Post Numéro: 8 de fanacyr 05 Sep 2017, 11:37
Il se surpasse au Royal Albert Hall pour le 11 Novembre 1942 :
Messieurs, Mesdames, je dis que la Résistance française, négativement et positivement, a fait échouer le plan politique d'Hitler. Je dis que, sans la Résistance française, les démocraties ne pourraient pas gagner la guerre mais il reste à faire en sorte que cette guerre soit gagnée par elle avec la France ! Je dis la France, c'est-à-dire une seule nation, un seul territoire, un seul empire et une seule loi !
Ah certes, dans l'abîme effrayant où nous avait fait rouler le désastre et la trahison, mille forces centrifuges se sont exercées sur l'unité de la France. Ou du moment qu'un pouvoir illégitime et soumis aux ordres de l'ennemi tournait contre l'honneur, contre l'intérêt, contre la liberté du peuple, tous les moyens du gouvernement, du moment que ce pouvoir répandait partout une propagande tendancieuse, cherchent à diviser la nation contre elle-même en jetant l'anathème contre des catégories entières de citoyens. Et d'abord, entre ceux qui continuaient la lutte pour la patrie du moment que l'empire se déchirait en deux, une partie qui continuait à être tyrannisée et l'autre qui était libérée par le combat alors, certes, l'union nationale subissait de bien graves dangers.
Et, cependant, c'est un fait qu'elle survive et qu'elle subsiste parmi les Français, qu'ils soient dispersés par la force ou qu'ils soient sollicités par le désespoir. C'est un fait que l'accord secret des âmes s'est réalisé et c'est un fait que cet accord est maintenant public. La masse française est unie en réalité sur trois impératifs que voici : premièrement, l'ennemi est l'ennemi. Deuxièmement, le salut de la patrie n'est que dans la victoire. Troisièmement, c'est dans la France combattante que toute la France doit se rassembler ! Le ciment de l'unité française, c'est le sang des Français qui n'ont pas, eux, accepté l'armistice, qui, malgré Rethondes, continuent à mourir pour la France.
De ceux qui n'ont pas voulu connaître, suivant le vers de Corneille, " la honte de mourir sans avoir combattu ". Oui, c'est [le cas] sacrifice total de certains pour le salut de tous qui rassemble toute la patrie : soldats morts de Keren, Koufra, Mourzouk, Damas, Bir-Hakeim, Hameimat. Marins de nos navires coulés : Narval, Surcouf, Alice, Mimosa, Poulmic, Viking, Chasseur Huit. Aviateurs tués dans les ciels des batailles d'Angleterre, d'Orient, d'Afrique. Volontaires françaises écrasées à votre poste. Equipages de nos navires marchands détruits en service commandé. Combattants de Saint-Nazaire tombés le couteau à la main. Fusillés de Nantes, de Paris, de Lille, de Bordeaux, de Strasbourg. Et d'ailleurs, c'est vous qui faites que la patrie est indivisible. Le centre autour duquel se refait l'unité française, c'est la France qui combat. A la nation mise au cachot, nous n'avons jamais rien offert nous, excepté la lutte et l'effort. Eh bien, il a suffi de cela pour que ce soit vers nous que s'établisse le courant national. Nous avons entendu parler quelquefois de territoires, de troupes, de groupements qui se sont ralliés à nous. Nous voyons arriver tous les jours des hommes venant de toutes les parties de la France et de l'empire qui ont tout surmonté pour nous rejoindre.
Et, nous savons bien quel développement énorme ont pris, en France même, nos vaillantes phalanges d'action et qui s'appellent Combat, Libération, Francs-Tireurs, Avant-Garde. Nous connaissons le nombre immense des Français et des Françaises qui nous attendent avec ferveur. Eh bien, où sont les territoires, les troupes et les groupements qui nous ont quittés pour aller jouir des bienfaits de l'armistice ou des douceurs de l'ordre nouveau ? Où est la liste de ceux qui coururent rejoindre Vichy ? Et, qui donc a accepté d'être fusillé pour confesser la collaboration ? Et, enfin, qui a troqué sa Croix de Lorraine pour le portrait du maréchal ? En vérité, tous les jours, la nation plébiscite la France combattante. C'est vers elle qu'elle se tourne. C'est en elle qu'elle se reconnaît. C'est d'elle seule qu'elle attend la direction de son combat !
La France est rassemblée dans une seule volonté et dans une seule espérance, la France toute entière, à la seule exception des traîtres. Eh bien, de même qu'ici, nous nous trouvons réunis, des milliers de Français, des milliers de Françaises, de tous les pays de chez nous, et dont la réunion donne comme une image de la patrie elle-même. De même, dis-je, que nous nous trouvons réunis, côte à côte, dans un même acte de foi, sous le signe immortel de notre Croix de Lorraine. Ainsi, soyons-en sûrs, la France sera rassemblée toute entière dans le dernier effort qui l'attend : un seul combat pour une seule patrie !