Post Numéro: 5 de alain adam 05 Avr 2018, 00:28
Avec quelques calculs mathématiques, il est possible de determiner une route pour la torpille devant intercepter un navire positionné perpendiculairement ( ou presque , la trigonométrie que tout le monde a rechigné a étudier a l'école sert alors pour indiquer l'angle d'interception , qui tient compte de la longueur du navire , de sa vitesse, de son cap , de la distance , et du cap actuel du tireur , tout comme sa vitesse ) .
Celle ci n'a que peu de chance de réussir : il suffit que le navire cible change de cap ou change de vitesse pour que la torpille rate sa cible , surtout si le tir s'effectue a longue distance . Du coup , pour maximiser les chances , les envois de torpilles s'effectuaient par "rafale" , avec quelques degrés d'écart , lorsque la cible était importante .
Un tir de torpille sur un navire que l'on suit ( ou en face a face ) a encore moins de chance de réussir , car le moindre écart de barre de la cible fait que la torpille va simplement passer a coté : il est preferable de tenter sa chance quand on a toute la longueur du navire cible face a soi .
Durant la seconde guerre mondiale , les navires se pensant en situation a risque naviguaient en zig-zag , pour fausser les calculs de solution de tir d'une part, à échelle tactique , mais aussi a un niveau stratégique , pour semer les éventuels sous-marins "suiveurs" , en profitant d'évènements naturels comme ... la nuit ou le brouillard .
Les escorteurs , eux , dans une situation d'alerte , effectuaient des rondes a haute vitesse autour des navires a protéger, en changeant de cap très fréquemment , pour rendre toute solution de tir impossible , et lorsque des trainées de torpilles étaient repérées, fonçaient tout droit sur la source , profitant de l'étroitesse de leur largeur de quille pour éviter les torpilles venant de face , pour éperonner, attaquer au canon , ou a la charge ASM ( dont le but n'est pas de toucher directement le sous marin , mais créer une surpression dans l'eau qui va le faire éclater comme une noix , le plus près possible étant le mieux bien entendu ) .
Dans le cas de la charge ASM , l'inconnue reste la profondeur du sous marin pour programmer l'explosion de la charge , qui sera résolu en partie avec le principe de l'ASDIC , sauf qu'il existe des couches thermiques dans l'eau qui faussent les detections .
Tout ceci explique pourquoi un sous marin envoyait en général un tir de tous ses tubes avant lorsqu'il détectait une grosse cible , puis s'enfonçait dans les profondeurs s'il avait repéré une escorte , coupait ses moteurs et se laisser dériver en évitant de faire le moindre bruit . Non protégé par une couche thermique et sentant les charges ASM se rapprocher, il relançait alors ses électriques pour changer de cap , éventuellement s'enfoncer encore etc , jusqu'à ce que les escorteurs finissent par se lasser .
Et le résultat du tir de torpilles , vous me direz ?
Le son est très bien conduit dans l'eau , beaucoup plus vite et a plus longue distance que dans l'air , donc si un navire est touché , le sous marin l'entends , quelle que soit sa profondeur . Une fois les escorteurs éconduits et lorsqu'on est sur , par veille hydrophonique qu'il n'y a plus d'ennemis , on remonte tout doucement en remplissant les balasts d'air comprimé , jusqu'à la plongée periscopique , on vérifie la sécurité , et si le navire touché n'a pas encore coulé , on passe éventuellement en surface pour lui envoyer quelques obus pour le finir , ou on l'achève avec une ou deux torpilles qui cette fois ne demandent pas de grands calculs trigonométriques puisque la cible est en général a l'arrêt .
Amicalement ,
Alain