Si on regarde bien sur le plan de "Paris-Centre", il n'y avait qu'un seul
Soldatenkaufhaus , ce qui ne fait pas bézef, comparé aux Soldatenkino, j'en compte trois - dont deux sur les "Champs" -, etc.
Prosper a bien résumé son rôle, sachant que, en plus, en France, le troupier allemand ne trouvait pas, même au "marché noir", des produits typiquement allemands; je pense, plus particulièrement, à des trucs comme la
Baudwurtsch,
Lewerwurtsch, etc. -là, il s'agit de désignations alsaciennes qui correspondent à certaines spécialités "alémaniques" de charcuterie, introuvables, même au "marché noir" dans une charcuterie parisienne - ce genre de produits ne faisant pas partie de la "panoplie" charcutière française !
. On peut, aussi, rajouter sur le plan "Bouffe", la moutarde, dite "condiment" - de nos jours -, une incongruité pour les moutardiers français, mais la moutarde de Dijon flingue la bouche allemande peu habituée, le cornichon "à l'allemande" - un gros machin qui baigne dans un vinaigre beaucoup moins "agressif" que notre version française, etc... , en passant par le hareng (sous toutes ses formes), très prisé par les habitants de la Mer du Nord et de la Baltique.
Accessoirement, le troupier de base "expatrié" a besoin de se " retrouver", par le biais de produits typiquement nationaux. L'armée américaine, pétée de tunes, s'était empressée de mettre en place, après-guerre, des "stores" débordants de produits US, en tout genre, dans ses bases militaires, aussi bien en France qu'en Allemagne, fréquentés, assidument, par les autres forces alliées... Ouaip, l'alcool et le tabac n'y sont pas chers... Déjà ?
Les allemands, contrairement à la population française, n'étaient pas des adeptes du tabac brun (Gauloise, etc.), or, pour dénicher du "blond" (turc) ou du mélange, en ces temps de restriction, il n'y avait qu'une seule solution, les magasins de l'armée allemande. A moins d'avoir dévalisé un GI prisonnier, à l'automne 1943, en Italie, à l'été 1944, en France, il était très compliqué de se balader avec un paquet de Lucky Strike, de Pal Mall ou de Philips Morris, les "troupes" américaines. On va oublier les Johnny Special Player britanniques, à l'emballage si particulier!
En plus, jusqu'à fin 1942, l'armée allemande, contrairement, aux territoires qu'elle occupait, n'était pas, encore, au régime "sec" de l'économie de guerre et on trouvait, dans ses "magasins", des produits introuvables dans les commerces français, ou, alors, "au prix fort" , via le marché noir.
Ah, un autre détail à prendre en compte... il s'agissait d'un
Soldaten-Kaufhaus, qui était destiné à la seule troupe et aux sous-officiers peu "démerdards". Les officiers et sous-officiers supérieurs (par relation) avaient d'autres sources militaires d'approvisionnement, y compris pour des produits "pur teuton".