Je ne sais pas si on peut parler d'abord de l'impuissance alliée, pour Munich. La France, qui ne veut absolument en aucun cas entrer en guerre sans l'Angleterre, lui laisse donc la direction politique.
Or il se trouve que Chamberlain est un naïf, un imbécile, pour le dire mieux, qui rentrera triomphant à Londres en brandissant à l'aéroport le texte des accords, et clamera devant les micros qu'il rapporte "la paix pour notre temps" !
il lui faudra cette agression contre les Tchèques pour le convaincre que Hitler n'est pas un gentleman. (c'est à ce moment que l'Angleterre, on croit rêver, rétablit enfin le service militaire : trop tard ! ) Il sera donc désormais inflexible, et donne à la Pologne une garantie défensive absolue, quitte à compter paisiblement pour cela sur la seule armée française, celle de l'Angleterre étant d'ordre symbolique.
Hitler depuis 33 joue un jeu nouveau, se contrefout des usages établis et des accords signés, et il faudra effectivement en arriver à cet épisode pour que de nombreux politiques européens comprennent qu'ils ont affaire... à autre chose, et que Hitler considère l'Europe comme Al Capone le Chicago de la prohibition. (le premier fait international marquant est l'assassinat du chancelier autrichien Dolfuss, en 34, par des nazis autrichiens.)
Evidement, on était très loin des usages diplomatiques séculaires, et ils ont mis un temps fou à tomber de l'armoire. Même les militaires allemands, qui estimaient, traditionnellement, que l'armée ne devait jamais abandonner une influence décisive sur la direction politique du pays, et s'étaient un peu vite rassurés en voyant Hitler conduire "docilement", de leur point de vue, la purge Röhm, se rendirent compte un peu tard que les choses leur avaient échappé !
Au passage, en mars 39, Hitler met la main sur les Sudètes et sur Prague, mais également sur les chars tchèques, qui sont excellents, et sur les usines Skoda. 400 chars, sauf erreur, de quoi armer largement deux divisions Panzer supplémentaires !
Un cadeau bien utile pour lui, parce qu'en tombant le masque à ce point, il est évident qu'il marche à la guerre.
(Je me suis toujours demandé pourquoi les Tchèques n'avaient pas saboté tout ça, les chars et les usines, mais en toute rigueur il ne devaient rien à des occidentaux totalement inertes. A moins qu'il y ait eu des menaces "ad hominem" de la Gestapo dans la coulisse ? - heydrich en a fait bien d'autres.
(pour situer le potentiel sur lequel Hitler met la main, on peut aussi signaler qu'en 39 la Tchécoslovaquie est la 4e nation automobile en Europe. Au musée de l'automobile de Mulhouse - une merveille - le nombre de marques tchèques est très étonnant.)