Bonsoir les TPE !
Une chose qui me dérange dans votre sujet; c'est l'association 'urgentiste' et 'seconde guerre mondiale'. La notion d'urgentiste est apparue assez tard, dans l'organisation des premiers secours et en France principalement. Elle s'est répandue depuis les années 80 en Europe de l'ouest. Lors de la seconde guerre mondiale,
la notion d'urgentiste n'existe pas.
L'urgentiste, c'est l'idée de soigner
chaque personne individuellement, le plus rapidement possible, et quelque soit la gravité du problème. Pour y arriver, un moyen consiste à envoyer une équipe médicale au plus prés de la personne là où elle a besoin de soins (SAMU, SMUR), de la stabiliser puis de l'évacuer vers un hôpital qui prend le relais.
La médecine de guerre de la seconde guerre mondiale est
une médecine de masse. Elle était dans de nombreux pays basée sur l'idée que l'on ne pourra pas soigner tout le monde du fait que lors des phases de combat, il y a une arrivée brutale, massive et simultanée de blessés qui saturent les capacités de soins. On commencera donc par trier les blessés entre ceux qui pourront être sauvés, et ceux qui ne pourront pas l'être, et dans bien des cas, on se contentera après des premiers soins très sommaires, de les évacuer au plus vite du champ de bataille vers un hôpital qui peut être très lointain.
Dans l'organisation classique de presque tous les belligérants de la seconde guerre mondiale, on applique une organisation qui est l'héritage de la 1er guerre mondiale, et qui consiste donc à évacuer au plus vite sur l'arrière ceux qui pourraient être sauvé, la prise en charge du blessé se faisant tardivement:
- Sur le champs de bataille, on a des 'infirmiers', qui ont pour mission de ramasser les blessés et de les évacuer sur un poste de premier secours.
- Au poste de premier secours, il y a rarement des médecins (dépend des armées... et des médecins disponibles), surtout des infirmiers plus expérimenté et parfois (voir souvent selon les armées) des infirmières choisies parmi les plus capables. Ce poste de secours est proche de la ligne de front. Là, on fait un premier tri grossier (entre les mourants et ceux que l'on peut sauver), on donne des premiers soins très sommaires et on évacue les blessés vers les hôpitaux 'de campagne' sur l'arrière proche.
- L'hôpital de campagne, c'est un gros bâtiment transformé en hôpital. On y fait un nouveau tri, on soigne les blessures légères, on y effectue les opérations urgentes. Les blessés sont dès que possible à nouveau transférés à l'arrière dans un hôpital militaire, souvent par train.
- La prise en charge médical sérieuse est faite dans un hôpital militaire situé à l'arrière, parfois à plusieurs centaines de km du front.
Tous ces transferts peuvent être très longs. Pour certains, il peut se passer plusieurs jours avant d'être pris en charge sérieusement. La situation peut vite devenir désastreuse en cas de débâcle suite à une défaite sur le terrain.... Quand à ceux dont on a estimé que leur chance de survie n'était pas suffisante au regard des capacités de soin, et bien on les laisse mourir.
Les américains ont innové très fortement lors de la seconde guerre mondiale, avec un schéma nouveau. L'idée, c'est qu'il faut intervenir médicalement au plus vite, dès l'apparition de la blessure, donc au plus proche du champ de bataille.
-> Sur le champ de bataille, chacun transporte son kit de premier secours qui permet de donner des premiers soins immédiatement (le kit se porte sur le devant du casque bien souvent) => garrot pour arrêter l'hémorragie, sulfamide pour éviter infection (que l'on soupoudre sur la plaie pour éviter l'infection et la terrible gangrène du soldat) et on calme la douleur avec la morphine (rôle de l'infirmier mais TOUT soldat a appris à le faire sur lui-même ou sur son camarade blessé).
-> Au poste de premier secours, il y a un médecin qui stabilise le blessé, par exemple on pratique des transfusions sanguines (c'est NOUVEAU) qui ont sauvés de nombreuses vies.
-> On transfère les blessés dans un hôpital de campagne mobile, fait de grande tentes (ou bien qui s'est installé dans un grand bâtiment réquisitionné), prévu pour opérer au plus proche du champs de bataille, sans attendre. Dans le pacifique, sur des navires hôpitaux. L'hôpital suit les troupes, il est organisé comme une unité de combat.
- Illustrated map showing the route of the 125th Evacuation Hospital through Europe..jpg (68.64 Kio) Vu 1637 fois
Ci-dessus, un exemple de la route suivie par un hôpital américain.
https://www.med-dept.com/unit-histories ... -hospital/-> On évacue ensuite dans un hôpital à l'arrière les blessés qui ont besoin d'une longue période pour se rétablir, ou devenus inaptes au combat, une fois les soins effectués.
-> A noter l'importance de l'apport des antibiotiques (c'est NOUVEAU AUSSI)
Les américains s'approchent de la notion d'urgentiste, dans la mesure ou leur concept, c'est d'agir au plus vite, au plus proche de la ligne de front. La prise en charge du blessé doit être rapide; l'arrière sert à la poursuite des soins et à la convalescence.
Un blessé américain avait largement plus de chance de survivre qu'un blessé allemand, italien ou soviétique tant du fait de cette organisation que des innovations médicales (sulfamide, antibiotique, transfusion de sang).
Bon travail.
Le meilleur apéro n'est pas nécessairement le plus cher, c'est celui que l'on partage !