Bonjour Beogles ,
Je vous cite les quelques souvenirs de l'étude que j'ai effectué a l'époque , sans chronologie précise, car je me mélange parfois les pinceaux sur des travaux effectués il y a une dizaine d'années
- les artilleurs d'armée et de corps d'armée , avec leur longue portée , ont eut ordre de pilonner des colonnes de blindés allemandes se regroupant sur la rive orientale , devant Sedan . A priori , ils ont suivi les ordres la veille de leur recul .
- ils ont été pris a partie très fortement par l'aviation Allemande, qui a coupé les liaisons téléphoniques filaires reliant les batteries les unes aux autres , mais aussi avec le commandement du secteur . Les canons furent épargnés et peu d'hommes furent touchés ( de mémoire 2 ou 3 morts une vingtaine de blesses ) . Mais plus aucun contact n'existait avec le commandement .
- des estafettes de liaison motocyclistes se sont présentés auprès des batteries , indiquant qu'il fallait abandonner le terrain et détruire le matériel . Or a ce moment la , il n'y avait aucun danger pour les artilleurs . J'ai de forts soupçons que l'on ait eu une action de désinformation Allemande , mais je n'en ai pas la preuve .
- nos artilleurs du 185e ont donc saboté leurs pièces et ont reculé , pensant suivre les ordres du commandement , et ravis de quitter l'enfer , traversant d'autres unités Françaises ( dont certaines montaient au front ) en ayant un comportement très "excité" , ce qui a conduit des petits groupes ici et la de les suivre dans leur retraire improvisée .
- Durant toutes ces actions , le front tenait , l'infanterie Française n'avait pas bougé et pestait que les colonnes de véhicules de l'autre coté de la rive de la Meuse ne soient pas pilonnées par l'artillerie lourde .
- Lorsque la Meuse fut franchie par les Allemands , le commandement de la 55e Division d'infanterie fut amené a Fond Dagot , et a cet endroit , le général Lafontaine lui même assista a un "sketch" , en voyant des véhicules de l'artillerie reculer avec fracas , les artilleurs n'hésitant pas a attirer l'attention des autres soldats en tirant en l'air pour leur dire de fuir avec eux .
Evidemment , Lafontaine a mis un terme a tout cela , pour ceux qui avaient pris la route de Fond Dagot .
Mais d'autres avaient pris d'autres routes, et un certain vent de panique a envahi le secteur .
Donc , je ne critique pas votre père, il a suivi des ordres , mais je ne pense pas que ces ordres aient été véritablement donnés par le commandement Français ... Et très étrangement , ce sont des unités qui n’étaient pas en contact avec l'ennemi , situées a une dizaine de km du front , qui ont initié la "boule de neige" . Et comme ils ne voyaient même pas le front , coupés totalement du "reste du monde" , il était légitime qu'ils croient les estafettes . Je précise que , de mémoire , aucun ordre écrit n'a été transmis , il était juste oral , or ce n'est pas du tout comme cela que l'armée Française fonctionnait a l'époque .
Amicalement ,
Alain