Au niveau tactique, TCHOUIKOV s'adapte très bien à la situation : le combat rapproché et le harcèlement de nuit qui limitent l'emploi de l'aviation et de l'artillerie allemande et même des Panzer pas taillés pour le corps-à-corps dans un milieu qui leur est aussi hostile
En 85, j’étais à Berlin Est et j'ai participé à une journée 'amitié franco-russe' au 11 Rch. J'y ai rencontré un colonel retraité russe, venu pour l'occasion rencontrer le père de mon ami (lieutenant-colonel au 11 Rch). Cet ancien officier russe a servi à Stalingrad sous les ordres du général Tchouikov. Il parlait fort bien le français.
Voici ce que je me souviens de son témoignage au sujet de la tactique mise en place par Tchouikov (je consigne les témoignages sur un petit carnet):
- tu dois rester avec ton groupe de combat et te déplacer constamment avec lui, tout donner pour lui y compris ta vie.
- tu dors le jour, tu combats la nuit.
- pour ne pas être bombardé, tu colles les nazis au plus prêt; s'ils sont dans un bâtiment tu y es aussi; tu es leur ombre et leur cauchemar.
- tu ne circules pas dans les rues; mais de caves à caves en ouvrant des galeries souterraines avec ta pelle.
- toi et tes grenades, tes grenades et toi: tu arrives devant une pièce tenue par le nazi, tu balances une grenade, puis une deuxième; ensuite tu arroses avec ton arme - tu passes ensuite à la pièce suivante et tu recommences. C'est la grenade ta meilleure amie.
- toi et ton couteau ou ta baïonnette: le nazi isolé ou blessé, tu l'attaques à l'arme blanche pour ne pas te faire repérer par le bruit. Ton couteau, c'est la pire terreur du nazi. Ton couteau, il te sauvera souvent la vie, garde le bien huilé.
- toi et tes molotovs - quand tu es dans les étages, regarde prudemment en bas; s'il y a du nazi balance un molotov; si c'est un véhicule balance en 2; si il y a un blindé balance tout ce que tu as.
- toi et les prisonniers - si tu fais un prisonnier; amène le sans attendre à ton officier pour obtenir des informations sur les nazis.
- toi et les femmes - si tu trouves une femme russe, traite la comme ta mère ou ta fille. Si c'est une nazie, fais en ce que bon te semble.
- les nazis sont des cafards; on ne soigne pas un cafard on l'écrase avec sa botte; achève les blessés et les mourants avec ton couteau.
On a fait cela; les nazis sont tous sortis de Stalingrad ou mort, ou fou.
L'un des témoignages des plus particulièrement glaçant que j'ai pu avoir sur cette terrible époque.