Extrait de HM 83 et d'archives de la mairie de Tirano.
Août 1944, 6000 Miliciens avec leurs familles refluent de toutes les régions1 de France, les convois doivent se frayer un passage dans les routes placées sous le feu des maquisards. Les colonnes convergent sur Belfort puis le camp du Struthof. Pour la première fois, toutes les cohortes de la zone Nord et de la zone Sud sont réunies. Ce séjour des Miliciens dans le camp de concentration a un effet négatif pour leur moral, qui depuis le départ est au plus bas. Là, Darnand procède à une réorganisation et destitue certains chefs.
Le 21 septembre 1944, la Milice quitte le camp du Struthof, embarque dans un train à Schirmeck pour Ulm. Placés sous le commandement de Jean Bassompière, une sélection est effectuée : les plus âgés, les blessés, les invalides sont envoyés à Sigmaringen, au château des Hohenzollern où vivote le who'swho de la Collaboration dans une Commission gouvernementale pour la Défense des Intérêts Français en Allemagne. Le maréchal Pétain se considérant prisonnier, Fernand de Brinon, le protégé d'Otto Abetz est la tête de cette commission où les complots de palais animent les discussions dans les couloirs du château.
Le 23 septembre, la Milice défile dans les rues d'Ulm. Ils s’entraînent au combat sans savoir contre qui et où il seront envoyés. Le 23 octobre, Joseph Darnand réunit les Miliciens dans un cinéma d'Ulm, il leur apprend le sort que le Reichsführer SS Himmler leur a réservé: l'engagement dans la 33. Waffen-Grenadier Divison der SS Charlemagne pour les plus aptes. Le reste: un tiers restera à la Milice et ira combattre en Italie du Nord et l'autre tiers travaillera dans les usines du Reich pour le compte du Deutsch Arbeits Front.
Le 4 novembre, 2500 Miliciens jugés en fonction des critères sélectifs très sévères de la SS, aptes pour servir à la Charlemagne (en cours de constitution) quittent Ulm pour le camp de Wildflecken.
Ceux qui n'ont pas voulu revêtir l'uniforme allemand et prêter serment à Hitler, les inaptes sont regroupés au camp d'Heuberg, appelé le camp des clochards. 800 Miliciens sont placé sous le commandement du chef Pincemin, qui se désintéresse de leur sort. Le capitaine Georges Carus, un ancien marin et qui est son adjoint, se charge de la réorganisation de ce qu'il reste de la Milice. Il manque de tout, l'équipement est hétéroclite, il faudra attendre que soient rapatriés les uniformes des Miliciens passés à la Waffen-SS pour équiper les hommes.
Trois compagnies sont mises sur pied, à leur tête des officiers jugés les plus sûrs :
-État-major : lieutenants Coutret, Viala et Fouques ;
-1ere compagnie : lieutenant Fontaine, adjoint sous-lieutenant Vibert ;
-2eme compagnie : lieutenant de Pous
-3eme compagnie : capitaine Mors ;
-compagnie lourde : capitaine Rollet ;
-compagnie hors-rang : lieutenant Brun ;
-Service santé : aspirant Hoareau
Darnand donne le commandement du bataillon au capitaine Carus.
Le 10 mars 1945, le bataillon de Miliciens quitte Heuberg en train. Les 500 francs-gardes arrivent le lendemain à Bolzano, dans le Haut-Adige. Ils repartent en camions le 13 mars pour Milan et s'installent dans sa banlieue à Sesto San Giovanni, à la casernede la Bicocca. L'unité est baptisée le 1er Bataillon français et placé sous l'autorité du général Tensfeld, commandant militaire de la place. Il informe Darnand que le bataillon devra partir pour la Valtellina, à Tirano.
Le 9 avril, les Miliciens quittent Sesto pour Tirano où ils arrivent le lendemain matin à 6H00. Le bataillon prend ses quartiers à la caserne Torelli ayant appartenu aux Alpini. La 1ere compagnie est logée à l'école élémentaire.
Le 16 avril, Darnand est de retour de Milan, accompagné de Coutret. Le commandant italien de la zone d'opérations de la Valtellina, le général Onori a demandé que le bataillon soit envoyé en cantonnement à Grosio et Grosetto pour assurer le maintien de l'ordre, l'activité partisane a repris dans la vallée.
Le départ de Tirano s'effectue dans la nuit du 17 au 18 avril. La compagnie hors-rang et la moitié de la compagnie lourde restent sur place. Les trois compagnies avec trois Berliets transportant les munitions se dirigent vers Grosetto.