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"Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 71  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 10 Oct 2018, 09:28

La chronique d’André Loez dans le Monde, le jour de la sortie de l’ouvrage, a mis en exergue des fautes de débutant -ce que les auteurs ne sont pas-, dont je puis moi-même allonger la liste (et je l’ai fait ici et ailleurs). Mais le plus important réside dans la démarche qui tend à exclure le personnage principal de sa propre œuvre, comme les auteurs l’indiquent eux-mêmes dans l'interview aux Inrocks en donnant leur caution à un slogan de leur attachée de presse : « la biographie qui vous fera oublier Hitler ». Ce paradoxal programme n’est évidemment pas complètement rempli. Par exemple, Hitler est présenté à juste titre comme entièrement et personnellement responsable du déclenchement de la guerre en 1939.

Comme l’écrivait Karl-Dietrich Bracher en 1969 en ouverture de sa Dictature allemande, « L’histoire du nazisme est d’abord celle de sa sous-estimation ». Cette position a été caricaturée sous l’étiquette infamante d’« intentionnalisme » par une école étiquetée « fonctionnaliste », hégémonique dans les universités du monde non communiste dans les années 1970-80 et du monde tout court ensuite -mais cependant battue en brèche depuis 1990 par une réintroduction plus ou moins explicite du rôle majeur du parti et de son chef, au point que les fonctionnalistes de cette période -un Kershaw, un Burrin, un Browning- ont éprouvé le besoin de se dire « fonctionnalistes modérés ». C’est donc de la résurgence d’un fonctionnalisme pur et décomplexé que ce petit livre souhaite être l’hirondelle.

La caricature se poursuit par une chronologie fautive de l’historiographie, à la fois dans l’introduction du livre et dans diverses interventions des auteurs : il y aurait eu, avant le fonctionnalisme, une longue période pendant laquelle les historiens faisaient tout découler de l’action de Hitler. Boileau aurait écrit : « Enfin Broszat survint et le premier en Prusse… ». Mais rien n’est plus faux et l’effacement de Hitler, ou sa sous-estimation, sont en fait contemporains du surgissement du phénomène dans le Munich de 1920.

Qu’on songe par exemple au très influent nazi repenti qu’était Hermann Rauschning, professant en 1938-39 que le nazisme était un « nihilisme » purement destructeur et son chef l’instrument de forces occultes. Pensons aussi à ce qu’il faut bien appeler un chef-d’œuvre hitlérien, la victoire militaire sur la France, dont toute une littérature s’acharne depuis 1945, et encore sous nos yeux, à déposséder son auteur au profit d’une triplette de généraux, nommés Manstein, Guderian et Rommel. Là-dessus, Chapoutot et Ingrao innovent, poussant à l’extrême le portrait de Hitler en analphabète militaire. Comme il n’avait d’autre expérience que celle des combats à pied de 1914, il n’avait rien compris à la modernisation survenue entre-temps et la vitesse des blindés ne lui inspirait qu’appréhension, écrivent-ils en projetant sans aucun souci de vérification un fantasme qui n’appartient qu’à eux… et qu’on chercherait vainement dans les écrits sur cette campagne de Manstein, de Guderian ou de Rommel.

Le fait qu’un tel livre soit encore possible, et la levée de boucliers que tout de même il suscite, montrent que l’histoire du nazisme est à une croisée de chemins. Ce n’est pas d’une surestimation de Hitler qu’elle a souffert, mais bien du contraire. Aussi bien d’ailleurs en ce qui concerne ses tares que ses talents. La Shoah, résultat d’un concours de circonstances plutôt que d’un dessein génocidaire mûri dont l’occasion était patiemment attendue : là n’est pas la moindre erreur de ce livre-symptôme.

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 72  Nouveau message de thucydide  Nouveau message 10 Oct 2018, 23:04

kfranc01 a écrit:. Cela frôle dangereusement le négationnisme, par exemple je cite « l’assassinat de millions de personnes .... impensable en 1939 même pour un antisémite radical, résolu et déterminé comme lui » (p. 153). Devrions nous rappeler à ces deux guignols que la Shoah à commencé dès janvier 1933 ? Une partie de ma famille aurait donc été décimé sans préméditation, juste "par peur"? Allons donc, relisez donc mein kampf !!! Et pourquoi pas aussi le nazisme non coupable, c'est l'étape suivante ? grossecolere grossecolere grossecolere

Reste à savoir dans quelle vision historique quant à la politique génocidaire s'inscrit ce livre.
Je ne le pense pas négationiste, un courant débuté par Poliakov pense que le génocide a été voulu dés le départ et que toutes les étapes, restrictions progressives des droits, mise à l'écart de professions et puis de la société, enfermement en ghetto,... vont amener à l'extermination.
D'autres pensent que les nazis ont d'abord tenté des déportations vers Israël, Madagascar,... puis se sont révisés et dans le cadre d'une vision commune ont fini par secréter les génocides.

