Post Numéro: 9 de pierma 25 Jan 2019, 19:14
Il y a eu des dizaines, et même plutôt des centaines, de Français (et de Françaises, d'ailleurs) qui ont décidé de résister dès le discours de Pétain du 17 juin 40.
(Déjà le fait de demander aux soldats de cesser le combat sans connaître les conditions allemandes était de nature à révulser bien des patriotes, pas disposés à se livrer pieds et poings liés. Même si une majorité de Français, dont plusieurs millions erraient sur les routes, l'ont accueilli avec soulagement.)
Bien souvent leur première action a consisté à imprimer des tracts contre l'armistice. Difficile de faire plus à ce stade.
Edgar Thomé (Un des quatre derniers Compagnons de la Libération à l'heure où j'écris ces lignes, ancien para SAS français) raconte que l'idée d'une résistance intérieure possible lui est venue en observant un vieux paysan ramasser un fusil qui traînait au bord d'une route. (il fera aussi des missions de liaison depuis Londres.)
Lui-même, alors qu'il ignorait l'appel de De Gaulle, traversait le nord de la France en marchant de nuit, après je crois avoir faussé compagnie, si j'ose dire, à son unité encerclée ou sur le point de se rendre. Il visait l'Angleterre pour reprendre le combat, sans trop savoir comment la rejoindre. Il avait suivi la consigne que son grand-père lui avait donné de longue date : "On ne se rend pas. On peut reculer, mais on continue toujours le combat !" "Et si l'on est blessé et fait prisonnier ?" "On se soigne et on s'évade, ce qui te ramène au point précédent."
Denys de la Patelière (qui lui-même combattra plus tard dans l'armée de Lattre) a raconté à Gilles Perrault que son frère ainé, le 18 juin vers midi, est appelé par un capitaine et quelques sous-officiers de son unité, attablés à une terrasse :"La Patelière, venez boire une coupe. Nous fêtons la fin de la guerre !" Le garçon s'approche, met son poing dans la figure du triste sire, et s'éloigne à grandes enjambées. (Il mourra sous l'uniforme FFL. Mais c'est déjà un acte de résistance spontanée !)