans Lorient ou à l'entrée de Larmor, en 1953, il n'y avait pas l'eau courante et on s'éclairait, le soir, à la lampe à pétrole (kif-kif bourricot dans les fermes environnantes et les vieilles habitations! ). Ah, en plus, bien que l'état jacobin ait, pendant plus d'un siècle et demi, chassé la langue bretonne, çà causait breton dans la cour de l'école... alors que, moi, j'avais juste de sérieux rudiments en arabe!