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 73  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 11 Oct 2018, 07:28

pas révisés, ravisés mais il y a quelque chose à tirer du lapsus : ces négateurs de toute intention génocidaire nazie, on pourrait les appeler ravisionnistes !

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 74  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 11 Oct 2018, 08:45

François Delpla a écrit:ces négateurs de toute intention génocidaire nazie, on pourrait les appeler ravisionnistes !

C'est un peu fort ! Hissons le drapeau de la véritable histoire ... mais je vois que tourne en rond. :mrgreen:
JD
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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 75  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 11 Oct 2018, 10:11

Bon, ben, moi, je vais, peut-être, essayer de retrouver le vieux casque à pointe qui traine dans le grenier, parce que je crains de possibles tirs de contre-batterie sur cette discussion grossecolere :D

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 76  Nouveau message de Eric Denis  Nouveau message 11 Oct 2018, 13:54

Bonjour,

François Delpla a écrit:Pensons aussi à ce qu’il faut bien appeler un chef-d’œuvre hitlérien, la victoire militaire sur la France, dont toute une littérature s’acharne depuis 1945, et encore sous nos yeux, à déposséder son auteur au profit d’une triplette de généraux, nommés Manstein, Guderian et Rommel.


C'est un raccourcis rapide et surtout injuste. Je me demande bien quelles sont les sources qui vous permettent d'affirmer de la sorte.

Le mérite d'Hitler dans Fall Gelb est de l'avoir imposé contre vents et marées à l'OKW et l'OKH, car de nombreux officiers jugeaient cette stratégie comme bien trop risquée et ils n'avaient pas complètement tort. Le dictateur n'est d'ailleurs pas si sur de lui avant de l'imposer puisqu'il demande à la FHW de l'analyser avant de se décider. L'on a trop tendance à l'oublier.

L'idée d'origine est indiscutablement à attribuer à Manstein. Les innombrables notes qu'il envoie dès octobre 1939 à ce sujet à L'OKH en attestent. Son projet était d'ailleurs encore plus offensif que ce qui fut puisque le stratège prévoyait une seconde attaque en parallèle à celle visant l'embouchure de la Somme. Il souhaitait développer une action d'infanterie au Sud pour contrer par l'offensive tout risque de réaction française visant à couper les lignes de communication des Panzers. C'est donc une version aseptisée qui a été ordonnée, l'offensive au Sud ayant été transformée en déploiement défensif le long de l'Aisne et de la Somme.

Et cette réponse de Manstein fait suite à la directive n°6 d'Hitler du 9 octobre préconisant dans son troisième point :
" J'ordonne en conséquence ce qui suit pour la future conduite des opérations militaires :
a) Sur l'aile nord du front occidental, une opération offensive à travers le territoire belgo-luxembourgeois et hollandais sera préparée. Cette attaque devra être conduite au plus tôt et aussi puissamment que possible ;
b) les objectifs de cette offensive consistent à vaincre le plus grand nombre possible d'unités de l'armée de campagne française ainsi que celles des alliés combattant à ses côtés et, simultanément, de conquérir la plus grande partie possible de territoire en Hollande, en Belgique et dans le nord de la France afin de constituer une base destinée à une guerre aérienne et maritime à longue portée contre l'Angleterre. Elle permettra en outre de disposer d’un large glacis protecteur du territoire de la Ruhr, vital à l’Allemagne ;
"

Sa pensée à cette époque est très claire et ne mérite donc pas de commentaires particuliers.

En revanche, il est probable qu'Hitler ait eu la volonté de s'attribuer Fall Gelb dès son origine. En toute logique, c'est à Manstein qu'aurait du être confiée la Panzergruppe qui le fut à Kleist et non pas un obscure AK à l'autre bout de l'Allemagne, privant le stratège d'une quelconque participation aux premières phases de la bataille. Sa nomination à la tête des chars de la percée a d'ailleurs été évoquée, or Hitler n'a rien fait pour changer cette nomination. D'autant plus que subordonner Guderian à Kleist n'est pas la meilleure idée qui soit puisque les deux officiers ne s'apprécient pas, loin s'en faut, et ils s'opposeront d'ailleurs durant la campagne sur différents points et en particulier sur la vitesse de progression du premier.

