Nelly Blanchard a consacré un court livre (une soixantaine de pages: : "Un agent du Reich à la rencontre des militants bretons: Léo Weisberger" (2003) ) à Léo Weisberg, spécialiste des cultures celtes et du breton en particulier qui a joué un rôle important dans le Mouvement Nationaliste Breton durant l'occupation. Ce livre présente le cadre des recherches de Weisberg, ses évolutions sous le IIIeme Reich et les actions qu'il a été amené à conduire en Bretagne durant la guerre, leur cohérence avec la pensée du IIIeme Reich.
Acteur méconnu de l'Occupation en Bretagne son action néanmoins continue de soulever des passions. En relisant le fil "Bretagne et conscience bretonne" on peut se rendre compte que la Mémoire de la période de la SGM en Bretagne est encore vive. Après plusieurs décennies certains contemporains de la période gardent un point de vue inchangé sur les évènnements qui s'y sont déroulés, mais ils ont aussi transmis leurs sentiments et leurs passions aux générations suivantes. Ceci est d'autant plus dommageable que de tout bord on assiste à des dénis de réalité, des raisonnements byzantins ou des positions appartenant à des idéologies dépassées. Un clivage qui n'est pas basé sur une orientation politique droite/ gauche, puisque la mouvance autonomiste bretonne regroupe des démocrates républicains comme des extrêmistes identitaires et que l'on peut voir des démocrates jacobins cotoyer des trotskystes totalitaires pour s'opposer à toute expression identitaire régionale. Ces derniers considèrent que toute revendication culturelle ou régionaliste en Bretagne serait l'expression d'une idéologie nazie. Les autres minimisent ou nient qu'à un moment certains ont estimé que la situation survenue au lendemain de la défaite de 40 pourrait être profitable à la cause qu'ils défendaient. Par bien des aspects les controverses virulentes qui sont encore suscitées au sujet du Mouvement Nationaliste Breton montrent que la Mémoire de la SGM en Bretagne sert à la poursuite de combats idéologiques plus anciens que bien des participants semblent par ailleurs ignorer ou au moins mal connaître. A ce titre l'activité du Sonderführer WEISBERGER en Bretagne durant la Seconde Guerre Mondiale remise dans un contexte historique plus large peut nous aider à y voir plus clair:
Leo Weisberger (1899-1985) éminent linguiste spécialiste des études Celtes a été mobilisé durant la guerre comme Sonderfuhrer affecté au Propaganda Staffel et muté en Bretagne pour y développer une action culturelle favorable aux desseins du Reich. Cette affectation était tout à fait logique du point de vue idéologique du IIIeme Reich et s'inscrivait plus largement dans le cadre de la réflexion allemande sur son identité, qui trouvait un écho dans la situation politico-culturelle de la Bretagne.
LE CONTEXTE HISTORIQUE
Jusqu'à la Révolution la Bretagne était une région qui avec son Parlement défendait ses intérêts (et quelques Nobles séjournèrent pour cela à la Bastille), connut des révoltes paysannes... mais hormis ses particularités linguistiques et le fait que sa Noblesse ne devait rien aux Rois de France, elle n'était pas une Région séparatiste. La Bretagne accueillit avec enthousiasme les réformes des Etat-Généraux mais rapidement elle s'effraya des excès de la Révolution qui tourna à la dictature avec le Jacobinisme C'est certainement à ce moment là avec l'Association de Bretagne et la Chouanerie que naquit l'esprit de Résistance. Lutte de Partisans, Débarquement, Campagnes militaires jusqu'aux assassinats politiques et attentats.Les familles Nobles de Bretagne furent décimées par cette guerre et la Bretagne dans son ensemble fut considérée comme une région séditieuse et hostile au pouvoir qu'il soit républicain ou impérial.
Cependant la Bretagne jouit d'une aura particulière dans les cercles légitimistes, (en témoigne la lettre d'annoblissement de Georges Cadoudal par Louis XVIII). Dans la deuxième moitié du XIXeme siècle alors que le Comte de Chambord espère pouvoir rétablir la Royauté, les cercles nobles et lettrés bretons se passionnent autant pour la politique que pour la culture et la langue bretonne. Le Comte Hersard de la Villemarqué fait paraître un reccueil de chants bretons le "Barzaz Breiz". Le reccueil sera très bien accueilli en Europe et fera connaître la culture bretonne à l'égal des autres cultures celtes à un moment où en Allemagne en quête d'identité, dans la vision romantique du XIXeme siècle, certains voient dans les Celtes leurs origines. Le Barzaz Breiz s'inscrit dans un travail plus large de codification de la langue bretonne, grammaire, orthographe... avec l'abandon des emprunts au français tant au niveau du lexique que des normes orthographiques.
