pierma a écrit:Je profite de votre compétence évidente sur le sujet pour vous poser une question HS, relative à une affirmation lue dans "une guerre totale" de Philippe Masson.
Celui-ci affirme que dans le mois suivant le débarquement, Rommel n'a reçu qu'une poignée de chars neufs pour recompléter les pertes des unités. Masson fait le lien avec l'attentat en cours de préparation contre Hitler.
Que pensez-vous de cette affirmation ? Est-ce un problème dont vous avez entendu parler ?
Bon, déjà, on va laisser tomber la "
compétence", car çà n'a rien de bien sorcier quand on a le temps (Vive la retraite!) et les documents-qui-vont-bien (quand ils existent!)...en plus, je suis une vrai burne en matière d'ébénisterie, de point croix, de philatélie, etc. et heureusement que, désormais, je suis trop âgé pour chasser la gueuse avec assiduité, parce que s'il y a bien un truc qui les fait fuir rapidement , c'est l'histoire palpitante des Panzerounets !
Même si j'aime bien Philippe Masson, cà me parait un peu capillotractée comme affirmation; on va dire que c'est un "raccourci" d'historien, sans preuve (très) sérieuse. En plus, sur le Front Ouest, l"organisation est assez particulière; Rommel, à la tête du Heeresgruppe B, à dater de fin 1943, est chargé de la défense "statique" côtière (les ouvrages de l'Atlantik Wall, les garnisons côtières (14), les gestions inter-armes - par exemple, avec la Kriegsmarine, qui a l'autorité opérationnelle sur les batteries et tourelles côtières -, tout en étant sous l'autorité directe de Rundstedt, commandant en chef Ouest (Oberbefehlshaber West) , qui gère , également, les Heeresgruppen D & G et est en charge des forces "mobiles" (tout ce qui n'est pas statique ou cantonné dans les garnisons côtières). Donc, les livraisons "à Rommel" étaient traitées en amont, par l'Ob West, les services de Rundstedt.
Il existe un document de l'OKH qui indique les dotations précises, au 15 juin 1944 -une grosse semaine après le le débarquement allié...
Sachant que, à cette date, l'essentiel des forces, à l'Ouest (Westen), est engagé ou sur le point de l'être en Normandie, on constate que pour un front qui ne dépasse pas 180 km de large, dans le pire des cas, sont concentrés plus de 1200 Panzer & 300 StuGe opérationnels (e), plus 250 en réparation (i) et env. 450 en cours de livraison (Z) Par comparaison, sur l'ensemble du Front Est (Süd-Ükraine, Nord-Ükraine, Mitte, Nord), long de près de 3000 km, on a 1192 Panzer et 1319 StuGe opérationnels, 548 en réparation et 1034 blindés en cours de de livraison. Donc, on ne peut pas dire que le Front Ouest ait été désavantagé; de surcroit, le nombre de Panzer IV et de Panther (çà, ce n'était, peut-être, pas une très bonne idée) y est plus important.
Même si çà complotait dans certains états-majors, pour se débarrasser de Dodolf, il ne serait venu à l'idée d'aucun, y compris des conspirateurs, de mettre à mal, volontairement, une zone de combat, en lui serrant le kiki des livraisons. Les convois ferroviaires à destination de l'Ouest (notamment en direction de la France et la Normandie) ont, surtout, beaucoup souffert des attaques aériennes alliés. C'est pour cette raison, que l'OKH, en juillet, ordonne que tous les Panzer reçoivent, dorénavant, un camo trois-tons, avant de quitter l'usine (depuis février 1943, ils sortaient en livrée jaune unie, les unités se chargeant d'appliquer (ou non) les deux autres teintes de complément), car les véhicules flambants neufs (tout jaune) faisaient de superbes cibles sur leurs wagons-plateaux.