D'autre part, le 11 novembre 1939, l'O.K.H. attribue le XIX. AK (mot.) de Guderian à la HGA sur ordre d'Hitler afin de la renforcer dans sa progression à travers les Ardennes et le Luxembourg, puis à la constitution d’une tête de pont sur la rive occidentale de la Meuse dans la région sedanaise. L’action doit permettre une éventuelle exploitation, en cas d'échec de l'offensive de la HGB dans le nord de la Belgique.

A cette époque, donc, la vision du dictateur consiste à vouloir se préserver une option "Meuse" pour percer le front français. Cette décision n'est d'ailleurs pas très adroite et pour deux raisons :

- Tout d'abord, elle divise la force blindée allemande et par conséquence diminue les chances de réussite des axes d'attaque envisagés à cette époque.

- Ensuite, le seul XIX. AK (mot.) représente certes un appui de poids pour percer sur la Meuse, mais il aurait été incapable à lui seul de l'exploiter, surtout qu'à cette époque il ne se compose que de 2 Pz.D. (2. et 10.) et d'unités d'infanterie motorisées. De là à penser qu'Hitler n'avait pas encore saisi l'intérêt d'engager les chars en masse, il n'y a qu'un tout petit pas, mais cela parait fort logique.

Or, étant donnée la géographie du secteur Ardennes - Meuse, il aurait été impossible d'y projeter rapidement d'autres unités blindées et les Français auraient donc eu bien plus de temps pour réagir. Ils en avaient d'ailleurs les moyens, surtout à cette époque. Ainsi, l'éventuelle tête de pont allemande sur la rive occidentale de la Meuse aurait bien pu subir de lourdes contre-attaques.

Quant à Guderian et Rommel, que vous mettez dans le même sac que Manstein, ils ne concernent plus la stratégie mais ils sont acteurs des échelons opératifs et tactiques. Et leur rôle est lui aussi majeur dans la réussite de Fall Gelb (avec quelques autres) puisqu'ils en ont saisi l'essence et vont pousser leurs troupes à progresser au plus vite avec les résultats que nous connaissons sur l'armée française. D'autres généraux auraient probablement été plus prudents et donc moins rapides. Or, le critère essentiel de la réussite de Fall Gelb repose sur la rapidité d'exécution afin de prendre les Français de vitesse et les empêcher de reconstituer un front cohérent.

Aussi, si Hitler joue un rôle important dans Fall Gelb, ce n'est pas "un chef-d’œuvre hitlérien", comme vous le prétendez. Les mérites de cette victoire doivent être partagés.
Cordialement
Eric Denis

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 77  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 11 Oct 2018, 14:18

Cher Eric, vous oubliez complètement le volet politique, mis en place dès 1933 par des manoeuvres dans lesquelles Hitler joue un rôle irremplaçable et même... incontesté, mais certes rarement mises en rapport avec la victoire de mai-juin.

Si les généraux français se laissent surprendre par lui à Sedan, c'est avant tout parce qu'ils ne se méfiaient pas assez, et pourquoi donc ? Parce que tout le monde, parmi les décideurs français civils et militaires, s'était laissé endormir par ses discours pacifistes de 1933-38 et aussi par ses mimiques qui le faisaient apparaître comme un impulsif, dont on n'imaginait pas qu'il était un patient chasseur en train de piéger méthodiquement sa proie. Du coup, même si on lisait Mein Kampf et beaucoup le faisaient au moins en partie, on avait du mal à voir le rapport entre sa politique une fois au pouvoir et cette oeuvre de jeunesse annonçant un "règlement de comptes défintif" avec la France avant de se lancer vers l'est.

Ensuite, quand les plans et l'hallali se précisent au début de 1940, d'innombrables fuites annoncent un assaut contre le Benelux et pas une une concentration de blindés vers Sedan.

Voilà tout ce qui facilite l'aveuglement et la lenteur de réflexes des généraux français, sans rien devoir à leurs collègues allemands.

Une paille, vraiment ?

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 79  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 11 Oct 2018, 14:26

Je me permets de rappeler le titre du fil : non pas la personne ou la politique de Hitler, mais un livre sur lui.

