Où il se révèle qu'Alain Adam démontre l'inverse de ce qu'il entendait démontrer...
Or donc:
alain adam a écrit:Nicolas Bernard a écrit:alain adam a écrit:Environ 50% de chars dispo , peu de ravitaillement , pas de chars de remplacement , des équipages exténués , munitions perforantes au minima : une situation des plus idéales pour lancer de grandes opérations.
Euh, pardon, mais le rapport signalant que 40 à 60 % des chars de Guderian sont opérationnels date du 21 mai:
le lendemain, ledit Guderian repart à l'attaque à partir d'Abbeville (où il a poireauté 24 heures) et, dans les deux jours, assiège Boulogne et Calais, tout en se retrouvant sur l'Aa! C'est pas une
"grande opération", peut-être???
Boulogne et Calais sont de grandes opérations ? Ouah , on a pas la même notion des grandes opérations . Attaquer un gros régiment ( une brigade anglaise renforcée par quelques éléments Français ) n'a rien d'une grosse opération au niveau d'un corps d'armée, et pourtant cela va immobiliser deux divisions panzer au minima , c'est dire l'élongation entre les unité de pointe et celles de l’arrière .
Vous me copierez cent fois les marches d'une division blindée en campagne .
Le problème, disais-je, est que vous venez de détruire votre thèse.
Rappel: sans le moindre document ni même témoignage, ni le plus petit commencement de démonstration, vous nous assénez que, le 24 mai, les
Panzer n'avaient pas les moyens de se ruer sur Dunkerque et ses alentours, du fait, exclusivement, d'ennuis mécaniques (pertes/pannes).
"Environ 50% de chars dispo , peu de ravitaillement , pas de chars de remplacement , des équipages exténués , munitions perforantes au minima : une situation des plus idéales pour lancer de grandes opérations"...
L'allégation est d'autant moins fondée que les pertes subies depuis le début de la campagne par les blindés allemands ne présentaient pas un tel degré de gravité: 30% pour un corps d'armées rattaché au Groupe Hoth, et, à en croire le général Von Kleist, 50% au 23 mai (mais on sait que les pertes étaient en réalité bien moins élevées, et que dans ce chiffre Kleist avait inclus les blindés faisant l'objet de réparations légères et de courte durée).
Du reste, alors que le corps blindé de Guderian affichait, le 21 mai, un taux de pertes en blindés allant selon ses unités de 40 à 60 %, le haut-commandement l'avait tout de même, et sans y réfléchir plus avant,
autorisé à reprendre son avance à partir d'Abbeville vers les ports de la Manche, à savoir Boulogne, Calais et Dunkerque. L'offensive, reprenant donc le 22 mai, allait le conduire, dans les 48 heures, à assiéger Boulogne, Calais et à se retrouver sur l'Aa, à quinze-vingt kilomètres de Dunkerque.Ce seul fait suffit à pulvériser la théorie d'Alain Adam (mais il est vrai qu'elle ne repose sur rien, à tel point qu'Alain Adam
préfère écarter les documents qui la contredisent): non seulement la circonstance que la moitié des effectifs blindés soit déclarée opérationnelle le 21 mai 1940
ne dissuade pas les Allemands d'aller de l'avant, mais encore
ne les empêche pas, précisément, d'aller de l'avant, et de franchir une cinquantaine de bornes pour atteindre Boulogne, une centaine pour rallier Calais, et une centaine pour border l'Aa. Et encore ne parlé-je ici que du corps de Guderian, sachant que son collègue Reinhardt, lui, remonte vers Saint-Omer, sur la
"ligne des canaux", que Hitler lui interdira de franchir.
Dans leur avance, les
Panzer démantèlent notamment la 21e Division d'Infanterie française, mais se heurtent ça et là à une résistance acharnée. Le 22 mai, la 2.
