Treblinka
Le site :
Treblinka est une petite agglomération du nord du Gouvernement général, sur la rivière Bug, affluent de la Vistule. Elle est située à 60 kilomètres au nord-est de Varsovie, dans la voïévodie de la capitale. C'est surtout une gare sur la grande artère ferroviaire reliant Varsovie à Bialystok. Le site choisi pour le camp répond aux critères habituels: proximité d'une voie ferrée, région au sol ingrat, faible population. En effet, il est implanté sur le territoire du village Wolka-Obreglik, à 4 kilomètres de la gare de Treblinka. C'est une région de sable et de marais, sans grande couverture végétale, à part quelques touffes de bruyère, des buissons et, çà et là, des bosquets de pins. Les habitations sont clairsemées.
Un chemin de fer à voie unique relie la gare de Treblinka à une carrière de sable blanc. Depuis le printemps 1941 avait été mis en service un camp pénitentiaire près de la carrière, à 3 kilomètres du futur camp d'extermination. Là, des prisonniers juifs et polonais, condamnés parfois à des peines de quelques mois seulement, exploitent le sable et le gravier destinés à la construction d'habitations et de fortifications. Ce camp va fonctionner jusqu'au 23 juillet 1944, sans aucune liaison avec le camp d'extermination. V Grossmann indique que le régime y est proche de celui d'un camp, mais sans mise à mort systématique.
Le camp :
La construction du camp d'extermination proprement dit commence fin mai 1942. Le plan, les dimensions et l'aménagement sont inspirés de ceux de Sobibor. C'est d'ailleurs le SS Richard Thomalla qui, venant de Sobibor, dirige les travaux. Le camp de Treblinka a la forme d'un quadrilatère irrégulier, de 13,5 hectares. C'est peu, mais il n'est pas nécessaire de prévoir de grands baraquements puisque les victimes seront exterminées dès leur arrivée. Il est entouré de barbelés hauts de 3 à 4 mètres. Des branches de pins sont entrelacées dans ces barbelés afin de dissimuler ce qui se passe à l'intérieur. À intervalles réguliers se dressent des miradors équipés de mitrailleuses.
Le camp comporte deux parties. La première partie, couvrant les cinq sixièmes de la superficie, est la section administrative et économique. Elle comprend le quai du terminus de la voie ferrée, les bureaux, les cuisines, les dépôts, les magasins, les ateliers, les garages, le potager, etc., ainsi que les baraques où logent les Ukrainiens. À l'écart, près du quai ont été construites les habitations des Allemands, ainsi que l'arsenal. La seconde partie constitue la zone d'extermination, au sud-ouest du camp. Elle est entourée de barbelés, eux aussi garnis de branches de pin formant des haies. Là se trouvent la baraque où habitent les juifs chargés des corvées, deux bâtiments pour le déshabillage des déportés (un pour les hommes, l'autre pour les femmes), les chambres à gaz, les lieux où les corps sont inhumés, puis incinérés.
Le personnel :
Les SS qui occupent les fonctions de responsabilité sont peu nombreux, une vingtaine environ. Les auxiliaires ukrainiens, les noirs, sont entre 100 et 140. Ils sont brutaux et cupides. Comme dans tous les camps d'extermination, les corvées sont effectuées par des déportés juifs sélectionnés lors de l'arrivée des convois et choisis pour leur robustesse, ou pour leur compétence en ce qui concerne les artisans. Leur nombre varie entre 500 et 1 000. Tous sont exécutés périodiquement. Et ils le savent.
Le commandant SS du camp est Eberl jusqu'à la fin d'août 1942, puis Stangl jusqu'en août 1943, où il est remplacé par son adjoint Kurt Franz, surnommé Lalka (Poupée) par les détenus. C'est lui qui fait assassiner dès leur arrivée les déportés âgés, malades, infirmes ou blessés qui sont conduits sur-le-champ à l' " hôpital ": en fait d'hôpital, il s'agit de l'endroit soigneusement dissimulé par des barbelés et des branchages où ont lieu les exécutions massives par armes à feu.
Les chambres à gaz :
Elles sont construites sous la direction du SS Erwin Lambert, qui avait participé à la réalisation du programme d' " euthanasie ". Au début, trois chambres à gaz seulement existent, abritées dans un solide bâtiment en brique. Chacune mesure 4 mètres sur 4, pour une hauteur de 2,6 mètres. Chacune est munie d'une porte de 0,9 mètre de large et de 1,8 mètre de haut, pouvant se verrouiller hermétiquement de l'extérieur. Les parois de ces chambres sont carrelées jusqu'à mi-hauteur. Au plafond, des tuyaux apparents terminés par des pommes d'arrosoir sont destinés à faire croire aux futures victimes qu'elles vont effectivement recevoir une douche, alors qu'ils servent à amener le gaz mortel.
Celui-ci est fourni par le moteur Diesel d'un char lourd installé dans une pièce voisine.