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Re: "Hitler", une biographie par Johann Chapoutot et Christian Ingrao

Nouveau message Post Numéro: 80  Nouveau message de Eric Denis  Nouveau message 11 Oct 2018, 15:34

François Delpla a écrit:Cher Eric, vous oubliez complètement le volet politique, mis en place dès 1933 par des manoeuvres dans lesquelles Hitler joue un rôle irremplaçable et même... incontesté, mais certes rarement mises en rapport avec la victoire de mai-juin.


Et non, je ne l'oublie pas, et j'ai même écrit le contraire :

Eric Denis dans "La Wehrmacht de Fall Gelb" a écrit: "Entre 1936 et 1939, Hitler parvient à étendre considérablement le territoire du Reich par une série d'annexions, en maniant de main de maître une diplomatie mélangeant promesses de paix et menaces à peine voilées."


D'autre part, et jusqu'à la déclaration de guerre avec la France, il n'existe aucun embryon de stratégie allemande à l'Ouest, si ce n'est le vieux plan Schlieffen de 1914. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Hitler n'a rien envisagé sérieusement contre la France avant de s'en soucier à partir de sa directive n°6.

D'ailleurs, lorsqu'il lance ses forces à l'assaut de la Pologne, il laisse 43 divisions à l'Ouest, ce qui en dit long sur ses craintes quant à l’armée française, tout comme en témoigne la construction de la ligne Siegfried, celle-ci étant un lourd sacrifice tant en main d 'oeuvre qu'en matières premières.

François Delpla a écrit:Si les généraux français se laissent surprendre par lui à Sedan, c'est avant tout parce qu'ils ne se méfiaient pas assez, et pourquoi donc ? Parce que tout le monde, parmi les décideurs français civils et militaires, s'était laissé endormir par ses discours pacifistes de 1933-38 et aussi par ses mimiques qui le faisaient apparaître comme un impulsif, dont on n'imaginait pas qu'il était un patient chasseur en train de piéger méthodiquement sa proie.


Ce n'est pas exact, depuis au moins 1936 - 1937, un grand nombre de politiques et surtout de militaires français constatent l'inexorabilité fort probable de la guerre, tels qu'en témoignent les budgets d'armements consentis en France, l'effort pouvant même être comparé à une économie du temps de guerre les dernières années. Autre exemple, au cours des années 1930, le France recherche à contracter des alliances avec un grand nombre de pays d'Europe afin de cerner l'Allemagne et de l'obliger, en cas de conflit, à diviser ses forces sur plusieurs théâtres d'opérations.

Ce ne sont ni les principaux politiques et militaires français qui se laissent endormir par Hitler, mais une partie de la population et d'autres politiques pacifistes avec lesquels il faut bien composer. Enfin, les plans successifs français de la seconde partie des années 1930 prennent tous comme base une attaque surprise et rapide de l'Allemagne. La menace est bien loin d'être ignorée, surtout à partir de 1938 puisqu'avant, l'Allemagne n'a pas les moyens militaires de se projeter dans une guerre contre la France avec de bonnes chances de réussite.

François Delpla a écrit:Ensuite, quand les plans et l'hallali se précisent au début de 1940, d'innombrables fuites annoncent un assaut contre le Benelux et pas une une concentration de blindés vers Sedan.


Mais d'autres fuites indiquent également le basculement du centre de gravité allemand au Sud. Les Français sont aussi fort bien renseignés sur les intentions allemandes. Sur ce point, l'incrédulité du commandement français n'est pas de douter un instant d'une attaque allemande, mais de persister à penser que le gros de cette attaque aura lieu dans le nord de la Belgique, et cette vision n'est pas totalement dénuée de sens.

En effet, sur les autres secteurs, les frontière françaises sont protégées par de redoutables obstacles (Meuse, ligne Maginot et Rhin). La logique française consiste donc à penser que toute attaque ne pourrait avoir lieu sans une lourde préparation d'artillerie nécessitant une dizaine de jours pour acheminer les pièces et les munitions nécessaires. Ce délai est suffisant pour acheminer des renforts conséquents sur le secteur car une telle préparation d'offensive ennemie ne peut être dissimulée. Mais cette préparation sera remplacée par une attaque massive des Stuka, dont l'ampleur est une bien mauvaise surprise tactique. Nous connaissons la suite.

Enfin et non des moindres, votre message n'apporte aucune réponse aux arguments exposés précédemment.
Cordialement
Eric Denis

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