La mort sans descendance directe du Comte de Chambord ouvrira la porte au courant monarchiste réctionnaire des orléanistes, recherchant moins le rétablissement de la Royauté que la conquête du pouvoir par les élections tout en haissant la République. En Bretagne le Mouvement Breton subira une véritable mutation avec l'apparition d'un Nationalisme breton prônant la séparation d'avec la France en contradiction absolue avec ceux qui les avaient précédés. Le nationalisme breton en plus de l'idéologie plus ou moins maurassiène explique certainement que le mouvement nationaliste breton s'est peu développé et u'il a suivi, comme d'autres, une pente qui l'a conduit vers la Collaboration. A la différence notoire, cependant c'est que les liens avec l'Allemagne Nazie ont commencé avant l'occupation.
LES RECHERCHES DE LEO WEISBERGER
Spécialiste des langues germaniques et celtes, dont le breton, Weisberger élabore à partir d'une problématique de traduction d'une langue à une autre (entre autre les notions de couleur) une thèorie qui (de manière simplifiée) dit que chaque groupe linguistique développe une perception du monde qui lui est propre et qui dépasse le seul champ lexical. La situation linguistique en Bretagne l'interpelle tout particulièrement. Malgrè le bilinguisme de la région et l'absence totale de reconnaissance du breton par la France, Weisberger voit dans le dynamisme culturel breton la preuve de l'intangibilité plus seulement de la communauté linguistique mais aussi de la race. Il fait également partie des membres fondateurs de la Société allemandes des Etudes Celtique (1936). Bien qu'il s'agisse d'un Institut scientifique sa création est pilotée par l'Abwher et la SD qui y voient entre autre un moyen d'établir des liens avec des minorités extra-territoriales à des fins d'agitation ou d'actions subversives. D'autre part il faut également avoir à l'esprit que la S.S. dispose également d'un Institut culturel , l'Ahnenerbe qui vise à valider scientifiquement les théories raciales du IIIeme Reich.
ACTIVITES DU SONDERFUHRER WEISBERGER EN BRETAGNE DURANT LA GUERRE
Weisberger est affecté en France pendant l'occupation à la Propagandstaffel à Rennes où il dirige Radio-Rennes. Il s'agit moins de contrôler et d'exercer la censure que de séduire la population. En contact avec les intellectuels bretons il initie la création du Framm Keltiek Breizh, l'Institut Celtique de Bretagne (1941), regroupant de nombreux intellectuels bretons dont le but est de développer une action purement a-politique visant des actions culturelles sous des formes modernes (émissions de radio, édition) comme traditionnelles (promotions des traditions culturelles, chant, musique et danse). Il a joué également un rôle déterminant pour faire adopter un standard de la langue bretonne unifiant les différents dialectes et un orthographe (le peurunvan). Ce résultat n'étant que la suite d'un travail entamé depuis le du XVIIeme siècle par les religieux et des linguistes qui avait déjà abouti à un standard du breton, le KLT ainsi qu'à une épuration de la langue bretonne de ses emprunts au français. C'est ce dernier point, existant pourtant bien antérieurement, qui fait commettre aux opposants à l'expression de la culture bretonne un anachronisme en le considérant comme ayant exclusivement une connotation raciale.
L'APRES-GUERRE
A la Libération ce ne fut pas seulement les activités de Collabration qui furent être reprochées aux intellectuels bretons qui furent condamnées, mais l'action culturelle bretonne plus généralement et les avancées obtenues pendant l'occupation. Depuis, plusieurs réformes linguistiques ont été introduites pour remplacer le peurunvan sans parvenir à faire l'unanimité et surtout sans faire disparaître l'emploi du Peurunvan. Ces réformes traduisent des "guerres idéologiques" qui se sont emparées de la question orthographique comme champ de bataille; la querelle orthographique confinant parfois au ridicule où certains (parfois ne parlant même pas breton eux-mêmes) font une fixation sur l'usage du k ou du zh, vus comme autant de signes cabalistiques nazis.
