Le 13 juillet, les troupes soviétiques avaient franchi l’ancienne frontière russo-polonaise et, depuis le 27 juillet, les premiers éléments du VIIIème Corps blindé de la Garde ont atteint Radzymin, Wolomin, à 11 km, au N-N-E de la capitale polonaise, et même pénétré, le 31, dans Praga, grand faubourg au nord de Varsovie.
Les contre-attaques de la 19. Panzer-Division (VIII.Korps/9.Armee), des 5. SS-Wiking et 3. SS-Totenkopf (IV. SS-Korps/2. Armee), dans les trois derniers jours de juillet, vont enrayer la progression russe, et la Wiking, en faisant jonction, à l’est de Varsovie, le 1er août, avec les éléments de la Fallschirm Panzer-Division 1 Hermann Goering, expédiée en renfort, isolera la capitale polonaise des lignes soviétiques, offrant, fort opportunément, d’excellentes excuses au Kremlin, pour ne pas venir au secours des insurgés.
Baptisé « Opération Tempête » et piloté depuis Londres, le soulèvement avait pour objectif de contrôler Varsovie avant l’entrée des troupes soviétiques et, ainsi, amener Moscou à négocier l’avenir de la Pologne avec le gouvernement démocratique en exil du Premier Ministre Stanislaw Mikolajczyk, soutenu par les anglo-américains. Mais, avant même que Mikolajczyk ne se rende, le 30 juillet, à Moscou, pour s’entretenir avec Josep Staline - qu'il ne rencontrera que le 3 juillet! -, dès le 22, un Comité Polonais de Libération Nationale, d’obédience communiste, plus conforme aux intentions du Kremlin, était arrivé dans les bagages de l’Armée Rouge et « officiellement » intronisé dans la ville de Lublin, fraichement libérée. Le Petit Père des Peuples n’avait pas l’intention de lever le petit doigt pour apporter une aide quelconque aux insurgés, d’autant que, sur son ordre, les troupes soviétiques étaient, alors, en train de procéder au désarmement et à l’arrestation des hommes de l’AK – 5000 à Vilno, le 25 juillet, quelques milliers d’autres, à Lvov, le 29 -.
Le 1er août 1944, l’armée intérieure polonaise, Armia Krajowa (AK), sous le commandement du général Tadeusz Bor-Koromowski, déclenche l’insurrection dans Varsovie. Bénéficiant d'un "relatif" effet de surprise, l’AK – son commandement revendique, alors, un effectif de 48 000 combattants (inclus 4300 auxiliaires féminines), répartis, dans huit districts urbains, par bataillon de 200 à 600 combattants, mais leur valeur militaire très variable et un armement hétéroclite mal réparti ne lui permettront jamais d’aligner plus de 10 000 hommes au même moment ! - s’empare rapidement du centre ville et des artères avoisinantes, sans parvenir, cependant, à mettre la main sur les quatre ponts qui franchissent la Vistule, ni à prendre le contrôle du faubourg de Praga, sur la rive droite du fleuve, positions névralgiques indispensables pour tenter de faire jonction avec les troupes russes... mais vu les intentions de Staline, c'était, de toute façon, mal barré.
L’occupant allemand, informé depuis plusieurs semaines, par la Gestapo, des risques sérieux d’insurrection, avait pris ses précautions en transformant en véritables fortins, ses casernements, ses bâtiments d’état-major et en multipliant, dans et autour de la cité, les postes de contrôle routiers ; néanmoins, l’importance du soulèvement avait été largement sous-estimée et, en dépit des ordres du Führer, qui, le 27 juillet, prescrivaient de constituer Varsovie en place-forte (Festung Warchaw), en prévision de l’avancée soviétique, nulle ligne de défense digne de ce nom n’avait été établie dans les faubourgs orientaux de Praga, aucune coordination sérieuse mise en place, dans la ville, entre les différentes armes et services et personne n’avait songé à sécuriser la centrale électrique et les stations d’alimentation en eau potable, qui, une fois tombées aux mains de l’AK, lui fourniront, avant d’être reprises, tout un mois d’énergie, pour alimenter ses ateliers artisanaux de production d’armes et de munitions. Pour couronner le tout, alors que la garnison, déjà insuffisamment nombreuse, n’avait pas reçu de renforts, Heinrich Himmler, ne croyant pas au risque d’insurrection, avait retiré de Varsovie et dispersé les unités de sécurité SS les plus compétentes, pour mener des opérations extérieures contre les partisans.