Panzer-Division, tombe sur quelques éléments du 48e Régiment d'Infanterie à Nesles-Neufchâtel, au sud de Boulogne: leur
"opiniâtre résistance a provoqué chez l'ennemi "surprise et admiration", termes employés devant un témoin civil par le colonel allemand commandant la colonne d'attaque" (Général J. Armengaud,
Le drame de Dunkerque, Paris, Plon, 1948, p. 92). Mais les Allemands encerclent tout de même Boulogne. Puis arrivent devant Calais. Et devant l'Aa. En deux jours.
De quoi démentir le diagnostic précédemment élaboré par Alain Adam:
"Environ 50% de chars dispo , peu de ravitaillement , pas de chars de remplacement , des équipages exténués , munitions perforantes au minima : une situation des plus idéales pour lancer de grandes opérations"J'ai donc réfuté ledit diagnostic en mentionnant ces offensives allemandes.
Que me répond Alain Adam? Ceci:
"Boulogne et Calais sont de grandes opérations ? Ouah , on a pas la même notion des grandes opérations".
Or donc, cette triple-offensive du corps blindé de Guderian, qui l'amène à franchir, en deux jours, entre 50 et 100 kilomètres selon les secteurs et les unités concernées, pour assiéger deux ports et atteindre la
"ligne des canaux" n'avait rien de compliqué pour Alain Adam. C'était amplement faisable.
C'était tellement faisable que ladite offensive ne mérite même pas le statut de "grande opération"...Mais alors, si une telle offensive était, non seulement réalisable, mais encore facile au point de ne pouvoir être qualifiée de
"grande opération", que dire de la situation au 24 mai?
Pour rappel, ce jour-là, les Allemands pressent sur l'Aa deux
Panzer-Divisionen (les 1. et 8.), ainsi que la division
S.S. Leibstandarte Adolf Hitler.
Ces trois divisions se situent alors à une quinze-vingt kilomètres de Dunkerque. Comme l'a écrit le général Armengaud, ne leur faisait face, la veille au soir, qu'une
"fragile barrière qui s'étire le long du canal de l'Aa, constituée à l'aide d'éléments disparates, de renforts à peine arrivés, sans organisation d'ensemble, sans aviation organique, initialement sans autre appui d'artillerie que quelques pièces de marine" (Armengaud,
Le drame de Dunkerque,
op. cit., p. 143 et 144).
De fait, malgré un accroc à Gravelines, les Allemands réussissent, le 24, à créer deux têtes de pont. Jacques Mordal ajoute:
"Pour les arrêter, [l'amiral] Abrial avait jeté dans la mêlée tout ce qu'il avait sous la main. Il n'avait plus à ses ordres que la 68e Division d'Infanterie encore au-delà de la frontière belge et dont les premières unités - exception faite pour le groupement de reconnaissance - ne serait pas en ligne avant le 26 [mai]. C'est dire si l'ennemi avait la part belle!" (
Dunkerque,
op. cit., p. 284-285). Au-delà de l'Aa,
"l'on débouchait sur une route plate, rectiligne, sans autre défense naturelle que la misérable coupure de l'ancien canal de Mardyck - un fossé de trois mètres de large qui coupe la route à Pont-les-Roseaux, 9 km de Dunkerque - puis aux lisières mêmes de la ville, le canal de dérivation des Wateringues" (
ibid., p. 214-215).
Bref, système de défense des plus fragiles, aucun obstacle naturel d'importance, objectif majeur (Dunkerque) sis à quinze-vingt bornes: puisque la triple-offensive de Guderian conduite précédemment sur Boulogne, Calais et l'Aa à travers cinquante à cent kilomètres est, aux yeux d'Alain Adam, si facile qu'il s'interdit lui-même de parler de
"grande opération", il y a lieu d'en déduire que,
selon sa propre logique, foncer sur Dunkerque le 24 mai, non seulement n'avait rien d'impossible, mais encore était facile.
Bref, Alain Adam vient de démontrer le contraire de ce qu'il souhaitait démontrer.
Effectivement, Alain, vous avez bien raison de ne pas vouloir vous attarder sur ce fil. Retournez-donc à votre
"scoop", dont j'espère sincèrement - mais sans trop y croire - qu'il reposera sur des bases autrement plus sérieuses que votre "réflexion" intéressant le
Haltbefehl.