Post Numéro: 786 de Loïc Charpentier 06 Déc 2018, 18:13
Bonjour,
Il convient de se mettre, aussi, dans la "peau" des allemands. Dès le mois d'avril 1944 (voire, même, plus tôt) ils avaient constaté une "recrudescence" très importante des actions de la Résistance, des largages, etc. , sur le sol français. Le Débarquement allié était dans les tuyaux, sauf que le secteur où il devait se dérouler n'était pas encore identifié - Pas-de-Calais ? Ailleurs ? -. Les secteurs d'activité des "terroristes", selon leur propre expression, se voulaient "diversifiés" - pour tenter d'enfumer le renseignement allemand - mais il ne fallait pas être grand devin, ni utiliser du papier logarithmique, pour constater qu'elles ciblaient, plus particulièrement, l'accès aux zones côtières et tentaient d'entraver la progression d'unités allemandes "sensibles". La DR, en tant que division blindée faisait partie de ces dernières. Le problème est que, pour lui assurer le maximum de tranquillité - notamment, éloignement des circuits de bombardements alliés -, elle avait été envoyée se reconstituer aux tréfonds du Lot-&-Garonne, situation géographique qui, en fonction du lieu du Débarquement allié, impliquait un trajet, par voie ferrée et par la route, qui variait entre 600 bornes (la Presqu'ile du Cotentin) et 750 bornes ( le Pas-de-Calais). A la vitesse haute de progression de 30 km/h, même en tablant sur 10 heures d'acheminement "peinards", il fallait, au grand minimum, trois jours, aux unités de tête, pour rallier la zone "possible" de combat, dans l'éventualité d'un théatre de combat sur la côte normande, quatre, pour rallier le secteur du Pas-de-Calais!
Comme toutes les autres unités allemandes stationnées en France (et en Belgique), la DR était en alerte, mais ce n'est que le 6 juin - après avoir vérifié, au préalable, que le Débarquement n'était pas un leurre! -, qu'elle avait reçu l'ordre de faire mouvement. A partir de là - c'est valable quelque soit la nationalité de l'armée -, elle avait eu pour mission de rallier, "par tous les moyens", au plus vite, la zone de combat, sa rapidité à la rejoindre étant la priorité essentielle.
Les maquis, les FFI, avaient, eux, reçu pour consigne de ralentir, au maximum sa progression - sans contester son importance, on notera, au passage, que les émetteurs originels de cet ordre n'étaient pas sur le terrain! Il y avait eu, en Bretagne, des unités de FFI, renforcées par des commandos parachutés depuis la GB, qui avaient, ainsi, payé un lourd tribut, pour des résultats proches de zéro! -.
Entre Montauban et Tulle, la division, qui n'avait cessé d'être harcelée, avait du "procéder à un exemple", à Tulle, afin de calmer les ardeurs de la Résistance. Au passage, les pendaisons s'étaient interrompues, non pas, grâce à l'intervention d'un supposé prêtre, mais à celle d'un sous-officier anonyme alsacien, engagé volontaire de la DR, qui avait eu le culot de demander au Stab "d'arrêter le massacre" ; ce détail m'avait été rapporté par un vieil ami - décédé, depuis quelques années -, "Malgré-Nous" d'à peine 18 ans, qui était présent, ce jour-là, sur le lieu de l'exécution!
Entre Tulle et Limoges, les actions de la Résistance s'étaient, apparemment, calmées, avant de reprendre dans le secteur de Limoge. C'est assez compliqué à cerner, car le témoignage "direct", dont je dispose, émane d'un conducteur de SPW, qui roulait - entre deux pannes! - au milieu du convoi divisionnaire et non en tête. Survient, alors, à la sortie "nord" de Limoges, le massacre d'Oradour-sur-Glane, que mon ami attribuait au personnel de l'Aufklärungs-Abteilung, constituée, pour l'essentiel , d'anciens du Front de l'Est, qu'il qualifiait, lui-même, de "cinglés prêts à tout". Je ne reviendrais pas sur le sort sordide qui avait frappé les habitants du village, mais, à dater de ce forfait, la progression de la division n'avait plus été entravée, au sol. Les premiers éléments de la DR avaient, finalement, fait leur apparition sur le front de Normandie, entre le 10 et le 11 juin 1944... Gain de 36/48 heures, par rapport au délai prévisionnel de déploiement de la division blindée, mais pour un coût humain "civil" très lourd! Après, il conviendrait de mesurer l'importance stratégique de ce "retard", à l'aune des forces (notamment, alliées) en présence.
De manière générale, il est très compliqué d'analyser les conflits et batailles au travers d'un filtre "bien-pensant" - j'entends, par là, une distinction "claire", entre civils - victimes "collatérales" et sans intention guerrière - et les troupes armées de tous types. Durant la "Guerre de Cent Ans", les populations qui résidaient à proximité du champ de bataille, se cassaient, vite fait, quand elles le pouvaient (!), pour éviter de finir pillées (dans le meilleur des cas!), violées - une grande tradition soldatesque! - et/ou trucidées, quelque soit le camp, défait ou vainqueur! C'était, d'ailleurs, presque "pire", quand il s'agissait des vaincus, car, du côté des vainqueurs, le souverain ou le généralissime exigeait, souvent, une certaine "mesure" dans l'exaction! C'était très compliqué, vu que le pillage (et le reste!) était sensé "indemniser" la piétaille mal payée! Cette "règle" du pillage avait perduré, en gros, jusqu'à la Guerre de 1870 - avec l'apparition, à dater de 1866, du suisse Dunant, concepteur des premières règles de la Croix-Rouge.
Loin de moi, l'idée de prétendre "justifier" les exactions effectuées dans le cadre d'une guerre - en essayant d'y distinguer, dans la mesure du possible, celles effectuées par" nécessité militaire" valables ou non, notions souvent très subjectives et soumises, au final, à la seule décision du vainqueur -. Le "traitement" au napalm, par l'US Army, de villages viets, considérés comme repères "d'ennemis", en fait, aussi, partie. Au passage, la destruction "industrielle" programmée de populations, mise en place par le funeste III Reich, est à différencier des "nécessités" militaires, même, si, pour autant, ces dernières ne sont pas excusables! La "belle" guerre "chevaleresque" n'est que du pur pipeau et, ce, depuis des siècles!