Le lien que l'on peut établir d'une part entre Weisberger et les actions subversives de l'Abwher, et d'autre part les actions et les écrits des membres du Mouvement Nationaliste Breton d'autre part, expliquent les réactions après-guerre. Expurgé de son passé polémique l'image du mouvement breton est désormais normalisée, seule une minorité cherche à faire perdurer les polémiques à son encontre. Mais les uns et les autres véhiculent une vision idéalisée du passé de la Bretagne qui nie ce qu'elle était avant la Révolution.
Acteur méconnu de l'Occupation en Bretagne son action néanmoins continue de soulever des passions. En relisant le fil "Bretagne et conscience bretonne" on peut se rendre compte que la Mémoire de la période de la SGM en Bretagne est encore vive. Après plusieurs décennies certains contemporains de la période gardent un point de vue inchangé sur les évènnements qui s'y sont déroulés, mais ils ont aussi transmis leurs sentiments et leurs passions aux générations suivantes. Ceci est d'autant plus dommageable que de tout bord on assiste à des dénis de réalité, des raisonnements byzantins ou des positions appartenant à des idéologies dépassées. Un clivage qui n'est pas basé sur une orientation politique droite/ gauche, puisque la mouvance autonomiste bretonne regroupe des démocrates républicains comme des extrêmistes identitaires et que l'on peut voir des démocrates jacobins cotoyer des trotskystes totalitaires pour s'opposer à toute expression identitaire régionale. Ces derniers considèrent que toute revendication culturelle ou régionaliste en Bretagne serait l'expression d'une idéologie nazie. Les autres minimisent ou nient qu'à un moment certains ont estimé que la situation survenue au lendemain de la défaite de 40 pourrait être profitable à la cause qu'ils défendaient. Par bien des aspects les controverses virulentes qui sont encore suscitées au sujet du Mouvement Nationaliste Breton montrent que la Mémoire de la SGM en Bretagne sert à la poursuite de combats idéologiques plus anciens que bien des participants semblent par ailleurs ignorer ou au moins mal connaître. A ce titre l'activité du Sonderführer WEISBERGER en Bretagne durant la Seconde Guerre Mondiale remise dans un contexte historique plus large peut nous aider à y voir plus clair:
Leo Weisberger (1899-1985) éminent linguiste spécialiste des études Celtes a été mobilisé durant la guerre comme Sonderfuhrer affecté au Propaganda Staffel et muté en Bretagne pour y développer une action culturelle favorable aux desseins du Reich. Cette affectation était tout à fait logique du point de vue idéologique du IIIeme Reich et s'inscrivait plus largement dans le cadre de la réflexion allemande sur son identité, qui trouvait un écho dans la situation politico-culturelle de la Bretagne.
LE CONTEXTE HISTORIQUE
Jusqu'à la Révolution la Bretagne était une région qui avec son Parlement défendait ses intérêts (et quelques Nobles séjournèrent pour cela à la Bastille), connut des révoltes paysannes... mais hormis ses particularités linguistiques et le fait que sa Noblesse ne devait rien aux Rois de France, elle n'était pas une Région séparatiste. La Bretagne accueillit avec enthousiasme les réformes des Etat-Généraux mais rapidement elle s'effraya des excès de la Révolution qui tourna à la dictature avec le Jacobinisme C'est certainement à ce moment là avec l'Association de Bretagne et la Chouanerie que naquit l'esprit de Résistance. Lutte de Partisans, Débarquement, Campagnes militaires jusqu'aux assassinats politiques et attentats.Les familles Nobles de Bretagne furent décimées par cette guerre et la Bretagne dans son ensemble fut considérée comme une région séditieuse et hostile au pouvoir qu'il soit républicain ou impérial.
Cependant la Bretagne jouit d'une aura particulière dans les cercles légitimistes, (en témoigne la lettre d'annoblissement de Georges Cadoudal par Louis XVIII). Dans la deuxième moitié du XIXeme siècle alors que le Comte de Chambord espère pouvoir rétablir la Royauté, les cercles nobles et lettrés bretons se passionnent autant pour la politique que pour la culture et la langue bretonne. Le Comte Hersard de la Villemarqué fait paraître un reccueil de chants bretons le "Barzaz Breiz". Le reccueil sera très bien accueilli en Europe et fera connaître la culture bretonne à l'égal des autres cultures celtes à un moment où en Allemagne en quête d'identité, dans la vision romantique du XIXeme siècle, certains voient dans les Celtes leurs origines. Le Barzaz Breiz s'inscrit dans un travail plus large de codification de la langue bretonne, grammaire, orthographe... avec l'abandon des emprunts au français tant au niveau du lexique que des normes orthographiques.
