Bonsoir !
Je suis avec beaucoup d'intérêt ce fils. Je me permet d'intervenir, car il me semble que pour parler de la tactique de Monthy, il convient de s'intéresser à ce que nous dit le principal intéressé; à savoir Monthy lui-même, dans ses mémoires.
Sa tactique de base, Monthy la compare à un match de boxe: fixer l'adversaire en le poussant dans les cordes du ring par une succession d'attaques rapides au ventre afin de l'amener sur la défensive, sans marge de manœuvre, et une fois mis dans cette fâcheuse posture, lui décrocher un puissant et rapide crochet du droit ou du gauche pour le mettre ko. Tout est dit.
Il applique d'autre principes qu'il est intéressant de citer:
- un commandant en chef ne doit pas s'occuper des détails, c'est le rôle de son état major. Le commandant en chef doit se concentrer sur le plan d'ensemble, sinon il risque de passer à coté de l'essentiel: mener la bataille à la victoire.
- il faut s'adapter à la réalité du terrain en permanence, quitte à refaire des plans d'opérations en une nuit pour, d'une part s'adapter aux mouvements ennemis qui n'a aucune chance de faire ce que l'on avait prévu qu'il ferait, et d'autre part créer des opportunités tactiques, en accord avec les objectifs définis qu'il ne faut pas perdre de vue.
- la ruse aussi prend une grande part, il faut leurrer l'adversaire au maximum, pour lui cacher se moyens et ses intentions en permanence. En Normandie, le secret le mieux gardé, c'est la présence d'un pipeline permettant d'assurer un ravitaillement essence important... il serait intéressant de savoir ce que cela implique coté defensive, les Allemands ne voyant pas de pétrolier arriver en grands nombre, pouvaient-il imaginer que les Alliés puissent exploiter en profondeur une percé?
- chaque troupe a un historique, des caractéristiques, un caractère la rendant plus apte a effectuer telle ou telle mission. Un bon chef doit en tenir compte et affecter ses troupes en fonction du job qu'elles auront à faire. Monthy considère pour la Normandie que les Britanniques sont plus à même de fixer l'adversaire du fait de leur organisation, la prudence de ses chefs et la résilience du soldat britannique. Les américains avec leur organisation, leur Sherman prévu pour galoper loin derrière, et leur esprit plus mordant, sont plus à même de remplir le rôle de la "cavalerie" pour décrocher le coup mettant l'ennemi KO et réaliser un rapide encerclement.
- les chefs des troupes doivent être choisi avec soin, en fonction de la mission à accomplir; certains sont plus apte à assurer une mission défensive; d'autre on l'esprit offensif développé, tandis les chefs incompétents doivent être éliminé de l'organisation sans état d'âme.
- ensuite, il affirme avoir le soucis du sang anglais, l’Angleterre ne peut pas se permettre les saignés de la PGM. Quitte a retarder une opération ou déplacer un objectif terrestre. Fixer l'ennemi après Caen, dans Caen, ou devant Caen n'a pas d'importance, ce qui est important c'est de le fixer pour permettre son encerclement, à minima de pertes !
En Normandie, sa tactique, c'est de fixer les troupes allemandes avec les troupes britanniques; et de décrocher le coup mortel avec les troupes américaines. Il affirme avoir prévu cela depuis le moment ou il a pris le commandement du débarquement. Globalement, son plan a fonctionné, certes pas dans le timing prévu; mais la victoire obtenue permis de se débarrasser durablement des meilleures troupes Allemandes, infligeant à l'Allemagne une saignée, en la privant d'une grande part de son équipement, ce dont elle ne se remettra pas.
Concernant les retards, il l'explique par la difficulté à prendre Cherbourg. Il sait qu'une percée effectuée sans avoir les moyens de l'exploiter tant en baïonnettes qu'en approvisionnement ne sert à rien d'autre qu'à saigner son propre camp, et l'expose à une contre offensive pouvant le rejeter à la mer. Une fois Cherbourg pris et le Cotentin nettoyé, la concentration Américaine peut avoir lieu. La logistique peut suivre, le pipeline alimente les chars en essence, la percée peut se faire dans des conditions rendant possible Falaise.
Il ne justifie pas son retard par rapport aux difficultés rencontrées devant Caen, puisqu'il ne considère pas comme important la prise de Caen (objectif plus politique que militaire); ce qui était important c'était de ne pas se faire rejeter à la mer tout en attirant le meilleur de l'armée Allemande. Ce qu'à réalisé le courageux Tomy !!! Et quand on voit les forces Allemandes redoutables mises en œuvre face aux Britanniques; et connaissant le peu de valeur du matériel blindé Britannique, en ce qui me concerne, je trouve remarquable qu'ils arrivèrent à tenir !
Ses mémoires firent scandale a sa parution, car pour les opérations suivantes, il critique sévèrement Eisenhower qui lui avait repris le commandement après la Normandie. Il lui reproche d'avoir appliqué une tactique non adapté, consistant à avancer partout sous la forme du rouleau compresseur, avec plusieurs axes d'attaque, sans plus chercher à provoquer d'encerclement qui permettrai d'obtenir de plus grand résultat ! Il prétend que malgré la logistique extraordinaire Américaine, il n'y avait pas les moyens d'attaquer sur plusieurs axes, et qu'il s'en ai suivi un épuisement général, provoquant l'arrêt quasi-complet de l'avance sur tout les axes, rendant possible la contre-attaque des Ardennes.
Cette critique décriant la tactique américaine mise en œuvre après la Normandie, justifié ou non, provoqua l'ire américaine alors qu'Ike était en pleine présidentielle, et jeta l’opprobre sur ce général, dont le principal tort fut d'être vaniteux à l'extrême !
L'histoire officiel fut écrit par les vainqueurs, Américains de préférence, leur donnant le beau rôle. Le mérite de l'encerclement de Falaise ne fut jamais accordé à Monthy! Qui sait que c'est un Anglais qui commandait le D Day? Au lieu de cela, l'histoire retient le piétinement des Britanniques devant Caen, alors que Monthy n'avait pas l'intention de percer là, et le succès des armées Américaines qui effectuèrent la percé, alors que c'était le plan initial Britannique !
Évidement, je ne suis pas un expert militaire pouvant juger de l'intérêt de tel ou telle opération, mais quand même, je me demande ce qu'aurait été la prise de Paris si l'armée Allemande avait reflué en bon ordre avec tous ses chars derrière la Seine. Aurions nous encore un arc de triomphe et une tour Eiffel debout; permettez moi d'en douter !
Voila, voilou !
Le meilleur apéro n'est pas nécessairement le plus cher, c'est celui que l'on partage !