pierma a écrit:
Il faut remettre leurs choses dans leur contexte, on peut se demander pourquoi les militaires n'ont pas voulu voir les réalités de l'allemagne en 1936 son réarmement et ses faiblesses;
Pourquoi ont ils renoncé à attaquer et mettre au pas les forces allemandes? Par exemple lors de la réoccupation de la Rhénanie.
Nos reculades ont renforcé comme jamais l'allemagne.
Pourquoi, les forces paramilitaires nazifiées ne valaient rien militairement, même en 41-42, la SS et ses prestations laissent à désirer devant le travail de la heer.
Donc en 36, la heer et les paramilitaires n'auraient rien pesaient; l'une n'était pas prête et l'autre ne pesait rien et n'avait pas de formation.
En 1936 un contre coup français aurait mis à mal le régime ...
Là, il y a un mystère sur lequel j'aimerais bien avoir des explications, et qui concerne précisément les services français.
Le président du Conseil, Albert Sarraut, commence par une déclaration de matamore ("Je ne laisserai pas Strasbourg sous le feu des canons allemands") après quoi il convoque Gamelin pour décider de la réponse militaire française.
Gamelin est prêt à répliquer, mais insiste sur le fait que ce n'est pas possible sans décréter la mobilisation.
Le colonel Gauché, chef du 2e Bureau, confirme cette obligation de mobiliser toute l'armée française.
Sarraut, du coup, laisse tomber : Hitler donne des assurances de paix historiques, propose tous les traités de non-agression qu'on voudra, propose de réintégrer la SDN,etc... et surtout des élections générales sont prévues 2 mois plus tard, ce qui fait trembler tout ses députés pour leur réélection si on effraie les Français en mobilisant. (je suppose qu'Hitler a également compté sur cela, dans un timing par ailleurs parfait, dont le prétexte est la signature par Laval d'un pacte d'assistance mutuelle avec l'URSS, que le parlement vient de ratifier.)
Et donc, au lieu de virer Gamelin, de demander à Gauché davantage de précisions, et de préparer - par exemple dès les élections passées - une intervention armée (ce qui demande, si on veut la jouer confortable, quelques mesures préparatoires, possibles discrètement avant les élections, admettons) hé bien Albert Sarraut s'écrase - avec lui la majorité des politiques français - et laisse tomber.
Une occasion historique d'écraser à peu de frais le nazisme vient d'être manquée. (Le 2e Bureau estimait par ailleurs que l'humiliation infligée à Hitler rendait très probable sa neutralisation par les militaires allemands, dans un climat d'inquiétude générale de l'opinion allemande, qui craignait la guerre comme tout le monde.) Cette occasion ne se représentera pas. Ajoutons qu'on y perd l'alliance - non déclarée, mais évidente - avec la Belgique, qui passe soudain en première ligne et décide donc d'adopter la neutralité.
Dans ce déroulé des faits, il y a un point qui me gêne : l'attitude du colonel Gauché.
Celui-ci n'est pas un pleutre : Pierre Nord raconte que l'attaché militaire allemand se précipite auprès de lui et s'écrie :"Mon colonel, vous n'allez tout de même pas nous faire la guerre parce que quelques bataillons allemands sont entrés en Rhénanie ?" Gauché le met poliment à la porte en refusant de répondre à cette question.
(Pierre Nord commente : "ce qui montre que les Allemands, bien renseignés, savent précisément d'où pouvait venir, côté français, la réaction la plus énergique." Pierre Nord affirme par ailleurs que le 2e Bureau a averti le gouvernement 3 mois avant l'évènement des intentions allemandes, et même situé à peu près la date, en estimant avec justesse que Hitler prendrait la ratification avec l'URSS comme prétexte.)
Gauché, qui est colonel, sait parfaitement qu'on peut commencer par engager les troupes d'active, et voir venir... (Si le débat porte sur la combativité des paramilitaires allemands - les SA, pour l'essentiel - il sera vite tranché.) on mobilisera si ça devient nécessaire. On ne craint tout de même pas une invasion de la France, que diable !
J'ose imaginer qu'il est renseigné par ailleurs s'il y a des mouvements de troupes en Allemagne destinés à appuyer ces "quelques bataillons".
Bref, quelqu'un peut-il me donner un éclairage sur ce parti-pris pessimiste du 2e Bureau ?[/quote]
Bonjour,
Je me méfie, quand même, des avis de Pierre Nord, car, à l'époque, il était sous l'autorité directe de Gauché, alors qu'il venait, tout juste, d'être affecté au Deuxième Bureau. J'avais, aussi, apprécié, certes, ses romans "bien foutus" mais ils n'ont pas fait, de lui, pour autant un voyant extra-lucide aux avis infaillibles.
En février 1936, date de réoccupation de la Rhénanie par l'Allemagne, l'armée allemande alignait près de 30 divisions d'active ou assimilables comme telles (formées & en cours d'instruction). Sur le papier, en Métropole, la France devait, au mieux, en aligner une cinquantaine , sachant qu'on était, alors, à quelque mois de l'avènement du Front Populaire, dont les intentions n'étaient pas franchement militaristes, et que, probablement, en raison de l'existence de la toute nouvelle Ligne Maginot, les intentions étaient plus portées vers la création d'unités de forteresse que vers celle d'infanterie classique. En plus, la motivation des recrues, en Allemagne, n'avait rien à voir avec celle de leurs homologues français, qui, en général, en temps de paix, trainent les pieds avec une grande élégance.
Historiquement, la France, de par son organisation militaire, était infoutue de rivaliser avec l'Allemagne, pour la mise sur pied de guerre rapide d'une mobilisation. En juillet 1870, çà avait été une véritable catastrophe, et en août 1914, un gros coup de bol, mais, avec pour conséquence, des pertes monumentales ; en 1936, la population française n'en aurait pas accepté la moitié du quart - c'est une image! -.
Plus personne, à commencer par les intentions "militaires" de nos politiques - l'armée française étant à leurs ordres! - ne souhaitait, en 1936, basculer dans l'offensive; ce sera, encore, le cas, durant la Drôle de Guerre... on tenait des positions défensives, s'appuyant sur notre ligne d'ouvrages fortifiés, et on avait prévu, au mieux et si nécessaire, une puissante contre-attaque, en 1941! Pas de bol, l'Ennemi avait déclenché son offensive, au printemps 1940!
Clémenceau, quelque soit son aura, était, avant tout, un animal politique; çà m'a , toujours, fait doucement rigoler qu'on ait pu lui décerner le titre de "Père-la-Victoire", car ladite victoire appartenait, avant tout, aux militaires ... Mais en France, depuis la Révolution, on a pris l'habitude d'attribuer les victoires militaires aux politiques, et les défaites aux seuls militaires. En 1815, à Waterloo, c'est Napo Ier, chef militaire, qui avait été "fautif", en aucun cas, le chef politique qu'il était. En septembre 1870, on s'empressera de tout mettre sur le dos de son neveu, Poléon III, alors que çà faisait près d'un mois qu'il avait refilé les rênes du commandement aux militaires mais il avait eu le tort de continuer à suivre son armée, faisant de lui, dès lors, le"coupable" idéal! En 1930, Clemenceau affichait 89 ans au compteur et s'était retiré de la vie politique, en 1920 ! Pétain, lui, était un "gamin" de 84 ans, en 1940! Keitel, en mai 1940, n'avait pas 58 ans, Jodl, 50 ans... Gamelin, généralissime de l'armée française, 68 ans!