La mort sans descendance directe du Comte de Chambord ouvrira la porte au courant monarchiste réctionnaire des orléanistes, recherchant moins le rétablissement de la Royauté que la conquête du pouvoir par les élections tout en haissant la République. En Bretagne le Mouvement Breton subira une véritable mutation avec l'apparition d'un Nationalisme breton prônant la séparation d'avec la France en contradiction absolue avec ceux qui les avaient précédés. Le nationalisme breton en plus de l'idéologie plus ou moins maurassiène explique certainement que le mouvement nationaliste breton s'est peu développé et u'il a suivi, comme d'autres, une pente qui l'a conduit vers la Collaboration. A la différence notoire, cependant c'est que les liens avec l'Allemagne Nazie ont commencé avant l'occupation.
LES RECHERCHES DE LEO WEISBERGER
Spécialiste des langues germaniques et celtes, dont le breton, Weisberger élabore à partir d'une problématique de traduction d'une langue à une autre (entre autre les notions de couleur) une thèorie qui (de manière simplifiée) dit que chaque groupe linguistique développe une perception du monde qui lui est propre et qui dépasse le seul champ lexical. La situation linguistique en Bretagne l'interpelle tout particulièrement. Malgrè le bilinguisme de la région et l'absence totale de reconnaissance du breton par la France, Weisberger voit dans le dynamisme culturel breton la preuve de l'intangibilité plus seulement de la communauté linguistique mais aussi de la race. Il fait également partie des membres fondateurs de la Société allemandes des Etudes Celtique (1936). Bien qu'il s'agisse d'un Institut scientifique sa création est pilotée par l'Abwher et la SD qui y voient entre autre un moyen d'établir des liens avec des minorités extra-territoriales à des fins d'agitation ou d'actions subversives. D'autre part il faut également avoir à l'esprit que la S.S. dispose également d'un Institut culturel , l'Ahnenerbe qui vise à valider scientifiquement les théories raciales du IIIeme Reich.
ACTIVITES DU SONDERFUHRER WEISBERGER EN BRETAGNE DURANT LA GUERRE
Weisberger est affecté en France pendant l'occupation à la Propagandstaffel à Rennes où il dirige Radio-Rennes. Il s'agit moins de contrôler et d'exercer la censure que de séduire la population. En contact avec les intellectuels bretons il initie la création du Framm Keltiek Breizh, l'Institut Celtique de Bretagne (1941), regroupant de nombreux intellectuels bretons dont le but est de développer une action purement a-politique visant des actions culturelles sous des formes modernes (émissions de radio, édition) comme traditionnelles (promotions des traditions culturelles, chant, musique et danse). Il a joué également un rôle déterminant pour faire adopter un standard de la langue bretonne unifiant les différents dialectes et un orthographe (le peurunvan). Ce résultat n'étant que la suite d'un travail entamé depuis le du XVIIeme siècle par les religieux et des linguistes qui avait déjà abouti à un standard du breton, le KLT ainsi qu'à une épuration de la langue bretonne de ses emprunts au français. C'est ce dernier point, existant pourtant bien antérieurement, qui fait commettre aux opposants à l'expression de la culture bretonne un anachronisme en le considérant comme ayant exclusivement une connotation raciale.
L'APRES-GUERRE
A la Libération ce ne fut pas seulement les activités de Collabration qui furent être reprochées aux intellectuels bretons qui furent condamnées, mais l'action culturelle bretonne plus généralement et les avancées obtenues pendant l'occupation. Depuis, plusieurs réformes linguistiques ont été introduites pour remplacer le peurunvan sans parvenir à faire l'unanimité et surtout sans faire disparaître l'emploi du Peurunvan. Ces réformes traduisent des "guerres idéologiques" qui se sont emparées de la question orthographique comme champ de bataille; la querelle orthographique confinant parfois au ridicule où certains (parfois ne parlant même pas breton eux-mêmes) font une fixation sur l'usage du k ou du zh, vus comme autant de signes cabalistiques nazis.
Le lien que l'on peut établir d'une part entre Weisberger et les actions subversives de l'Abwher, et d'autre part les actions et les écrits des membres du Mouvement Nationaliste Breton d'autre part, expliquent les réactions après-guerre. Expurgé de son passé polémique l'image du mouvement breton est désormais normalisée, seule une minorité cherche à faire perdurer les polémiques à son encontre. Mais les uns et les autres véhiculent une vision idéalisée du passé de la Bretagne qui nie ce qu'elle était avant la Révolution.