frontovik 14 a écrit:... Pour ce qui est du bouquin, on se rend compte que l'après guerre n'est pas bien joli, la violence ne s'est pas arrêtée comme par magie le 8 mai 1945. Et nul n'en sort vraiment grandi...
Ben, oui, mais ce n'est pas, vraiment, un scoop. Après, il est vrai que la perception est directement liée à l'âge des témoins.
Sans entrer dans le débat "de l'autre côté du Rideau de Fer", il suffit de se pencher, en France, sur le sort de villes comme Le Havre, Lorient, Saint-Nazaire, etc.
En 1953, alors que nous résidions à Casablanca, j'avais effectué ma première incursion, en Europe & France, en plein été, avec ma grand-mère et des amis, à quatre, en 4 CV (!), plus les bagages sous le toit et les jerricans d'essence sous les pieds, à cause de la corvée de carburant, en Espagne, qui tenait de l'exploit. Le périple automobile, c'était, juste, à l'aller, le retour, lui, avait été effectué en avion...faudrait pas abuser, quand même!
Dans mes souvenirs de gamin, le sud rural de l'Espagne était d'une apparence largement plus pauvre que le Maroc.
Arrivé à Lorient, moi, qui connaissait les frigidaires (sic), les maisons spacieuses, l'eau courante, la salle de bain, la baignoire, la fatma, etc. j'ai découvert un univers tristounet de baraques en bois, toutes rikiki, avec une feuille de goudron sur le toit, de poêles à charbon (avec la corvée qui va avec!), d'eau à la pompe publique commune (one more time, la corvée d'eau), d'ablutions dans une cuvette émaillée, de seau d'aisance, de lampe à pétrole (absence d'électricité), de fer à repasser à charbon, etc. Pour un lardon de 7 ans, en vacances, c'était, plutôt, amusant, mais à vivre au quotidien, c'était une autre paire de manche.
Certes, il convient de comparer avec d'autres situations, encore, plus difficiles, mais, par exemple, bon nombre d'occupants de ses ilots de baraques, possédaient, avant guerre, une maison familiale (c'était notre cas), qui avait disparu sous les bombardements alliés et que le gouvernement avait "royalement" dédommagée, après avoir effectué une superbe dévaluation du franc (autrement dit, on touchait des clopinettes! Mais, politiquement, la manoeuvre, dans un pays exsangue, se justifiait). A Lorient, il faudra attendre le milieu des années 60 pour voir disparaitre ces "camps de réfugiés".
Au passage, en Alsace, les premiers retours de "Malgré-Nous", emprisonnés en Russie, n'avaient débuté qu'en 1947.
Donc, oui, effectivement, même, en France, le cycle des "emmerdements" post-conflit a perduré, en certains lieux, jusqu'aux années 60. Comparativement, j'avais pu constater, en 1957, que la reconstruction (même incomplète) des villes de Hambourg, Cologne, Düsseldorf, était impressionnante.